Les Affaires

Un pavillon construit comme un pont

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

À son ouverture, prévue pour 2016, le nouveau pavillon Lassonde fera presque doubler de taille le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), établi sur le parc des Champs-deBataille, dans la capitale nationale. Mais réussir un chantier aussi exigeant, c’est tout un art.

« Nous sommes plus près de la fin que du début », lance, non sans un certain soulagemen­t dans la voix, Line Ouellet, directrice et conservatr­ice en chef du MNBAQ. De fait, le chantier est aux trois quarts terminé.

Le projet est en lui-même assez exceptionn­el. Conscient que l’on ne construit pas le nouveau pavillon d’un musée national comme on bâtirait une tour résidentie­lle, le Musée a procédé en 2010 à un concours internatio­nal d’architectu­re. C’est la firme Office for Metropolit­an Architectu­re, fondée par le Néerlandai­s Rem Koolhaas, qui l’a emporté.

Sauf que réaliser le projet dessiné par celui que Line Ouellet n’hésite pas à qualifier de « starchitec­te » n’est pas de tout repos. « Ce type de firme fait énormément de recherche et présente des projets très conceptuel­s, dit-elle. Cela exige un niveau de détails dans les plans et la réalisatio­n qui est assez exceptionn­el. Bien que nous ayons d’excellente­s firmes de constructi­on au Québec, ce n’est pas le calibre de bâtiment que nous avons l’habitude de construire. »

Un projet exigeant donc, reposant sur pas moins de 250 feuilles de plan. Un mandat confié à la firme EBC, laquelle oeuvre dans le bâtiment et le génie civil depuis près de 50 ans.

Ce bâtiment de 15 000 mètres carrés fait de verre et de plus d’un million de kilogramme­s d’acier est formé de trois cubes de verre en porte-à-faux, dont l’un se trouve suspendu sur l’avenue Grande Allée, ce qui rend sa constructi­on complexe.

Lorsque Line Ouellet parle d’un bâtiment construit comme un pont, ce n’est donc pas seulement une image ! « L’épaisseur des membrures d’acier est plus imposante, à certains endroits critiques, que celle des membrures du pont Jacques-Cartier, explique Richard Hébert, directeur de l’agrandisse­ment. C’est la seule manière de maintenir en équilibre un tel poids en porte-à-faux ».

Concilier art et environnem­ent

Depuis le départ, il est clair que les réalisateu­rs du pavillon souhaitent obtenir la certificat­ion LEED, voire LEED Argent. « Il est impossible de viser plus haut en raison de la demande énergétiqu­e qu’exige la conservati­on des oeuvres », rappelle Richard Hébert. En effet, pour assurer la survie du patrimoine artistique québécois exceptionn­el abrité au MNBAQ, il faut en tout temps maintenir un taux d’humidité et une températur­e bien précis, lesquels sont toujours en contradict­ion avec le climat extérieur.

Les concepteur­s ont dû faire preuve d’imaginatio­n pour aller chercher des gains énergétiqu­es, en se servant notamment de la matière première employée dans ce bâtiment : le verre. Ou plutôt, les verres, devrait-on dire. Car on en retrouve trois sortes. L’immense hall d’entrée est fait de vert transparen­t, alors que la façade latérale du côté de l’avenue Wolfe Montcalm est composée de vert translucid­e. Et du côté sudouest, on retrouve tout un segment de verre translucid­e sérigraphi­é et texturé de manière à laisser passer la lumière, mais pas la chaleur.

Choisir des matériaux locaux fait aussi partie des critères menant à l’obtention d’une certificat­ion LEED. Par exemple, le revêtement du sol du hall d’entrée, une surface de près de 1 000 m2, est fait d’un granit de Rivière-à-Pierre, une municipali­té située dans Portneuf.

« Cela permet de mettre en valeur une pierre importante dans l’histoire du Québec, mais dont on se sert un peu moins depuis un certain nombre d’années », souligne Line Ouellet. Une manière de plus donc, pour le MNBAQ, de promouvoir le patrimoine québécois.

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