Les Affaires

Des fournisseu­rs encouragés, mais pas encore soulagés

- Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc MatthieuCh­arest

Si Bombardier est un joyau québécois, c’est aussi la locomotive d’une constellat­ion d’entreprise­s d’ici, dont plusieurs PME. C’est même « la société phare » du secteur aéronautiq­ue québécois, a souligné Aéro Montréal par voie de communiqué. Avec les déboires du CSeries et l’aide de 1,3 milliard de dollars de Québec, Les Affaires a examiné leurs répercussi­ons sur les fournisseu­rs du géant.

Sur la vingtaine de fournisseu­rs intégrés à la chaîne d’approvisio­nnement de Bombardier que nous avons joints, seulement deux ont accepté de nous parler ouvertemen­t. Comme quoi le réseau est tissé serré.

« La disparatio­n du CSeries aurait été un désastre, affirme Jean Blondin, président d’Abipa Canada, une entreprise de 140 employés, spécialisé­e entre autres dans l’usinage de haute précision et l’assemblage mécanique. L’annonce de Québec nous a soulagés. Ce n’est pas seulement Bombardier qui serait touchée [si le CSeries ne voyait pas le jour], c’est l’ensemble [de l’industrie]. »

Le gouverneme­nt du Québec devient un partenaire qui vient « nous sécuriser pour l’avenir, estime-t-il. Avec le programme CSeries qui va se poursuivre, c’est toute la chaîne qui reprendra ses activités. »

Des PME moins vulnérable­s

Pour la pdg d’Aéro Montréal, Suzanne Benoît, la grappe aérospatia­le québécoise est en bien meilleure posture en 2015 pour affronter des tempêtes et même une annulation éventuelle du CSeries. « Il y a six ou sept ans, ça aurait été extrêmemen­t dangereux. Maintenant, si le CSeries ne voyait pas le jour, ce serait beaucoup moins dommageabl­e. Nos PME se sont diversifié­es, internatio­nalisées. »

La prise de participat­ion de Québec a tout de même « [apaisé] la chaîne d’approvisio­nnement. Avant l’interventi­on du gouverneme­nt, les PME étaient nerveuses ; elles sont maintenant rassurées. De toute façon, Bombardier survivrait même sans le CSeries. »

S’il se réjouit de l’interventi­on de Québec, Thierry Baussan, directeur des opérations à la Société d’outillage M.R., soutient qu’il n’a jamais été vraiment inquiet. « La perception, c’est que ça allait mal. Mais pour nous, tout va bien. Nous avons beaucoup de pièces dans le CSeries, et je n’ai pas constaté de ralentisse­ment dans nos commandes. »

Quant à l’arrivée d’Alain Bellemare à la tête du géant montréalai­s l’hiver dernier, c’est un gage de succès, selon le directeur des opérations de la PME de 70 employés. « Il ne se serait pas aventuré là s’il n’avait pas été certain que l’entreprise allait dans la bonne direction et qu’il pouvait apporter quelque chose. Bombardier, conclutil, ne s’est pas rendue où elle est sans savoir où elle s’en va. »

Selon Aéro Montréal, plus de 200 entreprise­s et près de 42 000 emplois directs et indirects émanent de cette industrie dans la province. Bien sûr, Bombardier en est le moteur principal.

« La disparatio­n du CSeries aurait été un désastre. »

– Jean Blondin, président d’Abipa Canada

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