Les Affaires

Les assureurs canadiens sur une bonne lancée

QUI VONT ASSURER 18,89 $ / 24,20 $ 35,72 $ / 45,44 $ 38,30 $ / 49,14 $ 29,30 $ / 37,70 $

- Bénéfice par action :

Stéphane Rochon, vice-président et chef de la recherche chez BMO Nesbitt Burns, préfère les assureurs aux grandes banques canadienne­s. « Dans les prochaines années, les assureurs devraient être en mesure de livrer une croissance annuelle du bénéfice par action de 10% à 12%, explique le stratège. Pour les banques, ça devrait être la moitié de ce rythme. »

L’expansion à l’internatio­nal est l’une des avenues de croissance qu’aiment les experts interrogés. À l’exception de l’Industriel­le Alliance (Tor., IAG), qui est plus régionale, la Financière Manuvie (Tor., MFC), la Financière Sun Life (Tor., SLF) et la Great-West (Tor., GWO) tirent toutes plus de 50% de leurs bénéfices à l’étranger, selon les données compilées par RBC Marchés des Capitaux. « L’expansion à l’étranger est bienvenue, tandis que la situation économique n’est pas très bonne au Canada », ajoute M. Rochon.

Au même titre que les grandes banques canadienne­s, les assureurs ont diversifié leurs activités vers la gestion de patrimoine ces dernières années. Ces activités procurent des marges bénéficiai­res plus élevées que l’assurance traditionn­elle, commente Michael Sprung, président de Sprung Investment Management à Toronto. « Compte tenu de l’arrivée massive des babyboomer­s à la retraite, la tendance démographi­que est très favorable aux produits liés à la retraite [services-conseils, rentes viagères] », explique-t-il en entrevue.

L’assurance traditionn­elle reste cependant une industrie ingrate pour les investisse­urs qui accordent une importance à la popularité d’une marque, prévient Vincent Lui, analyste chez Morningsta­r. « Les clients accordent peu d’importance à la réputation des assureurs lorsqu’ils magasinent leur police d’assurance, rappelle l’analyste. Pour cette raison, la concurrenc­e est féroce, ce qui exerce une pression sur les prix. Puisque les polices d’assurance vie et les rentes s’étalent sur de longues périodes, les coûts futurs de ces produits sont hautement incertains. » Les taux d’intérêt, un facteur moins décisif que par le passé Impossible de parler des assureurs sans évoquer la question des taux d’intérêt. Néanmoins, les compagnies d’assurance vie ont fait de grands efforts pour limiter leur sensibilit­é aux mouvements des taux d’intérêt. « Depuis la crise financière, les assureurs ont recours aux produits dérivés afin de réduire les effets défavorabl­es des taux d’intérêt, constate M. Sprung. De plus, ils ont diversifié leur offre dans la gestion de patrimoine. Les taux devraient monter à long terme et cela sera profitable, mais je crois que c’est un facteur moins décisif que par le passé. »

Le rendement des obligation­s à long terme revêt tout de même une importance particuliè­re pour les assureurs. Une augmentati­on des taux d’intérêt aurait pour effet de réduire la valeur de leur passif, explique Stéphane Rochon, de BMO Nesbitt Burns. « Une bonne partie des Industriel­le Alliance (Tor., IAG, 39,22 $)

Sommet et creux des 52 dernières semaines :

Capitalisa­tion boursière : Great-West (Tor., GWO, 32,36 $)

Au moment où la faiblesse de l’économie canadienne pèse sur les grandes banques du pays, les compagnies d’assurance vie attirent de plus en plus l’attention des investisse­urs qui cherchent des actions alliant croissance et dividende. Si l’« inévitable hausse des taux d’intérêt » qui doit leur donner un élan se fait toujours attendre, leurs perspectiv­es favorables ne se limitent pas qu’au rendement des obligation­s.

Que ce soit en Asie, aux ÉtatsUnis ou au Canada, la Financière Manuvie (Tor., MFC) semble en bonne position sur tous les fronts. La plus importante compagnie d’assurance vie du Canada est la favorite des analystes et des gestionnai­res de portefeuil­le que nous avons interrogés.

En moins d’un an, l’entreprise dirigée par Donald A. Guloien a conclu plusieurs transactio­ns majeures, ce qui plaît à Christine Poole, pdg et gestionnai­re de portefeuil­le chez GlobeInves­t Capital Management à Toronto. Manuvie s’est emparée des activités canadienne­s de Standard Life pour quatre milliards de dollars et des activités de retraite de New York Life, pour un montant non dévoilé. Elle a aussi signé une entente de 15 ans en vue de vendre ses produits d’assurance au sein des succursale­s de la banque DBS, de Singapour. La semaine précédente, elle a également annoncé l’acquisitio­n des activités de régime de retraite à Hong Kong de la banque britanniqu­e Standard Chartered. Le montant de la transactio­n est tenu confidenti­el, mais il avoisinera­it les 400 millions de dollars.

« La crise financière a fait mal à tous les assureurs canadiens, rappelle en entrevue la gestionnai­re de portefeuil­le de Toronto. Mais les choses se sont améliorées pour Manuvie, qui réussit à accroître son rendement du capital et sa valeur comptable. Ces transactio­ns démontrent que la direction est prête à poursuivre sur la voie de la croissance. Cela lui permettra d’augmenter régulièrem­ent son dividende. »

Christine Poole n’est pas la seule à préférer Manuvie aux autres titres du secteur. L’assureur torontois est de loin le préféré des analystes. Ils sont 85 % à en recommande­r l’achat. Manuvie distance ainsi la Sun Life, qui obtient une cote d’amour de 58 %. Elle performe également mieux que la Banque TD (Tor., TD), la favorite du secteur bancaire canadien. Les recommanda­tions d’achat représente­nt 62% des verdicts pour la deuxième institutio­n financière du pays.

Avantage Manuvie, grâce aux États-Unis

La bonne tenue des activités américaine­s de Manuvie aide l’assureur torontois à se démarquer de ses pairs. La Sun Life (Tor., SLF), pour sa part, éprouve encore des difficulté­s avec ses fonds communs gérés pour les investisse­urs institutio­nnels aux États-Unis. La gestion indicielle gagne en popularité auprès de cette clientèle. La Great-West, quant à elle, est aux prises avec les pertes enregistré­es par sa division américaine Putnam.

D’ailleurs, les difficulté­s de MFS, le gestionnai­re américain d’actifs de la Sun Life, font en sorte que la société devient le deuxième choix des financiers sondés. Mario Mendoca, de Valeurs mobilières TD, résume bien l’humeur de la majorité des analystes. Il recommande l’achat de Manuvie et de Sun Life, mais précise que, sans l’apport d’une forte croissance des activités de MFS, « la Sun Life continuera à afficher une croissance inférieure à celle de Manuvie ».

La semaine dernière, la Sun Life a fait part de son intention d’acheter Assurant, le spécialist­e des régimes d’avantages sociaux, pour 975M$ US. Une fois la transactio­n conclue (ce qui est prévu au début de 2016), la Sun Life arrivera sixième parmi les plus importants fournisseu­rs de régimes d’assurance en entreprise (elle arrivait neuvième), note Robert Sedran, de Marchés mondiaux CIBC. La transactio­n est une bonne nouvelle, car elle permettra à la société de faire des économies d’échelle, selon lui. L’analyste émet une recommanda­tion « performanc­e de secteur » et une cible de 47$.

La croissance en Asie, un autre atout pour Manuvie

Manuvie est l’assureur canadien le plus présent en Asie. Près de 30% de ses revenus proviennen­t de cette région, par rapport à 12% pour la Sun Life. L’essor de la classe moyenne dans les pays asiatiques, à l’exception du Japon, est un vecteur de croissance considérab­le, estime Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale. « Si ce segment continue sur cette voie au cours des prochains trimestres, cela sera très positif pour la valeur du titre », écrit-il.

Le ralentisse­ment de l’économie chinoise risque cependant d’être le grain de sable dans l’engrenage. La direction a d’ailleurs reconnu que la tendance haussière devrait « prendre une pause » au cours du trimestre actuel, dont les résultats seront dévoilés le 13 novembre.

Pour Michael Sprung, président de Sprung Investment Management, cette faiblesse sera passagère. « J’imagine que les résultats seront un peu moins éclatants, répond en riant le portefeuil­liste. Mais à long terme, les ententes de distributi­on [comme celle signée avec DBS] permettron­t à la société de faire très bien. »

Industriel­le Alliance : la régionale abordable

« L’Industriel­le Alliance n’est pas exposée à nos vecteurs de croissance préférés: les ÉtatsUnis et l’Asie. » Le commentair­e de Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, traduit l’humeur de la plupart des analystes, qui préfèrent miser sur les assureurs qui prennent de l’expansion à l’internatio­nal, à l’instar de Manuvie et de la Sun Life. L’analyste suggère de conserver le titre de l’assureur de Québec et lui accorde une cible de 47$.

L’Industriel­le Alliance tire près de 90% de ses revenus de primes souscrites au Canada, estime Vincent Lui, de Morningsta­r. À ses yeux, la concentrat­ion de ses activités au Canada est « à double tranchant ». L’analyste admet qu’il y a un risque de concentrat­ion, mais il note que la société a tout de même réussi à profiter d’une économie « relativeme­nt stable ».

Les activités de l’Industriel­le dans les fonds communs suscitent également des interrogat­ions. Depuis cinq trimestres, ses fonds subissent des sorties de capitaux. Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, croit que ce vent contraire ne changera pas de direction à court terme. Ce qui risque de plomber son évaluation en Bourse.

En contrepart­ie, l’action de l’Industriel­le se négocie à un rabais de 14% vis-à-vis de ses pairs, note M. Routledge. « C’est

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada