Brancher Schefferville et plus loin encore au Nord
La communauté naskapie de Kawawachikamach, voisine de Schefferville, investit pour moderniser son réseau de technologies de l’information. Après l’implantation du réseau GSM, qui permet l’utilisation de téléphones intelligents dans la région de Schefferville, la fibre optique devrait y arriver d’ici deux ans, permettant d’augmenter la bande passante et de faciliter l’implantation d’entreprises.
« Notre communauté est en retard sur le reste du monde », lance Noah Swappie, chef de Kawawachikamach, qui a pris le leadership de ces projets. Ce dernier est d’avis que l’arrivée du réseau sans fil pour téléphones intelligents marque un tournant pour sa communauté qui compte plus de 1 000 habitants.
Comme aucun fournisseur de service cellulaire ne s’intéressait à développer un réseau à la fine pointe de la technologie en région éloignée, la communauté de Kawawachikamach a pris les choses en main en 2008, fondant l’entreprise Lynx Mobility avec des investisseurs privés. « Avec cet investissement, les Naskapis sont maîtres de leur propre réseau de télécommunication », estime Guillaume Marcille, consultant pour Atmacinta, une entreprise de conseil en gestion et administration qui travaille auprès de la communauté depuis plus de 10 ans.
Dans un premier temps, Lynx Mobility devait mettre en service la technologie GSM, compatible avec les téléphones intelligents, car les grands distributeurs de téléphonie mobile du sud du Québec ont délaissé la technologie CDMA, qui fonctionnait avec les vieux téléphones cellulaires.
Depuis le 16 mars, les utilisateurs ayant une carte SIM locale ont accès au réseau GSM, qui permet les appels vocaux et les textos. Lynx Mobility négocie en ce moment des ententes avec différents distributeurs pour permettre l’utilisation en itinérance sur son réseau. D’ici quelques mois, tous les utilisateurs de téléphones intelligents auront accès aux appels vocaux et à la messagerie instantanée, soutient Adnan Ahmed, directeur général de l’entreprise. Ces services couvriront toute la région de Schefferville, dont les communautés de MatimekoshLac John, Kawawachikamach et les installations de Tata Steel.
Un réseau saturé
« Tous les jeunes sont sur Facebook de nos jours. Ça met beaucoup de pression sur la bande passante, qui est déjà limitée en ce moment », commente Donald Xu, consultant pour NetGate qui gère le réseau local d’Internet haute vitesse. En ce moment, Kawawachikamach compte six antennes paraboliques, dont une de 2,5 m. Celles-ci sont utilisées presque au maximum de leur capacité. L’installation de la fibre optique est incontournable.
Un investissement de 10 millions de dollars sera nécessaire pour acheminer la fibre optique de Labrador City à Schefferville sur une distance d’environ 300 km. Selon Guillaume Marcille, le financement du projet va bon train. En effet, Québec, qui souhaite relancer le Plan Nord, et Ottawa, qui veut brancher les régions éloignées, montrent de l’intérêt à participer au montage financier.
Il estime que la fibre optique devrait être à Schefferville d’ici deux ans. « C’est la base du développement économique pour rendre possible le partage de données. Ça permettra également d’utiliser des services de télémédecine ou de formations à distance en plus d’encourager d’autres entreprises à venir s’établir ici », soutient M. Marcille.
Le projet de fibre optique de Schefferville serait comme une porte d’entrée vers le développement du Nord québécois. L’Administration régionale Kativik évalue d’ailleurs la possibilité d’amener la fibre optique jusqu’à Kuujjuaq. De plus, Lynx Mobility souhaite installer le réseau GSM dans la communauté crie de Whapmagoostui (Kuujjuarapik) et dans d’autres communautés au Nunavut et au Labrador.