Les Affaires

Les moches au secours de la planète De l’énergie solaire pour les industriel­s

- SECOND LIFE RACKAM

Chaque année au Québec, plus de 30 000 tonnes de produits alimentair­es propres à la consommati­on sont jetées aux ordures. Pour contrer ce gaspillage, Quentin Dumoulin et Thibaut Martelain ont fondé Second Life, une plateforme Web qui se consacre à la vente de fruits et de légumes moches.

« Quentin et moi sommes originaire­s de la France. Là-bas, on parle beaucoup du gaspillage alimentair­e, et plusieurs initiative­s y ont été lancées afin de tenter d’en venir à bout. Au Québec, encore peu de gens ont entrepris de s’attaquer à ce problème, alors nous y avons décelé une occasion d’affaires », explique Thibaut Martelain, qui vit à Montréal depuis quelques années, à l’instar de son associé et compatriot­e. Rackam, une PME spécialisé­e dans les technologi­es thermosola­ires, conçoit et fabrique un système de panneaux et de tuyaux qui transforme les rayons de soleil en chaleur. L’entreprise sherbrooko­ise est ambitieuse : elle veut amener les consommate­urs industriel­s de chaleur à s’affranchir des hydrocarbu­res.

« On a eu du succès depuis notre création en 2010 et on continue de développer nos systèmes », raconte le président Mathieu Chagnon.

Les clients font divers usages de cette technologi­e. Certains s’en servent pour générer de la vapeur, d’autres, du chauffage. À la base, les systèmes de Rackam sont toutefois similaires. Ils sont constitués de panneaux miroirs qui concentren­t les rayons de soleil sur un tuyau dans lequel circule un fluide. Le fluide se réchauffe ainsi et est acheminé vers les lieux parfaiteme­nt consommabl­es de la poubelle », se réjouit Thibaut Martelain.

Le succès est tel que les deux amis veulent maintenant passer à la vitesse supérieure. « Nous songeons à nous doter d’un entrepôt, afin de pouvoir stocker nos produits. Pour l’instant, faute d’avoir un tel espace, nous devons récupérer les fruits et les légumes auprès des producteur­s le jour de la livraison ou la veille. Nous voulons aussi élargir notre offre. Car des produits déclassés, il n’y en a pas que dans les fruits et légumes : des pâtes ou des fromages qui ne peuvent être vendus parce qu’il leur manque quelques grammes ou parce qu’ils sont cassés, ça existe aussi », révèle M. Martelain. Les moches – et les deux entreprene­urs – ont donc de beaux jours devant eux. – CATHERINE GIRARD d’utilisatio­n de la chaleur. « Par exemple, dans le domaine des pâtes et papiers, on a besoin de la vapeur à différente­s étapes de transforma­tion de la pulpe », précise Mathieu Chagnon.

Jusqu’à maintenant, Rackam a réalisé une dizaine de projets au Québec et dans des pays ensoleillé­s comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce et le Maroc. « Les meilleurs projets ont tendance à voir le jour là où il y a beaucoup de soleil, où l’énergie coûte cher et où la maind’oeuvre pour l’installati­on est abordable », note le président de la PME de 15 employés.

Ces facteurs ne facilitent pas la réalisatio­n de projets au Québec, mais Rackam estime progresser rapidement. Ses systèmes devraient être de plus en plus abordables, car l’entreprise prévoit réduire de 30 % le coût de revient de sa technologi­e d’ici deux ans. – SIMON LORD

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