« Ce qui m’intéresse, c’est l’entrepreneur, et rien d’autre » – François Lambert, associé directeur, Impulse Capital
L’ex-Dragon aux yeux bleus s’est d’ores et déjà fait présenter plus d’un millier de projets, et n’en revient toujours pas que les gens n’aient pas encore saisi la recette du pitch parfait. Une recette pourtant ultrasimple, selon François Lambert. Explication.
LES AFFAIRES – Quel est le truc à ne surtout pas faire lorsqu’on veut vous présenter une idée ou un projet ?
FRANÇOIS LAMBERT – M’aborder au mauvais moment. Imaginez-vous qu’il y en a qui me parlent du projet de leur vie au Centre Bell, alors que je regarde le match du Canadien avec mes chums. Ou lorsque j’attends chez le dentiste. Ça me paraît pourtant évident que je ne vais pas pouvoir leur accorder toute mon attention. Mais rien n’y fait, ils s’essayent quand même.
L.A. – D’accord, mais quand on a la chance de croiser un ex-Dragon, on peut se dire que c’est la chance de notre vie. Et qu’il faut à tout prix la saisir...
F.L. – Non. L’idéal, c’est de me demander un rendez-vous, en mettant en avant un détail susceptible d’éveiller mon intérêt. Mais là aussi, il ne faut pas commettre d’impair : je me souviens encore d’un gars qui m’a approché par Facebook, mais dont la photo du profil le montrait torse nu. Franchement. Qui va investir dans un projet dont le responsable se présente comme ça ?
L.A. – Alors, comment susciter votre intérêt ?
F.L. – Il faut être bien préparé, et être capable de m’allumer en quelques minutes. Car il faut savoir que, dans la vie, on n’a jamais une seconde chance : il faut me convaincre là, tout de suite, ou plus jamais. Le truc, c’est de ne surtout pas me vendre un produit ou un service, aussi novateur soit-il : je ne suis pas un client, mais un investisseur. Celui qui commet cette erreur me perd aussitôt, parce qu’il n’a pas compris que ce qui m’intéresse profondément, c’est lui, l’entrepreneur, et rien d’autre. Je veux voir quelqu’un de passionné, prêt à se lever à 4heures du matin pour réussir, capable de s’adapter à n’importe quelle situation. Bref, quelqu’un qui fera de l’argent avec son projet.
L.A. – L’idée ou le projet vous importe donc peu ?
F.L. – Une idée ne vaut rien si elle ne se concrétise jamais, et donc si je sens que la personne en face de moi trébuchera à la première embûche. J’ai besoin d’avoir l’assurance que cette personne est solide et souple à la fois. C’est bien simple, je m’attends à ce que celui qui me pitche quelque chose réponde de lui-même à trois questions : Quelle est la problématique que règle mon projet ? Comment vais-je m’y prendre concrètement pour mener à bien mon projet ? Pourquoi suis-je la meilleure personne pour y arriver ? Si j’ai d’excellentes réponses à ces questions, 95 % du chemin est fait.