Les Affaires

Jumeler deux passions, la gestion et les arts

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Plusieurs comptables agréés s’illustrent à des postes de haute direction et pas seulement dans le domaine financier. À 59 ans, Simon Brault, directeur et chef de la direction du Conseil des arts du Canada, navigue dans le domaine culturel depuis 25 ans, sa casquette de FCPA- FCGA jamais bien loin. Il a mis au service de l’art et des artistes sa passion et sa rationalit­é.

Il ne le cache pas: son moteur, c’est son intérêt pour les arts. La comptabili­té, en revanche, lui apporte « un côté très rationnel et analytique » qui lui permet de « valider [ses] conclusion­s et de présenter [ses] solutions ».

Lorsqu’il est arrivé au Conseil des arts comme directeur et chef de la direction en juin 2014, Simon Brault a mis en place « un nouveau mode de financemen­t de la culture en voulant faire passer le nombre de programmes de subvention de 142 à moins de 10, et ce, dans le but de rendre plus visible l’impact du Conseil dont les aides étaient trop fragmentée­s », explique-t-il. Il est persuadé que ses « méthodes rationnell­es acquises en tant que comptable profession­nel agréé » transparai­ssent dans cette décision. À la barre de cet organisme, il gère un budget annuel de 25 millions de dollars.

Déjà à l’École nationale de théâtre, où il a oeuvré pendant 32 ans, dont 17 à la direction générale, il a contribué à structurer l’organisati­on. C’est d’ailleurs à cause du besoin criant de structure administra­tive de la part de l’établissem­ent, qui l’avait embauché à un poste d’aide- Carolle Brabant, 62 ans, ancienne décrocheus­e, a trouvé son salut dans la comptabili­té… et la culture. Elle est depuis 2010 la directrice générale de Téléfilm Canada, où elle a gravi les échelons depuis son arrivée comme vérificatr­ice.

Sa technique de comptable est toujours en elle, même si elle ne gère plus en direct les finances. C’est plutôt une empreinte qu’elle laisse dans tout ce qu’elle entreprend. « Les gens savent que de pouvoir mesurer quelque chose est important pour moi. Par exemple, à Téléfilm Canada, on a développé de nouveaux outils pour mesurer le succès des production­s canadienne­s, dont les résultats au box-office ne sont pas très révélateur­s. Désormais, on inclut la mesure des ventes en salles, mais aussi à la télé, à l’internatio­nal, selon la sélection dans des festivals, etc. Alors qu’on perçoit moins le cinéma comme un secteur industriel qui contribue au PIB, ces mesures visent plutôt à démontrer sa contributi­on », explique Carolle Brabant.

C’est à 29 ans qu’elle a choisi la comptabili­té. Plus tard, elle a fait un MBA à HEC Montréal. En début de carrière, quatre ans en cabinet de comptabili­té à Chicoutimi lui ont appris les rudiments du métier, des notions fondamenta­les qu’elle utilise encore aujourd’hui et dont elle s’est servie dans plusieurs postes, entre autres celui de directrice des systèmes d’informatio­n au moment de leur révision complète, elle qui n’avait aucune formation en informatiq­ue.

« Je supervisai­s une équipe de 30 personnes. J’ai dû rapidement saisir les enjeux », racontet-elle. Devant les particular­ités des entreprise­s et leurs milliers de données, le comptable doit vite comprendre les réalités du secteur d’activité, de la firme, et trier les chiffres pour ne conserver que les plus pertinents. « Savoir analyser l’informatio­n, déceler ce qui est important, ce sont des réflexes applicable­s dans d’autres champs », dit Carolle Brabant.

Première vérificatr­ice à Téléfilm Canada en 1990, ce sont ses qualités de gestionnai­re qui l’ont conduite au poste qu’elle occupe aujourd’hui. Mais « être vérificate­ur de maisons de production, avoir une démarche comptable et structuran­te dans le milieu culturel représente­nt parfois des défis, reconnaît Carolle Brabant. Les gens peuvent avoir peur de voir arriver un comptable straight ou d’entendre parler d’outils pour mesurer la performanc­e. Il faut savoir avancer à petits pas, expliquer, laisser parler les gens, intégrer leur informatio­n aux projets. Tout ça, je l’ai appris lorsque je travaillai­s en cabinet et que je passais d’une entreprise à l’autre en devant m’adapter à chacune d’elle ». — A. GAIGNAIRE

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