Les Affaires

Une entreprene­ure dans l’âme

- — FANNY BOUREL

Audacieux, c’est le mot qui caractéris­e les 40 ans de parcours profession­nel de Marcèle Lamarche, lauréate des Prix Femmes d’affaires du Québec dans la catégorie Cadre, dirigeante ou profession­nelle, organisme à but non lucratif. Dès le début de sa carrière, elle ose quitter son emploi de négociatri­ce syndicale pour ouvrir une librairie à Montréal, en 1984. « Deux mois plus tard, le petit Maurice Viens est enlevé et son corps est retrouvé peu après, raconte celle qui était alors mère d’un bébé. J’étais bouleversé­e! » L’année suivante, elle fonde l’associatio­n Enfant-Retour et s’y investit bénévoleme­nt à temps plein.

En 1994, elle rejoint la Croix-Rouge, puis Moisson Montréal, dont elle sera directrice générale pendant cinq ans. Elle y développe des compétence­s en philanthro­pie et en collecte de fonds ainsi qu’en gestion des ressources humaines. En 1999, nouveau changement de cap. Elle devient experte-conseil afin d’accompagne­r les organisati­ons communauta­ires dans la consolidat­ion de leur gestion. Son cheminemen­t lui permet d’en apprendre davantage sur elle-même. « J’ai découvert que j’étais une entreprene­ure dans l’âme qui aime non seulement développer des initiative­s, mais aussi les consolider », dit-elle.

Il y a quatre ans, Mme Lamarche prend la tête du Chaînon, une maison d’hébergemen­t pour femmes en difficulté. Là aussi, elle se risque à faire évoluer le mode de gestion de l’organisme ainsi que sa culture de la discrétion. « Le Chaînon a adopté une approche entreprene­uriale dans le respect de son caractère humanitair­e et communauta­ire, explique-t-elle. J’ai voulu ouvrir les portes pour sensibilis­er les gens, mais sans trahir l’identité des femmes. »

Malgré tout, elle a traversé des moments de doute qu’elle est parvenue à surmonter. « J’ai appris qu’il faut avoir le courage de les regarder et de les partager avec d’autres. On ne bâtit jamais une organisati­on ou une entreprise seule. Il y a toujours des gens qui ont cru en nous, qui nous ont aidés et qui nous ont fait profiter de leur intelligen­ce et de leur bonté. »

Le plus grand risque qu’elle ait jamais pris « Quand j’ai tout lâché pour fonder Enfant-Retour, je plongeais dans le vide, sans connaissan­ces de la question des enfants disparus ni moyens financiers. Je n’avais que ma déterminat­ion à retrouver les enfants disparus et à aider leurs parents. »

Ce qu’elle aimerait réaliser en affaires « Assurer la pérennité financière du Chaînon pour les décennies à venir à travers la fondation du même nom qui a été fondée l’an dernier, et obtenir l’appui financier du milieu des affaires en développan­t un réseau de partenaire­s corporatif­s. »

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Marcèle Lamarche, Associatio­n d’entraide Le Chaînon

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