En manchette
South by Southwest
Hautes technologies : les nouvelles frontières
« Le futur ne peut pas être prédit, mais il peut être inventé », a écrit Dénes Gábor, qui a remporté le prix Nobel en 1971 pour son invention de l’hologramme. Cette citation résume à merveille la raison pour laquelle le festival South by Southwest (SXSW) constitue une fenêtre exceptionnelle sur les technologies qui transformeront radicalement l’être humain et la société au cours des prochaines années. Plusieurs de ceux qui y prennent la parole sont des inventeurs qui ont déjà transformé le monde. Les Affaires vous présente ce que ces derniers entrevoient pour l’avenir. Au menu, un athlète mi-humain mi-robot, l’émergence des entreprises algorithmiques, des logiciels capables de créativité, des lieux publics qui s’adaptent à vous et même... l’immortalité.
Une fois le chiffre de 100 000 visiteurs atteint, le montant serait automatiquement versé au blogueur. Advenant que le directeur du portail (ou un algorithme) juge que le contenu produit par un blogueur n’est pas original, un mécanisme d’arbitrage pourrait être prévu au contrat. Il serait possible qu’un arbitre, qui pourrait très bien être un humain, se voie alors confier le mandat de décider si le travail du blogueur correspond ou non au contrat. En échange de son jugement, il pourrait percevoir 5% de la valeur du contrat, qui lui serait automatiquement versé en devises virtuelles.
Les contrats intelligents seraient potentiellement des outils redoutablement efficaces dans les mains des entreprises, mais ils pourraient aussi faciliter l’émergence d’un tout nouveau type d’entreprises: les sociétés autonomes et décentralisées ( decentralized autonomous corporation, en anglais). Ces organisations n’existeraient que sur Internet, mais rien ne les empêcherait de recourir aux services d’entreprises ou même d’humains par des contrats intelligents. Déjà, en Israël, un projet baptisé La’Zooz vise à bâtir un concurrent d’Uber en mettant sur pied une société autonome et décentralisée grâce au registre des transactions d’une cryptomonnaie créée à cette fin, le Zooz.
À Montréal, Blockstream pourrait faire en sorte que le bitcoin serve de plateforme à de tels projets. L’entreprise en démarrage, qui a complété une ronde de financement de 21M$ US et dirigée en 2014 par le cofondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, vise en effet à ajouter un composant au système bitcoin, les sidechains, qui soutiendrait notamment les contrats intelligents.
Évitement fiscal
Josh Klein est d’avis que les sociétés autonomes et décentralisées, presque impossibles à réglementer, remettent en question ni plus ni moins que le système politico-économique mondial. Par exemple, les États pourraient avoir du mal à imposer ces structures ainsi que les dividendes qu’elles verseront à leurs actionnaires.
De plus, Josh Klein croit que de telles sociétés pourraient être structurées de façon à permettre à une multitude d’entreprises, qui pourraient être vendues à une telle entité, d’éviter de payer de l’impôt tout à fait légalement. « Une telle organisation parapluie pourrait répartir les bénéfices de manière optimale dans le monde, a-t-il avancé. C’est une chose que les multinationales font déjà, mais qui deviendrait accessible aux PME. »
Dans ce contexte, les États, privés de recettes fiscales, pourraient être forcés à se moderniser pour attirer des citoyens... et des sociétés autonomes et décentralisées. Pour illustrer son propos, Josh Klein cite l’exemple de l’Estonie, qui permet à quiconque de devenir résident électronique et d’utiliser les services gouvernementaux et bancaires du pays par Internet.
Josh Klein entrevoit aussi un futur où les entreprises traditionnelles devront repenser leur structure pour être plus concurrentielles: « On vit dans une économie de marché où les ressources sont distribuées en fonction de l’offre et de la demande, mais à l’intérieur des entreprises, elles sont distribuées de façon hiérarchique », a souligné Josh Klein.