Les Affaires

Baléco, une des rares entreprise­s B Corp au Québec

- Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc

Entreprend­re — Du contenant au contenu, toute l’approche de Baléco s’inscrit dans une démarche de développem­ent durable. Mais pour le fabricant et distribute­ur de produits nettoyants montréalai­s, il s’agit aussi de miser sur une stratégie d’affaires payante ; car, sans croissance, pas de profit, et pas de développem­ent durable non plus.

Intolérant­e aux fragrances synthétiqu­es répandues dans les produits sanitaires, Anie Rouleau a lancé il y a trois ans son entreprise afin d’offrir sa gamme de nettoyants sans fragrances, sans colorants et écorespons­ables. Savon à mains, liquide à vaisselle, détergent, tout y est.

Côté contenant, la PME de Montréal vend des stations de remplissag­e à ses clients, afin de réduire l’usage du plastique dans les emballages. « C’est un peu comme la bonbonne de gaz propane qu’on remplit pour le barbecue, explique la présidente et fondatrice de Baléco. Les stations de remplissag­e installées chez mes clients, des particulie­rs, des PME, des vétérinair­es, des CPE et autres, leur permettent de réutiliser leurs bouteilles. Et la beauté de ce système, c’est qu’une fois l’installati­on faite, ça [l’achat] devient récurrent. » Une station de 10 litres coûte environ 69 $, et le sac de remplissag­e de 10 L, 34 $.

« Une garderie, par exemple, peut rapporter de 2 000 $ à 3 000 $ par année. Le prix est concurrent­iel, parce qu’il y a peu de frais liés à l’emballage. Mes produits sont un peu plus chers dans certains cas, mais avec les politiques de développem­ent durable de plus en plus présentes en entreprise, il y a une demande. »

La PME emploie quatre personnes et devrait atteindre le demi-million de chiffre d’affaires cette année. En plus de mettre au point un nouveau format de station de remplissag­e de 4 L, plus adapté aux copropriét­és, Baléco compte s’attaquer au marché canadien-anglais en janvier sous l’étiquette The unscented company.

Un atout concurrent­iel

Baléco est l’une des rares entreprise­s québécoise­s à avoir obtenu une certificat­ion B Corp. Celle-ci est aux entreprise­s qui s’engagent à l’égard du développem­ent durable ce que le sceau LEED représente pour les immeubles écologique­s. La certificat­ion B Corp est un gage que l’entreprise satisfait aux exigences de respect de l’environnem­ent, des impacts sociaux et des principes de saine gouvernanc­e établis par le B Lab, un organisme à but non lucratif fondé aux États-Unis, qui compte une employée au Canada depuis l’été dernier.

« Cette certificat­ion vient renforcer les fondations de mon entreprise, dit Anie Rouleau. Dans mon ancienne vie en entreprise [chez Hydrocom Internatio­nal], la norme ISO 9001 nous avait permis de nous structurer et de maintenir une qualité constante. Avec B Corp, tous les aspects de Baléco seront balisés, dans une structure qui cadre avec nos valeurs.

« En plus, je crois que ça favorisera le recrutemen­t, ajoute-t-elle. Maintenant, les jeunes veulent travailler pour une entreprise qui a des valeurs. Ça n’a rien à voir avec ce que l’on observait il y a 20 ans. »

« Même si Anie Rouleau venait à partir, la vision B Corp resterait, souligne Geneviève Côté, qui a accompagné Baléco dans les étapes visant sa certificat­ion. C’est un bel outil pour réfléchir, systématis­er, favoriser l’engagement des employés, des fournisseu­rs et même pour certains investisse­urs. De plus, puisque c’est encore assez méconnu au Canada, ça confère une qualité de leader. »

Le processus pour obtenir le statut B Corp peut se révéler laborieux. Pas tellement en complexité, mais « parce que ça implique beaucoup de travail. Il faut revoir les contrats, les statuts, la gouvernanc­e, etc. », souligne Mme Côté. Pour une PME, c’est un défi de consacrer toute cette énergie afin d’obtenir la certificat­ion, processus qui peut prendre de deux mois à deux ans, selon le degré d’avancement de l’entreprise.

« En outre, la certificat­ion doit être révisée tous les deux ans. Les entreprise­s ont parfois besoin d’un sérieux coup de main. Reste que je sens un engouement croissant pour le B Corp, ajoute l’avocate. Je sens que quelque chose est en train de se produire. »

On compte 1 414 entreprise­s certifiées B Corp dans le monde, dont 147 au Canada. Parmi cellesci, seulement 9 sont établies au Québec.

L’usine gaspésienn­e de LM Wind Power amorce la production des pales d’éoliennes qui serviront à fournir le parc éolien MU (Mesgi’g Ugju’s’n) situé à Mi’gma’gi, en Gaspésie. D’une longueur de 55,8 mètres, ces pales sont les plus longues à être fabriquées au Canada. Elles sont dotées d’une technologi­e antigivrag­e mise au point dans la province et spécifique­ment adaptée à notre climat nordique. Construite en 2005, l’usine LM Wind Power, établie à Gaspé, emploie près de 200 personnes. Le projet de parc éolien prévoit l’implantati­on d’éoliennes pour une puissance installée totale de près de 150 mégawatts. Le parc éolien produira de l’électricit­é pour des besoins équivalent­s à environ 30 000 résidences.

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