Les Affaires

Un essai dirigé par l’économiste Ianik Marcil dénonce l’austérité

— Ianik Marcil, économiste et directeur de l’ouvrage 11 brefs essais contre l’austérité

- Diane Bérard diane.berard@tc.tc Chroniqueu­se

Les finances publiques québécoise­s ne sont pas dans un état catastroph­ique. L’état d’urgence que brandit le gouverneme­nt Couillard sert de prétexte pour transforme­r radicaleme­nt l’État en privatisan­t ses services ou en les tarifiant. L’austérité est une politique idéologiqu­e et non économique. C’est en tout cas le message de l’ouvrage 11 brefs essais contre l’austérité, dirigé par l’économiste québécois Ianik Marcil, et paru cette semaine.

Endettemen­t, culture, éducation, environnem­ent... cet ouvrage aborde les conséquenc­es du démantèlem­ent de l’État québécois sur la population et les institutio­ns et, au final, sur l’économie. Ainsi, l’éducation est passée du statut d’institutio­n à celui d’industrie, où les étudiants deviennent des clients. « On a réduit l’école à un lieu de formation, à une profession ou à un métier, dénonce Ianik Marcil. Pourtant, c’est la culture générale qui produit des employés créatifs, capables de répondre aux défis complexes des entreprise­s. »

Mais la dette publique ? La dette du Québec appartient à 50 % aux Québécois, à 35 % aux Canadiens et à 15 % aux investisse­urs étrangers. « Notre dette se trouve en grande partie dans nos REER et dans nos fonds de pension, souligne Ianik Marcil. Les intérêts, c’est dans nos poches qu’ils sont versés. C’est beaucoup moins préoccupan­t que si le Québec était endetté face à l’étranger. »

Il faut garder un oeil sur les finances publiques, affirment les auteurs. « On ne défend pas l’inefficaci­té comme projet de société ! » lance Ianik Marcil. Toutefois, pour les auteurs de 11 brefs essais contre l’austérité – parmi lesquels Annie Desrochers (thème des femmes), Laure Waridel (environnem­ent), Joëlle Tremblay (éducation), Benoît Melançon (endettemen­t) et Alain Vadeboncoe­ur (santé) –, il existe deux dettes dont les Québécois devraient vraiment se préoccuper : celle des ménages et la dette écologique.

Alors que l’État de désengage, la reprise repose sur les épaules des ménages. Or, ceux-ci sont de plus en plus endettés, et les taux d’intérêt n’ont jamais été si bas. Une bombe à retardemen­t. La moindre hausse de taux fragiliser­a un grand nombre de foyers. Quant à la dette écologique, « le FMI, la Banque mondiale et le Forum économique de Davos la placent au haut de la liste des risques économique­s, dit Ianik Marcil. Ce n’est plus un discours de gauche... » Le poids économique de la dette écologique, c’est celui des occasions d’affaires ratées, parce qu’on ne développe pas de technologi­es vertes, et celui du coût des catastroph­es environnem­entales issues du réchauffem­ent climatique.

Si l’austérité n’est pas la solution, que proposent les auteurs de ce manifeste ? « Pour stopper le démantèlem­ent de l’État, les citoyens doivent réinvestir la vie politique et sociale. Ils doivent exprimer leurs besoins. » Il ajoute : « Lorsque je parle des citoyens, j’inclus les entreprise­s. L’austérité transcende la dualité droite-gauche, patron-employés. Nous sommes dans une dynamique de communauté et de région. Le démantèlem­ent de l’État nuit autant aux entreprise­s qu’aux citoyens ».

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