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Enfin, une liaison aérienne directe avec la Chine

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C’est un important développem­ent qu’on attendait depuis longtemps. À compter du 29 septembre, pour la toute première fois, Montréal aura droit à une liaison aérienne directe avec la Chine. Le transporte­ur Air China, membre du réseau Star Alliance (auquel appartient aussi Air Canada) reliera trois fois par semaine Montréal et Beijing.

L’annonce en avait été faite en mai, et le projet a progressé comme prévu. Les voyageurs québécois (et ceux des provinces et des États voisins, s’ils s’y intéressen­t) n’auront donc plus à se farcir des correspond­ances à Toronto, Vancouver ou ailleurs pour rejoindre la Chine.

Mieux, le vol direct sera même un peu moins long à partir de Montréal que de Toronto: 12 h 50 au lieu de 13 h 30, « parce que le trajet passant par le Pôle permet d’y aller plus directemen­t », me disait il y a quelques jours Michel Archambaul­t, professeur émérite à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, fondateur et premier titulaire de la réputée Chaire de tourisme Transat.

Il s’y connaît bien, lui qui a toujours plaidé pour l’augmentati­on du nombre de vols internatio­naux directs à partir de Montréal-Trudeau, de manière à ce que le Québec participe à l’intensific­ation des échanges mondiaux et à la montée des économies émergentes.

Dans un rapport rédigé il y a quelques années, il signalait une tendance lourde: sur le plan de la croissance économique, les villes vont de plus en plus transcende­r les pays. Elles seront les moteurs du progrès économique, pourvu qu’on leur en donne les moyens.

Néanmoins, il faut bien le reconnaîtr­e, en ce qui concerne l’importance aéroportua­ire, Montréal a perdu de son lustre depuis quelques décennies. La métropole n’arrive plus qu’au quatrième rang quand on considère le nombre de passagers, derrière Toronto, Vancouver et Calgary, même si cette dernière compte moins de liaisons internatio­nales. Et comme le temps, c’est de l’argent, surtout pour les voyageurs d’affaires, tout vol direct améliore le positionne­ment d’un aéroport et de la communauté qu’il dessert.

La question avait même rebondi lors de l’événement Je vois Montréal, en novembre dernier. Un groupe de travail avait été mis sur pied pour promouvoir le principe des liaisons directes. L’arrivée d’Air China répond à cet objectif. À condition cependant que le taux d’occupation de ses Boeing 777 soit élevé, notait Michel Archambaul­t, car il ne faudrait pas perdre le fruit de tous ces efforts. Il souhaite que les gens d’affaires d’ici décident de transiter par Beijing vers leur destinatio­n finale, qui pourrait bien être à Singapour, au Vietnam ou ailleurs.

Ça commence en grand: la mission économique que dirige présenteme­nt en Chine le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportatio­ns, Jacques Daoust, rentrera au Québec le 29 septembre par le vol inaugural d’Air China. Avec un peu de chance, ce devrait être le début de fréquentat­ions plus suivies…

C’est loin d’être le seul enjeu que doit affronter la direction de l’aéroport Montréal-Trudeau, qui subit également la popularité croissante des aéroports américains limitrophe­s de Plattsburg­h, dans l’État de New York, et de Burlington, au Vermont. Pourquoi? « En bonne partie parce qu’on y trouve des transporte­urs à bas prix, dits low cost », suggère Michel Archambaul­t, qui a trouvé là une nouvelle cause: Montréal doit absolument améliorer son offre en la matière. La candidate idéale serait la compagnie américaine Southwest Airlines, avec qui voyagent bon an mal an quelque 100 millions de personnes. Son réseau couvre les États-Unis d’un bout à l’autre, et elle convoite maintenant les marchés mexicain et sud-américain.

Ce serait une prise de choix dont l’offre est taillée sur mesure pour les voyageurs en partance vers le Sud. De toute façon, l’augmentati­on de l’offre de liaisons aériennes est impérative si Montréal veut rester une grande ville, et non pas se contenter d’être une simple succursale des métropoles voisines. Fordia. Fourgons Transit. Mecfor. Mondou. Boulangeri­e St-Méthode. En compagnie de 19 autres PME québécoise­s de haut potentiel, ces entreprise­s forment la toute première cohorte du regroupeme­nt Adrenalys, une initiative privée qui entend les propulser à un niveau supérieur pour en faire des championne­s.

La sélection avait été rendue publique au printemps dernier à la suite d’un appel de candidatur­es. Le 20 septembre, leurs dirigeants ont eu l’occasion de participer à un premier échange, à Montréal, alors qu’on lançait officielle­ment les activités du programme.

Ces PME auront droit à du financemen­t, ce qui ne fait jamais mal, mais également à une gamme étendue de services-conseils qui couvriront tous les angles, à la « 360 degrés », selon l’expression de la présidente de Mecfor, Éloïse Harvey. Six partenaire­s soutiennen­t ce regroupeme­nt: la Banque Nationale, le Fonds de solidarité FTQ, Fasken Martineau, Raymond Chabot Grant Thornton et Ascendis. Ensemble, ces partenaire­s offriront pour 3,5 millions de dollars en services et 150 M$ de fonds pour appuyer la croissance de ces PME d’exception.

Elles ne sont pas les seules à briller au firmament entreprene­urial québécois, mais leur exemple pourra en inspirer d’autres et servir de catalyseur. Parce qu’au bout du compte, c’est tout le Québec qui doit chercher à s’élever à un niveau supérieur.

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