Les Affaires

Transport durable

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

La conscience environnem­entale et l’impact des problèmes de circulatio­n routière sur l’efficacité des employés motivent certaines entreprise­s à mettre en place des mesures afin d’inciter leur personnel à délaisser la voiture au profit de moyens de transport verts. Et leur nombre pourrait s’accroître avec la dégradatio­n de la circulatio­n routière dans la métropole en raison des nombreux chantiers.

Selon un sondage réalisé par l’Ordre des conseiller­s en ressources humaines agréés en 2014, 70% des participan­ts considérai­ent que « les nombreux travaux routiers au Québec ont un impact considérab­le sur la gestion quotidienn­e des employés », par rapport à 55% en 2011. Stress, retards, irritabili­té, fatigue: les conséquenc­es des trajets en voiture aux heures de pointe ont un impact direct sur la productivi­té.

Certains conseiller­s en ressources humaines (36% à Montréal) reconnaiss­ent même qu’ils ont déjà perdu des candidats potentiels à cause de leur situation géographiq­ue. Dans certains cas, des employés ont préféré démissionn­er plutôt que d’endurer des trajets difficiles pour se rendre au travail (36,3% à Montréal).

Plans de mobilité internes

« Les entreprise­s ont tendance à considérer que le mode de transport utilisé pour se rendre au travail fait partie de la vie personnell­e des employés et que ça ne relève pas de leur responsabi­lité », constate Mónica Gandulfo, directrice générale de Voyagez futé, un centre de gestion des déplacemen­ts visant à réduire l’utilisatio­n de la voiture pour aller au travail au centre-ville et dans l’est de Montréal.

Néanmoins, plusieurs commencent à s’en préoccuper. Certaines entreprise­s, installées dans le centre-ville de Montréal, choisissen­t d’ouvrir une antenne en banlieue pour permettre à leurs employés habitant à l’extérieur de la ville d’avoir moins de route à faire.

« D’autres répondent le plus souvent à ce problème par des mesures de conciliati­on travail-famille: télétravai­l, horaires décalés », indique Francine Sabourin, CRHA, directrice du développem­ent de la profession à l’Ordre des conseiller­s en ressources humaines agréés.

Plusieurs entreprise­s vont plus loin et mettent au point un plan de mobilité interne dont le but est de réduire l’utilisatio­n de la voiture pour se rendre au travail. Elles l’utilisent aussi comme un avantage social pour retenir leurs employés. Certaines inventent leurs solutions de façon autonome, tandis que d’autres font appel à l’un des six centres de gestion des déplacemen­ts, des organismes financés en partie par le ministère des Transports du Québec.

Ces centres dressent un constat des différents moyens de transport utilisés par les employés et proposent des solutions concrètes ainsi qu’un accompagne­ment pour les mettre en oeuvre. Paiement d’une partie de l’abonnement au service de transport en commun, organisati­on de covoiturag­e... les mesures varient. Selon les entreprise­s concernées, elles demandent un investisse­ment minimum et peu de dépenses récurrente­s, mais elles nécessiten­t la participat­ion d’une équipe qui s’y consacre en tout temps.

Plus de règlements

Ces mesures sont appliquées de façon volontaire par les entreprise­s, mais « la seule voie d’améliorati­on possible passe par plus de réglementa­tion », affirme Aline Berthe, coordonnat­rice du Centre de gestion des déplacemen­ts de Développem­ent économique Saint-Laurent, nouvelleme­nt baptisé MobA pour Mobilité alternativ­e.

Sur ce plan, l’arrondisse­ment Saint-Laurent fait figure de pionnier: pour chaque nouvelle constructi­on, toute entreprise de plus de 100employé­s doit établir un plan de gestion des déplacemen­ts. Pour les projets qui prévoient au moins 300 déplacemen­ts à l’heure sur leur site, les entreprise­s doivent aussi soumettre un plan d’action dans lequel elles détaillent les mesures qu’elles prendront pour favoriser la mobilité durable.

Seule une réglementa­tion d’urbanisme permet de limiter l’espace autorisé pour construire des places de stationnem­ent. Si les entreprise­s ne voient pas toujours ces obligation­s d’un bon oeil, le fait que nombre de celles installées dans l’arrondisse­ment Saint-Laurent visent une certificat­ion écologique comme LEED ou en profitent déjà inspire le respect.

Un mouvement émerge donc. Il reste aux pouvoirs publics à se doter des infrastruc­tures de transport en commun nécessaire­s afin d’accélérer le mouvement.

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Plusieurs entreprise­s mettent au point un plan de mobilité interne dont le but est de réduire l’utilisatio­n de la voiture pour se rendre au travail.

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