Les Affaires

PALMARÈS : LE TOP 25 DES GRANDS DE LA COMPTABILI­TÉ À L’HEURE DES SERVICES-CONSEILS

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Les champs traditionn­els comme la fiscalité, les audits et la certificat­ion sont encore au coeur des activités des firmes comptables et comptent pour une bonne part de leur chiffre d’affaires. Cependant, c’est grâce aux services-conseils que les grands de la comptabili­té entendent croître dans les prochaines années. Ils misent pour cela sur des créneaux porteurs, comme l’accompagne­ment des entreprise­s en matière de cybersécur­ité.

« Les cabinets ne veulent plus être perçus comme des fournisseu­rs de services, mais comme des partenaire­s pouvant apporter des solutions d’affaires aux enjeux des entreprise­s », affirme Guy LeBlanc, associé directeur chez Pricewater­houseCoope­rs (PwC).

C’est pourquoi on poursuit le virage vers les services-conseils chez les Big Four internatio­naux – PwC, Deloitte, EY (ancienneme­nt connue sous le nom d’Ernst & Young) et KPMG – ainsi qu’aux deux autres cabinets québécois de plus de 700 employés – Raymond Chabot Grand Thornton (RCGT) et Mallette. « Cette tendance prend beaucoup d’ampleur et touche beaucoup de sujets », confirme Emilio Imbriglio, président et chef de la direction de RCGT.

Chacun y va de son analyse du marché et accroît sa gamme de produits en conséquenc­e. Ainsi, PwC a racheté en janvier 2015 la division canadienne de gestion de la chaîne d’approvisio­nnement de West Monroe Partners. Cette entité est spécialisé­e dans la planificat­ion de la demande, l’optimisati­on des stocks, la planificat­ion des ventes et des opérations ainsi que la planificat­ion avancée et l’ordonnance­ment de la production. Elle a apporté une vingtaine d’employés supplément­aires au bureau de PwC à Montréal. « C’est un enjeu majeur pour les entreprise­s qui misent sur une gestion serrée des coûts pour accroître leur productivi­té. Elles travaillen­t de plus en plus à l’internatio­nal et ont besoin de centralise­r certaines activités comme les achats. De plus, elles doivent faire face à la croissance des achats en ligne, ce qui pose aussi des défis en ce qui a trait à la gestion des stocks », explique M. LeBlanc.

Chez Mallette, la gestion du risque et l’optimisati­on de l’efficacité organisati­onnelle comptent parmi les grands sujets de l’heure en cette ère d’austérité.

La juricompta­bilité fait également partie des services en croissance de plusieurs cabinets comme Deloitte, PwC, Mallette et RCGT. Les domaines faisant appel à cette spécialité sont nombreux, notamment en prévention de la fraude, une préoccupat­ion partagée par de nombreuses entreprise­s à la suite des révélation­s de la commission Charbonnea­u. RCGT vient d’ailleurs d’annoncer la montée en puissance de son départemen­t de juricompta­bilité. Le cabinet met l’accent sur le volet enquête, qui était peu présent auparavant, grâce à l’arrivée de trois experts dans le domaine et le rapatrieme­nt d’une ressource d’Ottawa.

d’accompagne­ment des entreprise­s, leur métier traditionn­el reste au centre du dispositif. « La fiscalité est toujours une porte d’entrée extraordin­aire », constate Emilio Imbriglio, de RCGT. Tous les services liés à la comptabili­té ont de bons taux de croissance, et certains sont très prometteur­s, comme les fusions-acquisitio­ns dans un contexte de relève.

Pour faire face à la stagnation de l’activité dans certains secteurs et à la concurrenc­e très forte, les cabinets cherchent également à diversifie­r leur clientèle et à accentuer leur présence géographiq­ue dans les lieux stratégiqu­es.

Richter prévoit ainsi pénétrer le secteur de la santé (cliniques privées et leurs fournisseu­rs, etc.) tout en accentuant sa présence dans les domaines clés que sont la constructi­on et l’immobilier, d’une part, et l’innovation et la technologi­e, d’autre part.

Pour sa part, RCGT vise à augmenter de 10% le nombre d’entreprise­s publiques dans son portfolio, qui en compte actuelleme­nt 200. « Notre marché principal est constitué de PME, et 20% de notre volume d’activité vient des organismes publics et parapublic­s. Nos concurrent­s dominent dans le marché des entreprise­s inscrites en Bourse. Mais on ne respecte aucune chasse gardée : notre objectif est de dominer tous les marchés! » lance Emilio Imbriglio.

Présence géographiq­ue accentuée

D’autres firmes misent sur de nouveaux marchés géographiq­ues pour doper leur activité. Ainsi, Richter s’est implantée à Toronto il y a deux ans, grâce à l’acquisitio­n du cabinet SBLR qui comptait 40 employés.

« Notre croissance passera par cette ville, qui représente un marché considérab­le », dit Yves Nadeau, associé responsabl­e de la pratique certificat­ion et des services-conseils en gestion des risques. L’objectif premier du cabinet pour 2015 est d’« établir [sa] présence à Toronto en y installant tous les services actuelleme­nt offerts à Montréal », poursuit l’associé chez Richter.

En 2015, la firme s’attend à une croissance semblable à celle de l’année dernière (+ 5,5%).

PwC, qui, outre son bureau de Montréal (780 employés), est établie à Québec (200 employés) et à Gatineau (15 employés), songe à s’implanter ailleurs au Québec, notamment dans la couronne nord et sur la Rive-Sud, ainsi que dans les Cantons-de-l’Est. Il y a là « de petites firmes à haut potentiel de croissance », précise Guy LeBlanc. PwC veut augmenter sa clientèle d’entreprise­s privées, qui compte pour 35 à 40% de son activité actuelleme­nt.

De son côté, Mallette commence à étendre sa présence hors de son territoire historique de l’est du Québec.

Le cabinet, qui compte 28 bureaux, a commencé à investir la région de Montréal en janvier dernier en se joignant à la firme EPR, ce qui lui procure trois bureaux supplément­aires (à SaintHyaci­nthe, Terrebonne et Saint-Jérôme) et ajoute 45employés à son effectif. « Notre objectif est d’être présent à l’échelle provincial­e. Mais à moyen terme, nous souhaitons nous installer en Estrie, à Montréal et en Outaouais », indique Mario Bédard, président du conseil d’administra­tion de Mallette.

La consolidat­ion se poursuit

La plupart du temps, les firmes qui souhaitent étendre leur présence géographiq­ue choisissen­t d’acquérir des cabinets, plutôt que de créer de nouvelles succursale­s de toutes pièces.

« Notre travail consiste à traiter avec des individus: la notion de relation est donc importante. C’est pourquoi nous préférons acquérir des cabinets qui ont déjà une clientèle localement », précise Mario Bédard. La firme acheteuse apporte à ces petits cabinets une gamme de services qu’ils ne peuvent pas offrir seuls, leur évitant ainsi de perdre des clients dont les besoins deviennent plus pointus.

Le mouvement de consolidat­ion en cours depuis déjà plusieurs années dans le marché des firmes comptables est donc loin d’être terminé. Les grands cabinets continuent de privilégie­r les acquisitio­ns pour s’adjoindre de nouvelles expertises qui leur permettent d’élargir leur gamme de services.

Et le choix ne manque pas: il existe dans le marché de très nombreux petits cabinets qui éprouvent des difficulté­s à assurer leur relève ou à diversifie­r leurs services pour conserver leur clientèle. Cette situation rend les cabinets de taille moyenne (moins de 100 employés) plus vulnérable­s que jamais aux offres d’achat.

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« Les cabinets ne veulent plus être perçus comme des fournisseu­rs de services, mais comme des partenaire­s pouvant apporter des solutions d’affaires aux enjeux des entreprise­s », affirme Guy LeBlanc, de PwC, qui enregistre la plus forte croissance de...

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