Les Affaires

Prudence avec les marchés émergents

Les explicatio­ns de notre chroniqueu­r spécialist­e des FNB, Yves Bourget.

- Yves Bourget redactionl­esaffaires@tc.tc Chroniqueu­r

« Nous allons pouvoir tirer parti d’une occasion qui ne se présente qu’une fois tous les 10 ans. Les actions des marchés émergents subiront une réévaluati­on fondamenta­le à la baisse qui risque d’être excessive, ce qui va créer une occasion de rendement attrayant avec le temps. Mais soyez prudents, ce marché sera très volatil au cours des prochains mois. » C’est la mise en garde qu’a servie Mohamed El-Arian, conseiller économique en chef pour Allianz, aux auditeurs du réseau CNBC à la mi-septembre.

« Cependant, si votre horizon de placement est de 5 à 10 ans et que vous n’avez aucune exposition aux marchés émergents, vous pouvez commencer lentement à y investir, en tenant pour acquis que vous pourrez vivre avec la volatilité qui s’intensifie­ra au cours des prochains mois », a-t-il ajouté.

Pour ceux qui sont déjà exposés aux actions des marchés émergents, il leur conseille d’attendre, car il y a encore beaucoup d’investisse­urs qui tentent de sortir de ces marchés.

Matthew Strauss, cogestionn­aire du Fonds marchés nouveaux Signature CI, partage ce point de vue. Les liquidités de son fonds sont passées de 7,8% au 31 juillet à 14,8% au 31 août. « Nous pourrions les déployer si nous percevions des signes que la croissance de l’économie chinoise se stabilise », précise-t-il en entrevue.

Selon lui, le récent recul est nettement attribuabl­e aux inquiétude­s quant à la croissance en Chine, qui ralentit et se transforme, passant d’un modèle axé sur les matières premières à un modèle centré sur les services et les consommate­urs. Ce qui jette une ombre sur les matières premières et les pays émergents qui en exportent, comme le Brésil ou l’Afrique du Sud, explique Matthew Straus. Son scénario de base ne prévoit pas de remontée importante des matières premières.

« En fait, les pays émergents ne peuvent plus, comme en 2009, relancer l’économie mondiale. Ils sont rendus où nous étions il y a sept ans et ont désormais des problèmes de croissance sans moyen rapide de les régler. Nous sommes arrivés à la fin du supercycle des matières premières. De plus, les pays émergents importateu­rs de ces matières ont eu recours à une forte expansion du crédit pour soutenir leur taux élevé de croissance. On se demande d’où la prochaine poussée de croissance pourrait venir », indique-t-il.

Depuis 2011, les actions de marchés émergents ont connu au moins cinq reprises de 20% (en dollars américains) qui se sont terminées par des reculs. De sorte que le MSCI Emerging Markets Index a dégagé un rendement annualisé de - 0,92% (en dollars américains) pour la période de cinq ans terminée le 31 août 2105. Le rendement annualisé de 3,57% en dollars canadiens de cet indice pour la même période n’est que le reflet de la chute du huard.

Des actions décimées

Au cours de la dernière année, les actions de marchés émergents ont été décimées. Le Vanguard FTSE Emerging Markets ETF ( VWO), un fonds diversifié de marchés émergents, affiche un rendement de - 21,9% en dollars américains et de - 6,1% quant à sa version en dollars canadiens ( VEE) pour l’année terminée le 31 août; une chute rapide à partir du printemps dernier explique en partie ce résultat.

Si vous acceptez la thèse de Mohamed ElArian, vous pourrez vous tourner vers des fonds négociés en Bourse (FNB) ou des fonds com- muns de placement au moment opportun. Les FNB ayant amassé l’actif le plus important dans cette catégorie sont les fonds indiciels indexés selon la capitalisa­tion boursière. Ils ont aussi les frais de gestion les plus bas, soit 0,27% pour l’iShares Core MSCI Emerging Markets IMI ( XEC) et 0,29% pour VEE.

Des FNB de marchés émergents mettant l’accent sur des critères de sélection, comme la faible volatilité ou les dividendes, sont aussi offerts. L’iShares MSCI EM Minimum Volatility ( XMM) et le Horizons Active Emerging Markets Dividend ETF ( HAJ) ont d’ailleurs réalisé les meilleurs rendements (en dollars canadiens) pour l’année terminée le 31 août, avec 0,64% et - 1,9%, respective­ment, par rapport à - 5,49% pour l’indice MSCI Emerging Markets.

Il est un peu tôt pour affirmer que la stratégie de HAJ est supérieure. Le fonds aura bientôt trois ans et son actif n’est que de 5,4 M$.

Quarante des 158 fonds de marchés émergents répertorié­s dans la base de données AdvisorWor­kstation de Morningsta­r ont dégagé un rendement supérieur à celui de l’indice MSCI Emerging Markets pour l’année terminée le 31 août. Toutefois, aucun des 17 fonds ayant un historique d’au moins 15 ans n’a enregistré un rendement supérieur à l’indice sur cette période. C’est pourquoi certains investisse­urs autonomes se tournent vers des fonds indiciels.

Parmi les fonds communs de placement, le Fonds indiciel marchés émergents CIBC permet de faire un placement minimum de 500$ et des placements subséquent­s de 25$. Seulement deux fonds ont obtenu un meilleur rendement que lui sur 10 ans. Si l’on se fie au passé, d’autres fonds occuperont très probableme­nt les premiers rangs dans 10 ans, mais le Fonds CIBC sera encore près du sommet.

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