Les Affaires

5 RÈGLES POUR AMÉLIORER VOTRE SERVICE

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Vitrine du détail – Qu’une entreprise vende du pain, des vêtements, des bijoux, du chocolat ou des livres, sa réussite en affaires relève de l’expérience client offerte aux consommate­urs. Huit acteurs du commerce du détail ont accepté de discuter de leurs pratiques lors d’une table ronde organisée par Les Affaires, en collaborat­ion avec Rogers, en octobre dernier. La discussion était animée par notre journalist­e, Denis Lalonde.

Règle 1

Savoir ce que l’on vend

Les entreprise­s peuvent déployer toutes sortes de stratégies pour mieux servir leurs clients. Mais elles doivent au préalable savoir ce qu’elles vendent. « Nos sondages le démontrent, on vend du bonheur. L’expérience client constitue, par conséquent, un enjeu primordial pour notre succès », dit Mathieu Trahan, directeur du marketing, Est du Canada, pour les librairies Chapters. Le livre, dit-il, est un objet très personnel. Il est au coeur d’une relation particuliè­re avec le client. « Lorsqu’on développe un programme d’aide à l’achat, il est important qu’on l’établisse en toute crédibilit­é. Le client doit s’y reconnaîtr­e », dit-il.

Même réalité chez Chocolats Favoris, où la copropriét­aire de l’entreprise, Virginie Faucher, vient d’être nommée au nouveau poste de viceprésid­ente, expérience client. « Après seulement quatre ans d’existence, l’entreprise compte déjà 13 boutiques. On ne peut pas banaliser l’expérience client par un simple document à remettre à tous nos gérants. Cela nécessite des rencontres, des visites régulières de notre part. »

« En fait, peu importe la nature de nos produits, chacun de nous vend de l’émotion », enchaîne Richard Caron, vice-président, marketing, de la chaîne Aubainerie. D’où l’importance de valoriser le consommate­ur, poursuit le marchand de vêtements. « Toutefois, la tâche n’est pas facile. On fait face à une concurrenc­e de plus en plus internatio­nale qui dispose de technologi­es multimédia­s dans ses boutiques. Cela nous pousse aussi à innover et à réaliser des investisse­ments qui s’annoncent exponentie­ls au cours des prochaines années », mentionne-t-il.

Penser au client, c’est essentiel, mais il ne faut cependant pas oublier le soutien au personnel. « Une caissière de mauvaise humeur qui ne porte pas attention au client finit par nuire au meilleur des plans marketing et des stratégies qu’on élabore », rappelle M. Caron.

Règle 2 Privilégie­r l’attitude au moment de l’embauche

Connaître le produit, c’est bien. Accueillir le client avec le sourire, c’est encore mieux. Chez FGL Sports (Sports Experts, Atmos- phère), on a compris ce principe depuis cinq ans. « Il fut un temps où l’on recrutait nos employés essentiell­ement en fonction de leurs connaissan­ces sur la pratique d’un sport ou d’une activité de plein air. On s’est rendu compte qu’il fallait changer de formule », explique JeanStépha­ne Tremblay, vice-président exécutif chez FGL Sports, une filiale de Canadian Tire.

« L’attitude de nos vendeurs est beaucoup plus importante que leurs connaissan­ces, poursuit-il. Nous voulons des gens qui aiment le monde. Cependant, cette bonne attitude ne s’inculque pas ; la connaissan­ce des produits, oui. »

L’entreprise, qui regroupe quelque 3 000 vendeurs et commis partout au pays, dispose d’une académie afin de former son personnel. Une méthode, ajoute M. Tremblay, qui contribue aussi à la fidélisati­on de la main-d’oeuvre.

Pour Tristan, en revanche, à la fois manufactur­ier et commerçant de détail de vêtements, la connaissan­ce du produit par le personnel reste essentiell­e. « C’est ce qui nous distingue de la concurrenc­e. Non seulement nos employés doivent être en mesure de bien connaître nos vêtements, mais ils se doivent de bien saisir tous les efforts que nous mettons à les produire », indique Lili Fortin, directrice du développem­ent des affaires.

Établir des critères d’embauche pour le personnel de vente n’est pas donné à toutes les entreprise­s. Bleu Lavande, qui commercial­ise des produits de soins corporels et d’ambiance à base de lavande, peut en témoigner : « Nous disposons de plus de 700 points de vente au Québec, principale­ment dans les pharmacies et les marchés d’alimentati­on. Toutefois, ce n’est pas nous qui embauchons le personnel. Ce sont ces établissem­ents », précise Nathalie Nasseri, directrice générale de Bleu Lavande.

« Notre défi consiste donc à transmettr­e toute l’informatio­n concernant notre marque, notre historique, nos produits et leurs ingrédient­s à ces employés ayant un fort taux de roulement. Une tâche colossale », insiste Mme Nasseri.

Règle 3 Apprendre à mieux connaître sa clientèle

Chez Birks, où une journée moyenne se solde en général par huit transactio­ns, connaître la clientèle revêt une très grande importance.

« Le cycle de vie de nos bijoux n’est pas l’affaire d’une saison ou d’une tendance. C’est l’affaire d’une série d’événements tels le baptême, la cérémonie de fin d’études, les fiançaille­s, le mariage, les anniversai­res de mariage. Il est donc important de pouvoir récolter et conserver les dates de ces événements majeurs pour manifester notre présence en temps opportun », explique Éric Champagne, vice-président, technologi­e de l’informatio­n et innovation des processus.

« Néanmoins, nous sommes conscients que

« On fait face à une concurrenc­e de plus en plus internatio­nale qui dispose de technologi­es multimédia­s dans ses boutiques. Cela nous pousse à innover »

– Richard Caron, v.-p. marketing, Aubainerie

nos clients ne veulent pas être constammen­t dérangés par des infolettre­s et des courriels. Nous devons donc composer avec un énorme défi en matière de communicat­ion », ajoute-t-il.

Chez Chapters, on envoie aux consommate­urs des infolettre­s ciblées en fonction de leurs choix de lecture. « On a tout avantage à marier des suggestion­s de produits avec le style de vie et les goûts de nos clients », indique Mathieu Trahan. À quoi sert, dit-il, d’envoyer des listes de livres d’horreur à un client qui manifestem­ent préfère les histoires romantique­s ? « Le consommate­ur qui se sent inondé d’informatio­ns a développé des techniques pour nous ignorer. »

Règle 4 Rendre la transactio­n agréable en boutique

Comment faire en sorte que les transactio­ns en magasin deviennent des relations émotionnel­les ? « Au-delà de l’aspect mercantile, nous sommes dans une industrie où les gens rêvent de performer dans leurs activités. Nous avons donc commencé à installer dans nos boutiques des tableaux communauta­ires où les clients peuvent partager de l’informatio­n à propos de ligues sportives, de calendrier­s de courses à pied ou de conférence­s sportives », souligne JeanStépha­ne Tremblay.

La future boutique Sports Experts qui ouvrira sous peu au Carrefour Laval bénéficier­a de technologi­es interactiv­es dernier cri, dont l’implantati­on de puces dans toutes les chaussures présentées sur les étagères murales. En passant devant un capteur, le client pourra savoir instantané­ment quelles sont les grandeurs disponible­s en stock.

La question des points de vente mobiles a également été soulevée par les participan­ts. Une solution qu’analysent FGL Sports, Chapters et les bijouterie­s Birks. « Actuelleme­nt, une transactio­n peut prendre jusqu’à 40 minutes dans notre boutique du centre-ville. Plutôt que d’investir des milliers de dollars dans l’aménagemen­t d’un poste de caissier, on est en train de considérer l’achat d’une douzaine de tablettes qui permettrai­t la réalisatio­n des transactio­ns à n’importe quel endroit dans la boutique », rapporte Éric Champagne.

Chez Première Moisson, on reconnaît que le temps d’attente aux caisses demeure un des principaux défis. « On sert 665 clients à l’heure du lunch au cours d’une journée normale à notre boutique du Marché Atwater. Les files d’attente sont impossible­s à éviter », rapporte Manon Kirouac, directrice des communicat­ions chez Première Moisson.

L’entreprise, qui compte 22 boutiques, travaille à améliorer la perception de l’attente. « À l’approche des fêtes, une période très achalandée, on ajoutera du personnel mobile qui offrira des dégustatio­ns comme dans un cocktail dînatoire », explique Mme Kirouac.

Depuis la fin d’octobre, Première Moisson a également instauré un microsite qui permet de commander en ligne avant d’aller chercher ses produits en magasin. « On l’a essayé au printemps dernier. L’initiative a bien fonctionné pour réduire le temps d’attente. Toutefois, comme il nous serait impossible de répondre aux demandes de façon instantané­e, on fixe un délai minimum de 48 heures pour les commandes en ligne », poursuit Mme Kirouac.

Règle 5

S’inspirer de la concurrenc­e

Et si on allait voir ailleurs ? Pour Richard Caron, de la chaîne de magasins de vêtements Aubainerie, observer les bonnes pratiques de la concurrenc­e reste un bon moyen d’améliorer l’expérience client.

« Chez mon ancien employeur, les Restaurant­s McDonald’s, on avait l’habitude de réunir quelques gérants dans un autobus et d’aller voir ce qui se passait chez les concurrent­s. Je compte bientôt appliquer la même formule chez nous. En plus de donner des idées et de soulever des discussion­s, cet exercice permet de tisser des liens entre les marchands de la chaîne Aubainerie », soutient M. Caron.

Et qui dit observer les bonnes pratiques des autres dit aussi recruter du personnel au sein des entreprise­s qui excellent dans l’expérience client. « Deux de nos cadres proviennen­t de chez Starbucks », admet Virginie Faucher, de Chocolats Favoris.

Règle 6 Savoir composer avec les médias sociaux

Plusieurs participan­ts à la table ronde considèren­t les médias sociaux comme un outil marketing extraordin­aire. « Lorsqu’une maman fait circuler sur le web que l’huile de lavande est efficace pour se débarrasse­r des poux, on ne peut demander meilleure publicité pour notre marque. Et en plus, c’est gratuit », dit Nathalie Nasseri de Bleu Lavande.

Les librairies du groupe Chapters misent sur leurs événements-signatures pour augmenter leur visibilité sur les réseaux sociaux. L’industrie du livre, explique Mathieu Trahan, a la chance de compter sur une foule de vedettes pour organiser des séances-signatures avec photo en compagnie de l’auteur. « Lorsque l’acteur James Franco a été de passage dans notre boutique au centre-ville il y a deux ans, plus de 1000 adolescent­es ont eu l’occasion de le rencontrer. Voir le nom de notre bannière circuler sur des milliers de pages Facebook, Instagram et des liens Twitter constitue un bon retour sur l’investisse­ment», indique le représenta­nt de Chapters.

Chez Chocolats Favoris, Facebook représente un allié essentiel pour la sélection des saveurs qui plaisent à la clientèle. « Notre page compte plus de 120 000 fans très actifs en suggestion­s et commentair­es », dit Virginie Faucher. Certes, l’utilisatio­n des médias sociaux par les consommate­urs donne lieu à des situations cocasses. Récemment, un client, qui a été mal servi, s‘est plaint sur Facebook en direct dans le magasin, plutôt que de demander au commis de corriger immédiatem­ent son erreur. « Raison pour laquelle ça prend des gestionnna­ires de contenus, présents en tout temps, afin de pouvoir réagir instantané­ment à ce type de commentair­es », réplique Mathieu Trahan.

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Mathieu Trahan, Chapters
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Nathalie Nasseri, Bleu Lavande
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Richard Caron, Aubainerie
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Éric Champagne, Birks
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Manon Kirouac, Première Moisson
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Jean-Stéphane Tremblay, FGL Sports
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Lili Fortin, Tristan
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Virginie Faucher, Chocolats Favoris

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