Les Affaires

Une PME du secteur nucléaire représente le Québec au concours de la BDC

- Antoine Dion-Ortega redactionl­esaffaires@tc.tc

Les essais non destructif­s (END) menés sur les réacteurs nucléaires: c’est le créneau, assez spécialisé merci, de Nucleom, l’entreprise qui représente le Québec au Prix jeune entreprene­ur de la Banque de développem­ent du Canada (BDC).

En 2006, un jeune diplômé en génie physique de l’Université Laval se rend pour la première fois à la centrale nucléaire de Gentilly-2. Olivier Marcotte est alors employé de Métaltec, un sous-traitant d’Hydro-Québec. Quatre ans plus tard, M. Marcotte fonde seul Nucleom, dans l’espoir de s’imposer sur le marché des END, c’est-à-dire des contrôles qui n’influent pas sur l’intégrité des matériaux. Il a alors 28 ans.

« Au début, c’était du sport, évoque-t-il. Je faisais tout, jusqu’à la comptabili­té. En 2011, je me souviens qu’en juillet, j’avais déjà 3000 heures de facturées depuis le début de l’année et j’avais un employé à gérer. Je travaillai­s 12 à 13 heures par jour et j’étais à l’extérieur 9 à 10 mois par année. » Le principal marché de Nucleom demeure l’Ontario, qui représente jusqu’à 80% de son chiffre d’affaires.

Pour mener ses END, l’entreprise de Québec utilise deux techniques : les ultrasons et le courant de Foucault. Le premier est comparable à l’échographi­e appliquée sur des pièces métallique­s. « Le son se propage dans le matériau et, quand il y a un défaut, on reçoit un signal correspond­ant », explique M. Marcotte. Le courant de Foucault consiste quant à lui à envoyer un champ électrique dans une pièce d’équipement. Les défauts provoquent des variations dans le champ, qu’on peut mesurer et interpréte­r.

Offre et marchés diversifié­s

Spécialisé­e dans les réacteurs de fabricatio­n canadienne CANDU, Nucleom se trouve bientôt à mener des inspection­s aux quatre coins de la planète. « On a récemment travaillé à la réfection d’un réacteur en Argentine, indique M. Marcotte. Depuis trois ans, on va chaque année en Roumanie pour des services d’inspection. On est allé en Corée du Sud, en Chine… Soit partout où il y a des réacteurs CANDU. »

Après avoir fait ses premiers pas dans l’industrie nucléaire, Nucleom n’a pas tardé à diversifie­r son offre en appliquant son expertise à d’autres secteurs. Les mêmes outils et méthodes peuvent servir à l’inspection des pipelines, des raffinerie­s ou des usines pétrochimi­ques.

« Ce qui est intéressan­t pour notre clientèle, c’est qu’on transfère vers d’autres industries les méthodes d’inspection de l’industrie nucléaire, qui exige un niveau de rigueur et des technologi­es plus avancées », mentionne M. Marcotte. Nucleom a récemment ajouté à son carnet de clients des gros acteurs comme Valero, Suncor et Cameco.

Le créneau québécois des END, s’il est peut-être méconnu du public, est tout de même assez significat­if, selon M. Marcotte. « C’est un marché de niche de plusieurs centaines de millions pour les manufactur­iers », dit-il. Principale­ment établie à Québec, la grappe des END comprend notamment Olympus, Zetec et Eddyfi. « Le domaine a connu une grande expansion depuis la fin des années 1990. »

Cinq ans après sa création, Nucleom compte 26 employés et affiche un chiffre d’affaires de 4 millions de dollars.

Le grand prix national de la BDC, d’une valeur de 100000$, s’adresse aux entreprene­urs âgés de 18 à 35 ans. L’évaluation du comité national et les votes du public sur le site du concours comptent chacun pour 50% du résultat final. Le public peut voter jusqu’au 17 juin.

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