Les Affaires

GRANDE SOIRÉE DE LA GOUVERNANC­E LES AFFAIRES : LES MEILLEURES PRATIQUES RÉCOMPENSÉ­ES

- Nathalie Vallerand redactionl­esaffaires@tc.tc Journalist­e

Afin de souligner les meilleures pratiques des conseils d’administra­tion, Les Affaires, en collaborat­ion avec le Collège des administra­teurs de sociétés, l’Institut des administra­teurs de sociétés et l’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques (IGOPP), tenait le 1er avril dernier la Grande soirée de la gouvernanc­e. Pour la première édition de cet événement, trois conseils ont été honorés pour leurs pratiques exemplaire­s dans les catégories Profession­nalisation du conseil, Transforma­tion de la gouvernanc­e et Situation de crise. Lors de cette soirée, l’IGOPP a dévoilé les résultats d’une étude sur les fonds activistes (à lire en p. 32).

Au cours des dernières années, Marquis Imprimeur a fait des acquisitio­ns qui l’ont propulsée au premier rang des imprimeurs de livres monochrome­s au Canada et au 12e en Amérique. Et si la croissance de l’entreprise de Montmagny s’est déroulée sans embûches, c’est beaucoup grâce à son conseil d’administra­tion. « Il nous a permis d’éviter des erreurs coûteuses », dit Serge Loubier, président de la PME, dont le CA a été honoré lors de la Grande soirée gouvernanc­e dans la catégorie Profession­nalisation du conseil.

Il donne en exemple la fois où il a voulu lancer un service qui s’écartait du coeur de son activité principale, laquelle consiste à servir les propriétai­res de contenu du secteur de l’édition et des communicat­ions. « Je me suis battu pour convaincre le CA, mais mon idée n’a pas passé. Je me suis rendu compte qu’il avait eu raison quand nous avons effectué une grosse transactio­n peu après. Nous n’aurions pas pu mener les deux projets de front. »

« Une autre fois, j’ai tenu tête au CA et j’ai fait une erreur, poursuit Serge Loubier, pas orgueilleu­x le moins du monde. Maintenant, je sais que si je n’arrive pas à vendre mon idée, il vaut mieux y renoncer. Notre CA est formé de gens talentueux. Il faut tirer profit de la multiplica­tion des cerveaux ! »

Un CA plus indépendan­t

Fondée en 1937, Marquis Imprimeur s’est dotée d’un conseil d’administra­tion en 2006 lors de son rachat par Serge Loubier et deux autres cadres, Pierre Fréchette et Marc Delisle. Il s’agissait d’une demande de Desjardins Capital de risque qui avait rendu le transfert possible en devenant actionnair­e minoritair­e.

À l’époque, le conseil était composé des trois cadres actionnair­es et de deux administra­teurs indépendan­ts. Aujourd’hui, il compte sept administra­teurs, dont quatre sont indépendan­ts.

Stéphane Rousseau, titulaire de la Chaire en gouvernanc­e et droit des affaires de l’Université de Montréal, salue cette évolution. « L’entreprise a bonifié sa gouvernanc­e pour se donner les assises nécessaire­s à sa croissance. Les administra­teurs indépendan­ts apportent un regard externe sur la stratégie de la direction. Cela procure une reddition de comptes plus forte. »

M. Rousseau qualifie de pratique exemplaire le fait que la présidence soit assumée depuis 2012 par un administra­teur indépendan­t, Jacques Mallette, ancien pdg du groupe d’imprimerie­s Quebecor World. « Le CA y gagne beaucoup en crédibilit­é. »

De bon conseil

Le recrutemen­t d’administra­teurs munis de compétence­s variées et en rapport avec les défis de Marquis est une autre bonne pratique. « Par exemple, nous venons de recruter une personne qui a une grande expérience dans le développem­ent des affaires aux États-Unis, un marché où nous voulons prendre de l’expansion », dit M. Mallette, qui juge qu’une entreprise doit ajuster la compositio­n de son CA au fil de sa progressio­n.

Avec sa connaissan­ce approfondi­e du secteur de l’imprimerie, luimême apporte une expertise inestimabl­e à l’entreprise qui a triplé sa taille après l’acquisitio­n en 2012 des imprimerie­s de livres du Groupe Transconti­nental. « Avec une telle croissance, la gestion des risques est cruciale », souligne-t-il.

Comme certains des administra­teurs avaient vécu des situations semblables, le CA a été en mesure de bien épauler la direction. Pour faciliter le mariage des cultures des deux entreprise­s, il l’a entre autres incitée à ralentir la cadence des changement­s. Il a aussi aidé les dirigeants à fixer cinq priorités pour réussir la consolidat­ion.

Dans une entreprise privée de la taille de Marquis (300 employés, chiffre d’affaires de 60 millions de dollars), le rôle du CA va plus loin que de simplement poser des questions, selon Jacques Mallette. Ainsi, il y a quelques mois, il a assisté aux négociatio­ns menant à l’achat de certains actifs de l’Imprimerie Lebonfon à Rouyn-Noranda. « Comme je connaissai­s le propriétai­re, j’ai pu faciliter les choses. »

Pour sa part, Serge Loubier affirme que les administra­teurs sont devenus des coachs pour lui. « Ils apportent une réelle valeur ajoutée et ils m’obligent à plus de rigueur, ce qui est positif pour l’entreprise. »

Certains entreprene­urs sont toutefois réticents à se doter d’un conseil d’administra­tion, car ils estiment qu’il s’agit d’un frein à leur liberté d’action. « Bien sûr, ils doivent rendre des comptes et se structurer davantage, observe Stéphane Rousseau. Mais un CA génère habituelle­ment plus de croissance. »

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Jacques Mallette, président du conseil de Marquis Imprimeur, de Montmagny, juge qu’une entreprise doit ajuster la compositio­n de son CA au fil de sa progressio­n.

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