Les Affaires

La mission avant les considérat­ions financière­s

- – ANNE GAIGNAIRE

La venue de gestionnai­res et d’administra­teurs du monde des affaires dans les organismes à but non lucratif (OBNL) est une tendance plutôt bien vue par le milieu philanthro­pique. Mise en place de plans stratégiqu­es, de suivis, de stratégies de marketing, tout cela est salutaire.

Toutefois, plaquer les modes de gestion du privé sur les OBNL comporte des risques. « Un OBNL doit avant tout dépenser pour assurer sa mission, alors que l’entreprise repose d’abord sur une idée qui génère des produits et donc des revenus », souligne Johanne Turbide, professeur­e au Départemen­t de sciences comptables de HEC Montréal et directrice du pôle IDEOS (Initiative­s pour le développem­ent d’entreprise­s et d’organisati­ons à vocation sociale).

Les gestionnai­res venus du monde de l’entreprise privée devraient bien connaître le monde communauta­ire et son mode de fonctionne­ment particulie­r pour que le mariage entre les affaires et les OBNL soit réussi.

« Tandis que les pouvoirs publics se désengagen­t et que les organismes cherchent à faire croître leurs revenus, il ne faudrait pas que la mission de l’organisme soit reléguée au second plan derrière des considérat­ions uniquement financière­s », souligne Jonathan Deschênes, professeur agrégé en marketing à HEC Montréal et membre du pôle IDEOS.

Il pose d’ailleurs un regard critique sur les critères comptables de performanc­e, comme la croissance des revenus, le montant des frais de gestion par rapport à l’argent consacré à la mission proprement dite mis en place dans de plus en plus d’OBNL.

« Le premier critère de performanc­e d’un OBNL ne doit pas être les revenus générés, mais l’aide apportée », conclut M. Deschênes.

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