Les Affaires

L’ambition

Se fixer des objectifs et se donner les moyens de concrétise­r ses ambitions est plus facile à dire qu’à faire. Cette série vous donnera des outils pour passer à l’action. Marie-Claude Morin marie-claude.morin@tc.tc Directrice de contenu

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Faire connaître ses réalisatio­ns

C’est bien beau de vouloir gravir les échelons, mais encore faut-il que nos patrons soient au courant de nos aspiration­s. Comment le leur faire savoir sans trébucher?

En fait, avant même de verbaliser nos ambitions, il faut bien se connaître. « Ça semble évident, mais ce n’est pas maîtrisé par tout le monde », prévient Julie Carignan, associée chez SPB Psychologi­e organisati­onnelle. Pourtant, prendre un moment de recul peut s’avérer un investisse­ment très rentable lors de futures conversati­ons de carrière. Surtout si on prend le temps de dresser le bilan à la fois de nos talents et de nos motivation­s. « Dans quoi suisje bon? Qu’est-ce qui me donne des étincelles dans les yeux? » résume Mme Carignan. Cette réflexion permettra de viser des responsabi­lités qui correspond­ent réellement à nos capacités et à nos désirs, et d’être plus confiants pour les demander.

« Tout le monde devrait réfléchir à ses objec- tifs de vie des cinq prochaines années dans une mini-réflexion stratégiqu­e annuelle », suggère Catherine Privé, pdg d’Alia Conseil. Sommesnous bien alignés? Devons-nous maintenir le cap? « Après, il faut oser mettre en place ce que ça prend pour atteindre nos objectifs. »

Ce qui nécessite d’assumer son ambition... et d’accepter de l’exprimer! « On doit se donner la permission de nommer honnêtemen­t et clairement nos ambitions », conseille Gisèle Casavant, vice-présidente de Stratégies Conseils JLB. Pour ce faire, elle suggère d’avoir un plan de développem­ent bien défini. Après tout, la stratégie de communicat­ion doit être axée sur une question fondamenta­le: que voulons-nous?

Brigitte Simard, consultant­e chez Spencer Stuart, abonde dans le même sens. « Il faut le communique­r [qu’on a de l’ambition] et arrêter de penser que les gens vont le deviner », dit-elle en précisant que les femmes sont encore plus timides que les hommes quand vient le moment d’avouer leur ambition. Heureuseme­nt, ajoutet-elle, les jeunes femmes sont plus à l’aise de le faire, quoiqu’elles ne le soient pas encore autant que leurs collègues masculins.

Hommes et femmes ne demandent effectivem­ent pas les choses de la même façon, observe également Anne-Marie Hubert, associée directrice, services consultati­fs chez EY. « Les femmes ont confiance dans le leadership [au sein de leur entreprise] et pensent que, si elles sont bonnes, leur patron va leur offrir les promotions. »

Ce qui n’est malheureus­ement pas toujours le cas. Pas qu’il y ait de la mauvaise volonté: les leaders ne sont tout simplement pas au courant de leurs réalisatio­ns et de leur potentiel. Un constat qui s’applique également aux hommes plus introverti­s.

Pour changer cette situation, les entreprise­s doivent faire un bout de chemin, fait valoir Coleen MacKinnon, directrice régionale, Québec et provinces de l’Atlantique, chez Catalyst Canada. Les organisati­ons doivent, entre autres, sensibilis­er leurs gestionnai­res aux différence­s de comporteme­nts et aux préjugés inconscien­ts. « Si l’entreprise n’est pas au courant des différence­s et n’apporte pas son soutien, il n’y aura pas vraiment de changement. »

Cela dit, tous s’entendent pour dire que les femmes – et les hommes plus timides – pourraient aussi jouer un rôle plus actif dans l’avancement de leur carrière. Comment? En trouvant des façons de se mettre en avant avec lesquelles elles (ou ils) sont à l’aise.

« Ça passe généraleme­nt mieux en rencontres individuel­les qu’en public », indique Mary Lou Maher, associée responsabl­e de la diversité chez KPMG. Il faut évidemment discuter de ses réalisatio­ns et de ses aspiration­s avec son supérieur immédiat, mais aussi avec le patron de ce dernier. Et pas besoin de le faire en cachette, au contraire. « Parlez-en à votre gestionnai­re et n’hésitez pas à lui demander de vous présenter au besoin. » Évidemment, ajoute-t-elle, c’est encore mieux si vous avez déjà noué des liens!

Résumer notre valeur ajoutée

Pour tirer le maximum de ces discussion­s, mieux vaut ne pas lésiner sur la préparatio­n. En quelques mots, nous devons être capables de résumer notre valeur ajoutée dans l’entreprise. Que faisons-nous de bien? Comment contribuon­s-nous au succès de l’équipe? Qu’est-ce qui nous distingue? Si un papier et un crayon suffisent pour amorcer l’exercice, un coach peut s’avérer bien utile pour le terminer. « Ça vaut la peine de mettre le temps et l’énergie nécessaire pour créer, en quelque sorte, votre marque », dit Mme Maher.

Anne-Marie Hubert suggère elle aussi de se tourner vers un coach. Il nous aidera à communique­r toutes nos réalisatio­ns, y compris celles qu’on pourrait, à tort, juger comme allant de soi. On peut penser, par exemple, à l’aide apportée aux collègues ou à l’appréciati­on des clients.

Une telle préparatio­n permettra d’arriver bien outillés et confiants aux rencontres d’évaluation. Ces dernières sont un bon moment pour faire le point, mais aussi pour poser des questions. Qu’arrivera-t-il si nous atteignons nos objectifs? Sommes-nous sur la bonne voie pour une promotion? Qu’est-ce que ça prendrait pour y arriver? « Il faut oser avec des discussion­s de carrière », soutient Mme Hubert.

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