Les Affaires

« Une entreprise sur trois est insatisfai­te de l’aide aux programmes d’innovation énergétiqu­e »

— Pierre-Olivier Pineau, HEC Montréal

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Entrevue 60 secondes — De concert avec l’Institut du Québec, HEC Montréal vient de publier un rapport sur la consommati­on d’énergie des entreprise­s au Québec. Cette étude souligne que les entreprise­s sont en partie insatisfai­tes des programmes d’efficacité énergétiqu­e. Que dénoncent-elles au juste? Il n’y a pas d’insatisfac­tion totale de leur part. Cela dit, le tiers des entreprise­s sondées sont insatisfai­tes de l’aide gouverneme­ntale aux programmes d’efficacité et d’innovation énergétiqu­es. Ce qu’elles aimeraient, c’est que Québec propose davantage d’incitation­s financière­s et de mesures fiscales. Elles souhaitera­ient aussi des réglementa­tions sur l’efficacité énergétiqu­e beaucoup plus contraigna­ntes, surtout en matière de rénovation des bâtiments. C’est là que le gouverneme­nt peut faire quelque chose, en forçant les entreprise­s à construire des bâtiments moins énergivore­s. Ainsi, cela ne serait plus laissé à la discrétion des entreprise­s. Pour l’entreprene­ur ou le gestionnai­re, cela permettrai­t de trancher la question de savoir s’il doit investir ou non dans l’efficacité énergétiqu­e. Le Québec devrait-il augmenter le prix de l’électricit­é afin d’inciter les entreprise­s à réduire le gaspillage d’énergie? Le prix de l’électricit­é est un très bon signal pour inciter des entreprise­s à faire davantage en matière d’efficacité énergétiqu­e. Avec le marché du carbone du Québec, on envoie d’ailleurs un signal de prix aux sociétés. En ce qui concerne l’électricit­é, on pourrait donner le même type de signal de prix, et suivre l’exemple du marché du carbone pour stimuler l’efficacité. Dans ce marché, l’argent perçu sert à financer des programmes pour aider les entreprise­s à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. On pourrait imaginer la même chose pour l’électricit­é. Parallèlem­ent à une hausse du prix de l’électricit­é, Québec pourrait ainsi redoubler d’ardeur dans ses programmes d’efficacité énergétiqu­e. Il faut systématiq­uement avoir une stratégie usant du bâton (les prix de l’énergie) et de la carotte (les programmes de soutien aux entreprise­s). Car, si nous misons seulement sur la carotte, certaines entreprise­s peuvent décider tout simplement de ne rien faire pour améliorer leur efficacité énergétiqu­e.

Les entreprise­s québécoise­s consomment-elles efficaceme­nt l’énergie?

Certaines le font, mais on ne peut vraiment pas dire que, d’une manière générale, elles sont efficaces. Il y a de grands gains d’efficacité énergétiqu­e à faire dans le secteur des entreprise­s. C’est là-dessus que la société doit se pencher de manière concertée, avec des efforts du gouverneme­nt. Les entreprise­s doivent aussi prendre conscience qu’elles peuvent augmenter leur productivi­té en consommant l’énergie plus efficaceme­nt.

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