Les Affaires

Encore du travail à faire pour restaurer la confiance

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Les dirigeants des firmes de génie-conseil attendent avec impatience la reprise économique et le rétablisse­ment de la confiance du public et des donneurs d’ordres.

Mise au pied du mur par les scandales de corruption qui gangrenaie­nt certaines entreprise­s de génie-conseil, l’industrie a fait le mé- nage dans ses rangs depuis deux ans. « On avait le choix de périr ou de grandir face à la crise. On a choisi de grandir », affirme André Rainville, président de l’Associatio­n des firmes de génieconse­il – Québec depuis le printemps dernier.

Changement de garde, nouvelles politiques de gouvernanc­e, mise en place de lignes téléphoniq­ues pour favoriser le signalemen­t de pratiques douteuses, instaurati­on d’un code d’éthique et formation des employés : la réponse apportée par l’industrie a été à la mesure de l’ampleur de la commotion vécue.

« L’intégrité va même devenir une carte de visite pour certaines entreprise­s », dit François Plourde, président et chef de la direction de Cima+, une des sociétés particuliè­rement ébranlées par les scandales. L’entreprise a vu son chiffre d’affaires baisser de 15 % depuis 2010 au Québec et a dû couper 500 postes au cours des trois dernières années. Aujourd’hui, s’il n’est pas terminé, le processus de refonte des firmes touche à sa fin, comme chez SNC-Lavalin, où l’arrivée le 5 octobre de Neil Bruce au poste de pdg, en remplaceme­nt de Robert G. Card, viendra conclure la phase de restructur­ation. Les donneurs d’ordres restent méfiants Mais les effets de la crise ne se sont pas entièremen­t dissipés. « L’industrie s’est renouvelée, mais les efforts pour reconquéri­r le grand public et les donneurs d’ouvrage ne sont pas terminés », croit André Rainville.

Certains dossiers judiciaris­és feront parler d’eux encore au cours des prochains mois. De plus, « il y a toujours des nuages dans le ciel, puisqu’on attend avec une certaine inquiétude les recommanda­tions de la commission Charbonnea­u », reconnaît Alex Brisson, président et chef de la direction de Roche.

Ce dernier est aussi préoccupé par le projet de loi 26, qui vise principale­ment à récupérer des sommes payées injustemen­t à la suite de fraudes dans le cadre de contrats publics. « On ne sait encore rien sur le projet, mais il pourrait représente­r une épée de Damoclès pour les firmes de génie-conseil en donnant le droit aux municipali­tés et aux sociétés publiques de se retourner contre des firmes pour des contrats effectués au cours des 20 années précédente­s. Le fardeau de la preuve serait alors porté par les entreprise­s », explique M. Brisson.

Dans le public, l’image de la profession s’est peut-être améliorée, comme en témoigne l’indice des profession­s de Léger Marketing, qui montre une reprise de la confiance en 2015 (62 % par rapport à 56 % en 2013 et à 66 % en 2011). Mais du côté des donneurs d’ordres, la méfiance et la frilosité règnent encore. « On est prêts à faire face, mais la relation de confiance avec les clients doit être reconstrui­te », estime Isabelle Jodoin, vice-présidente principale de Stantec au Québec.

La perte de confiance est aujourd’hui encore telle que Roche devra se résigner à changer de nom, comme Genivar l’a fait en 2013 en devenant WSP. « Ce n’est pas de gaieté de coeur, mais c’est un passage obligé pour nous au Québec », reconnaît Alex Brisson, en précisant que la décision n’a pas encore été officialis­ée. Le nouveau nom que prendra la société reste à déterminer. Vivement la reprise En attendant, les firmes de génie-conseil n’espèrent qu’une chose : la reprise de l’activité économique. « L’industrie a vécu une crise presque parfaite avec la commission Charbonnea­u, la baisse des dépenses publiques et le ralentisse­ment dans le domaine des ressources naturelles », constate Alex Brisson.

Pour faire face au ralentisse­ment de l’activité au Québec, la plupart des firmes ont revu leurs orientatio­ns pour tendre leurs antennes vers l’internatio­nal. Mais la plupart restent enracinées au Québec. Certains dirigeants sont optimistes : « On voit une embellie à terme, même dans le secteur minier », dit M. Rainville.

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