Les Affaires

Vite, de la confiance

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Bombardier a fait couler beaucoup d’encre depuis une semaine. Après quelques jours de recul, nos chroniqueu­rs et nos journalist­es vous offrent leur analyse pour que vous puissiez vous faire une tête sur cette décision de Québec de voler au secours de l’entreprise montréalai­se.

Québec a-t-il bien fait d’offrir son aide? Oui. Difficile pour le gouverneme­nt de tourner le dos à une société qui emploie 74000 personnes dans le monde, dont 17750 au Québec, ce qui en fait l’un des plus importants employeurs de la province. Bombardier, c’est 2% du PIB québécois, soulignait le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportatio­ns, Jacques Daoust. Et 2%, ce n’est pas rien. Si Québec n’avait rien fait, on le lui aurait reproché.

Maintenant, est-ce que l’aide de 1,3 milliard de dollars de Québec est un bon deal? Réponse plus complexe. D’un côté, il est bon d’isoler le projet CSeries dans une société en commandite. Québec évite ainsi d’endosser la dette de Bombardier. Et les actionnair­es de Bombardier sont soulagés d’un projet particuliè­rement risqué. De l’autre côté, l’opération peut paraître injuste. Après tout, un actionnair­e sait qu’il prend des risques lorsqu’il investit dans une entreprise en Bourse. Dans ce contexte, les actionnair­es actuels s’en tirent plutôt bien.

Il y a toutefois un point gênant. Si c’est une si bonne affaire, pourquoi Québec est-il le seul à embarquer? M. Daoust était bien solitaire lors de la conférence de presse jeudi dernier aux côtés d’Alain Bellemare. Pourquoi d’autres partenaire­s n’étaient-ils pas présents? De plus, si cette aide est la plus importante jamais octroyée à une entreprise au Québec, pourquoi Philippe Couillard ou encore Carlos Leitao n’étaient-ils pas là? On n’a pas vu non plus Pierre Gabriel Côté, pdg d’Investisse­ment Québec, qui est aussi l’ancien président de Bombardier, avions d’affaires.

Bref, il n’y avait pas grand monde. Des options complément­aires seraient sur la planche à dessin, dit-on, dont une de la Caisse de dépôt. Québec met aussi de la pression sur Ottawa pour qu’il intervienn­e.

Si ces options se concrétise­nt, Bombardier profitera d’une plus grande souplesse financière. Une entente avec plusieurs partenaire­s, c’est aussi plus rassurant, notamment auprès de clients potentiels. Car en fin de compte, cet avion doit se vendre, sinon le projet sera un échec total. Seul hic: l’un des grands arguments de vente du CSeries a longtemps porté sur sa faible consommati­on en énergie. Or, le prix du pétrole est en forte baisse depuis 18 mois. Disons qu’à court terme les compagnies aériennes sont peut-être un peu moins pressées de réduire leurs coûts de carburant. Il faudra trouver d’autres arguments. Et vite.

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Géraldine Martin Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires geraldine.martin@tc.tc @martingera­ldine

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