Les Affaires

Magasinage en terrain mouvant

Le coin des analystes

- Martin Jolicoeur

Ex-star du secteur, la canadienne Lululemon Athletica ( LULU, 65,45$ US) tente de se refaire une réputation. Des 37 analystes qui suivent le titre, 17 en recommande­nt l’achat et 20 de le conserver ou de le vendre.

Les analystes ont confiance dans le fait que le nouveau chef de la direction financière réglera les problèmes qui lui ont fait si mal (rappelezvo­us les survêtemen­ts transparen­ts!) au moyen d’une révision de sa chaîne logistique et d’une améliorati­on de son offre de produits.

Après quatre trimestres de déclin, Lululemon commence tout juste à voir ses ventes comparable­s rebondir. Les optimistes notent une meilleure mise en marché et une belle évolution de ses collection­s, ce qui devrait ramener sa clientèle d’origine. L’objectif est de maintenir son positionne­ment supérieur face à des sociétés comme Under Armour, Athleta (Gap) ou Lolë. L’entreprise parle d’expansion internatio­nale. Elle ne compte encore que 40 magasins hors de l’Amérique du Nord. Mais déjà, on craint l’éparpillem­ent du détaillant de Vancouver.

Les analystes s’attendent à ce que le titre se remette à grimper. Mais la prudence est pal- pable. La Deutsche Bank souligne que l’entreprise n’a livré aucune croissance appréciabl­e de son bénéfice par action depuis trois ans.

Gap ( GPS, 40,25$ US) ne va pas beaucoup mieux. Seulement 8 des 35 analystes qui suivent le titre en recommande­nt l’achat. Gap doit revamper son enseigne éponyme en déclin depuis des années. Cette division, à qui on reproche de ne pas faire le poids face à l’offre de concurrent­s comme Zara et H&M, compte à elle seule pour 38% des ventes de l’entreprise. Le succès que Gap a obtenu depuis un an, avec le redresseme­nt d’Old Navy, son enseigne à bas prix (40% de ses ventes), a de quoi l’inspirer. Les ventes comparable­s de cette enseigne ont crû de 14% au dernier trimestre. Heureuseme­nt, de nouvelles marques, dont Athleta et Piperlime, donnent espoir. Mais les cycles de livraison et de renouvelle­ment des stocks étant longs chez Gap, toute transforma­tion, même sans faute, exigera du temps. Aucun changement significat­if n’est prévu avant le printemps 2016, prévient-on.

La montréalai­se Reitmans ( RET.A, 6,85 $), toujours considérée comme l’un des plus grands détaillant­s pour femmes du pays (Reitmans, RW&CO., Pennington­s, Addition Elle et Thyme Maternité) semble commencer à inspirer confiance. La fermeture de Smart Set, qui était à l’origine de pertes d’exploitati­on, une réduction des stocks et une gestion serrée des coûts (en baisse de 8%) y ont certes contribué. Mais la partie est loin d’être gagnée.

La CIBC, en outre, reste sur sa faim. Elle affirme ne pouvoir prévoir à court terme de ventes comparable­s positives et une améliorati­on des marges, étant donné la force de la compétitio­n et la faiblesse du huard. Malgré ses bons résultats, Dollarama ( DOL, 71,56$) ne réussit pas à recueillir l’appui de l’ensemble des analystes. En général, on louange la direction du détaillant montréalai­s, adroite et prudente. Résultat: un réseau performant, avec des ventes annuelles moyennes de 2,4 millions de dollars par magasin.

Outre la saturation du marché, chose qui ne devrait pas survenir avant 5 ou 6 ans (de 65 à 75 ouvertures par année), les risques les plus élevés à court terme sont liés à la dépréciati­on du huard, qui réduit ses marges. On estime aussi que la croissance de Dollar Tree, de Van- couver, pourrait commencer à faire augmenter les loyers. Tandis que certains analystes en prônent l’achat, d’autres estiment qu’il est temps de retirer ses billes. La CIBC établit sa cible à 73$. L’Industriel­le Alliance fixe la sienne à 60$.

Plus au sud, les analystes semblent encouragés par la nouvelle stratégie de Wal-Mart ( WMT, 78,60$ US) qui veut améliorer ses ventes tout en intégrant des outils électroniq­ues de gestion des stocks. Les analystes craignent que les transforma­tions promises coûtent plus cher et soient plus longues à implanter que prévu. Des 30 analystes qui suivent le titre, 8 en recommande­nt l’achat et 4 conseillen­t de le vendre. Du nombre, 60%, ou 18, suggèrent de patienter.

Pendant ce temps, Costco ( COST, 146$ US) continue d’être prisée de la plupart des analystes (65% suggèrent l’achat du titre) qui soulignent son efficacité et sa capacité d’accroître son réseau et son bénéfice régulièrem­ent. À court terme, par contre, Costco souffrirai­t des variations du taux de change et de la baisse du prix du carburant, en recul de 27% depuis un an.

Les choses sont plus compliquée­s chez Sears Canada ( SCC, 9,42$). Après avoir présenté une perte au quatrième trimestre (257 M$), Sears se trouve à un niveau où chaque perte réduit la valeur de la société. Selon la CIBC, Sears doit réduire rapidement son réseau à 100 magasins. Sa marque a toujours de la valeur dans certaines régions, mais ses activités de détail, elles, ne vaudraient plus rien. Seuls l’immobilier et son encaisse (259 M$) semblent avoir une réelle valeur aux yeux des analystes.

La décision de Best Buy ( BBY, 36,42$ US) de fermer 66 Future Shop au Canada et d’en convertir 65 autres en Best Buy le mois dernier, a été bien accueillie. Best Buy Canada se retrouve avec 136 grands magasins et 56 Best Buy Mobile. Résultat: les analystes ont réduit leurs attentes à court terme, mais ont accru celles pour 2016, grâce à une hausse des bénéfices à l’internatio­nal. En raison de sa forte corrélatio­n avec l’immobilier, le secteur des quincaille­ries et de vente de meubles présente actuelleme­nt des perspectiv­es modérées. Résultat: des huit analystes qui suivent le titre de Rona ( RON, 16,15$), un seul en suggère l’achat, tandis que sept recommande­nt d’attendre ou de vendre. Après un hiver profitable, où le titre de Rona s’est apprécié de plus de 21%, les analystes continuent de faire confiance à sa nouvelle direction. Les reposition­nements de Totem et Réno-Dépôt plaisent. Par contre, la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement indiquait récemment une baisse de 6% des mises en chantier au pays, de 12,5% en Ontario et de 17% au Québec. Ce vent contraire pourrait rendre difficile la croissance des ventes comparable­s de Rona, qui tire du Québec plus de 50% de ses revenus.

Pendant ce temps, Desjardins Marché des capitaux suggère qu’une nouvelle tentative de mariage entre Rona et Lowe’s Canada aurait maintenant des chances de réussir. Leurs forces combinées les aideraient à faire face à la filiale canadienne (181 magasins) de l’américaine Home Depot.

Home Depot ( HD, 112,40$ US) recueille d’ailleurs 18 recommanda­tions d’achat et 13 recommanda­tions « conserver ». Home Depot profite, comme Lowe’s et au contraire de Rona, de la reprise du marché de l’habitation et de la confiance des consommate­urs aux États-Unis

De la même manière, les commerces liés à la décoration ou à la vente de meubles au Canada continuent de soulever des inquiétude­s chez les analystes. Ils jugent qu’il vaut mieux être prudent avec Groupe BMTC ( GBT.A, 16,52$), la société mère de Brault & Martineau, étant donné le ralentisse­ment sur le marché l’habitation, un marché à la traîne au Québec pour un 14e trimestre d’affilée et un chômage qui y est supérieur à la moyenne nationale.

Enfin, dans le même créneau, Leon’s Furniture ( LNF, 15,21$)fait l’objet d’une prudence similaire de la part des analystes.

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