Les Affaires

L’accélérate­ur Impact 8 : les leçons de mi-parcours

La première cohorte québécoise de l’accélérate­ur d’entreprise­s sociales Impact 8 achève son parcours. Avec l’aide de leurs coachs et de leurs formateurs, les entreprene­urs ont ciblé leur clientèle, ajusté leur modèle de revenu et clarifié leur message. Et

- Diane Bérard diane.berard@tc.tc diane_berard

Les participan­ts d’Impact 8 se sont d’abord fait expliquer l’importance de cibler leur vrai marché cible.

« Ne confondez pas le total des clients qui achètent votre produit et vos clients potentiels, prévient Krista Jones, conseillèr­e senior chez MaRS, à Toronto, et formatrice pour Impact 8. Les investisse­urs, eux, ne seront pas dupes lorsque vous leur demanderez du financemen­t. »

Les participan­ts d’Impact 8 écoutent attentivem­ent. Plusieurs ont des points d’interrogat­ion dans les yeux. Krista Jones poursuit en parlant de TAM, de SAM et de SOM. Le TAM ( total available market) est l’ensemble de la demande pour un produit ou un service. Le SAM ( serviceabl­e available market), le segment du TAM à portée géographiq­ue de l’entreprene­ur. Et le SOM ( serviceabl­e obtainable market), la portion du TAM que l’entreprene­ur peut vraiment conquérir. On définit son SOM à l’aide des questions suivantes : « Quels clients ont la capacité, et non le besoin, de s’offrir mon produit ? » « Quels clients sont vraiment accessible­s à ma force de vente ? » et « Quels clients auront un effet de levier et m’aideront à en accrocher d’autres ? ».

Tour de table, chaque entreprene­ur doit définir son SOM. Pas facile. À qui s’adresse-t-on lorsque le client qui désire utiliser votre produit n’est pas celui qui prend la décision d’achat ? Peut-on viser deux clientèles qui exigent une mise en marché différente, lorsqu’on a peu de ressources ? Marie Fortier, qui propose des cours prénataux en ligne, doit-elle se concentrer sur les médecins, qui parleront d’elle à leurs patientes, ou s’adresser directemen­t aux femmes enceintes ? Ecofixe, qui commercial­ise des systèmes écologique­s de traitement des eaux usées pour les bassins aérés, se développer­a-t-elle plus vite en visant les municipali­tés ou les entreprise­s du secteur minier, de l’alimentair­e et du papier ? « Ne vous attachez pas trop à un type de clientèle, prévient Krista Jones. Vous devrez peut-être l’abandonner pour une autre qui offre plus de potentiel. »

Établir sa propositio­n de valeur

Mettre la main sur le client idéal pour votre entreprise est un bon début. Il faut ensuite capter son attention et la conser- ver. « Créez des marqueurs forts qui laisseront des traces », dit Phil Thelio, créateur du Startup Fest, le rassemblem­ent des startup tenu chaque année dans le Vieux-Port de Montréal.

Au fil des ans, l’organisate­ur a vu défiler son lot d’entreprene­urs en quête de financemen­t. Son conseil : associez une image simple à votre modèle d’entreprise. Ainsi, Éric de Gheldere présente sa plateforme de récompense­s Ekopoints comme le « Air Miles du changement positif dans la société ». Rodolphe Barrère veut que la plateforme Potloc contribue à créer « un cercle vertueux du commerce de détail » en arrimant l’offre et la demande. Pour Simon Emmanuel Roux, le calendrier en ligne Calligramm­e est un outil numérique qui permet « l’émancipati­on culturelle et intellectu­elle des communauté­s. »

Choisir son modèle de revenu Une image forte capte l’attention de l’auditoire. Mais elle ne l’empêchera pas de poser la question qui tue : « Comment gagnerez-vous de l’argent ? »

Les participan­ts d’Impact 8 l’ont bien compris lorsqu’ils ont présenté leur entreprise à tour de rôle à des membres d’Anges Québec. Présentati­on après présentati­on, les capital-risqueurs privés comme Manon Desmarais, vice-présidente, sélection de dossiers et soutien à l’investisse­ment, ont posé les mêmes questions. « Comment allez-vous créer de la valeur ? » « Quel plan de commercial­isation soutient vos hypothèses de croissance ? » « Quelle est la durée de votre cycle d’achat ? » « Comment tiendrez-vous le coup en attendant ? » « D’où viendra la croissance ? Vendrez-vous davantage aux mêmes clients ou augmentere­z-vous votre bassin actuel ? »

On a rappelé aux entreprene­urs que lorsque vient le moment de générer des revenus, il est facile de dire non aux mauvaises idées. Le vrai défi consiste à savoir dire non aux bonnes idées, pour éviter de s’éparpiller. Déterminer son impact Les entreprene­urs sociaux font face aux mêmes défis que les entreprene­urs traditionn­els (marché cible, prix, modèle de revenu, etc.)... plus un : l’entreprene­ur social veut changer le monde, le rendre meilleur. Il ne peut donc pas limiter la mesure de sa réussite à la croissance de ses revenus. Il doit aussi mesurer son impact réel sur le problème auquel il s’attaque. Lara Evoy et Stephanie Garrow, consultant­es en clarté stratégiqu­e, ont abordé la question. Quel impact chaque entreprene­ur d’Impact 8 s’engage-t-il à obtenir ? Quels résultats compte-t-il atteindre ? Pour qui ? Sur quels bénéficiai­res peut-il avoir l’impact maximal ? Sur quel horizon ? Quel type d’activités contribuen­t le plus à atteindre l’impact visé pour la clientèle visée ?

Le 24 novembre, chaque entreprene­ur de la cohorte présentera son modèle d’entreprise et ses besoins de financemen­t à un parterre d’investisse­urs. Ils n’auront vraisembla­blement pas répondu d’ici là à toutes les questions que ce programme d’accélérati­on a soulevées. Mais une chose est certaine, les défis qu’ils ont découverts n’ont pas éteint leur désir de changer le monde.

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Les participan­ts d’Impact 8 en pleine session de travail, à la Maison Notman

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