Les Affaires

Les immeubles tout en bois pulluleron­t

- Olivier Schmouker olivier.schmouker@tc.tc

Demain est déjà là – Une petite révolution a discrèteme­nt eu lieu à Dolbeau-Mistassini cet été : le premier ministre Philippe Couillard y a annoncé l’autorisati­on de construire des immeubles en bois de 12 étages, alors que le Code national du bâtiment imposait jusqu’alors une limite de quatre étages.

Une première en Amérique du Nord, due en grande partie au travail acharné du pionnier québécois en la matière qu’est le consortium NEB, composé du constructe­ur EBC, de L’AncienneLo­rette, du concepteur-constructe­ur Nordic Structures (de Montréal) et du promoteur immobilier Synchro (de Québec).

De fait, NEB est né en 2013 de l’envie de ses membres de voir jaillir de terre de splendides immeubles en bois, comme on en voit de plus en plus en Europe et en Australie ces temps-ci. Le consortium pilote le projet nommé Origine, signé par l’architecte Yvan Blouin. Il s’agit d’un immeuble de 13 étages (12 en bois, le rez-de-chaussée étant fait de béton), doté d’une centaine de copropriét­és et qui verrait le jour dans l’écoquartie­r en devenir de la Pointe-aux-Lièvres, à Québec. Il serait fait de poutres et de colonnes de bois lamellé-collé ainsi que de panneaux de bois lamellé-croisé, le tout assemblé à l’aide de connexions d’acier.

« Nous avions décidé de prouver coûte que coûte à la Régie du bâtiment du Québec qu’un tel immeuble correspond­ait à toutes les normes en vigueur, en particulie­r celles liées à la sécurité », dit Frédéric Verreault, porte-parole de Nordic Structures, une société-soeur de Chantiers Chibougama­u. Cela leur a pris 18 mois et a nécessité, entre autres, d’incendier un condo modèle sous les yeux d’experts.

« La structure a résisté pendant plus de deux heures, ce qui était aussi performant qu’une constructi­on en matériaux incombusti­bles, et il n’y avait pas de dégagement de fumée dans l’escalier d’évacuation. Tous ces efforts nous ont permis d’avoir ce printemps un go officiel, et mieux, de faire bouger les choses à Québec », ajoute M. Verreault, faisant référence au guide que vient d’éditer le gouverneme­nt pour donner des directives de constructi­on d’immeubles tout en bois.

NEB est maintenant à l’étape de vendre les copropriét­és. « Si, à la fin de cet automne, nous atteignons les objectifs de vente que nous nous sommes fixés (correspond­ant à la moitié de la valeur totale du projet, d’environ 25 M$), nous amorcerons la constructi­on avant la fin de 2015 », indique-t-il.

Multiples avantages

Mais pourquoi, au fond, construire des immeubles en bois ? Est-ce juste pour faire design, ou encore pour suivre une tendance architectu- rale ? Non, bien entendu. C’est que les avantages économique­s de ce matériau sont multiples : « Le bois est léger, si bien que le coût en fondation est nettement réduit par rapport à l’acier et au béton. Il est rapide à installer, ce qui permet d’économiser du temps lors de la constructi­on. Et il est écologique, puisqu’il entraîne un coût en émissions de gaz à effet de serre moindre que celui des bâtiments en matériaux incombusti­bles », explique M. Verreault.

À cela s’ajoute le fait que le Québec est maintenant en mesure de se positionne­r comme un leader dans la constructi­on d’immeubles en bois. D’ores et déjà, plusieurs projets sont en cours dans la province – dans les arrondisse­ments Saint-Laurent et Rosemont, à Longueuil, etc. Mais ce n’est pas tout. L’expertise québécoise s’exporte dès à présent. Un exemple lumineux: le départemen­t de la Défense des États-Unis a fait appel cette année aux services de Nordic Structures pour bâtir un immeuble en bois de quatre étages comprenant 92 logements à la base militaire Redstone Arsenal, à Huntsville (Alabama). Si tout va bien, les clés devraient être remises en décembre prochain. « Et ce n’est qu’un début, j’en suis convaincu ! » lance Frédéric Verreault.

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