Les Affaires

Ce que nous enseignent les revenus

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C’est la première ligne des résultats financiers. Les revenus vous permettent de voir combien d’argent une société a tiré de ses ventes. Ils vous renseigner­ont « essentiell­ement » sur la croissance des activités d’une entreprise, résume Louise Martel, professeur­e au Départemen­t de sciences comptables de HEC Montréal.

Les investisse­urs relèguent souvent les revenus au second plan, portant leur attention sur la croissance du bénéfice par action. Pourtant, les revenus apportent un éclairage important sur la performanc­e d’une société. « Quand une entreprise parvient à faire croître ses bénéfices, malgré des revenus stagnants, ça démontre que la direction a fait du beau travail de gestion des coûts. Mais moi, ce que je veux voir, ce sont des revenus en hausse », commente Steve Deschesnes, portefeuil­liste de Disnat GPS, le portefeuil­le modèle de Desjardins courtage en ligne.

Le rythme de croissance variera selon l’indus- trie et la maturité de l’entreprise. Une entreprise en pleine croissance pourrait enregistre­r une rapide progressio­n de ses revenus pendant un certain temps. M. Deschesnes estime qu’à long terme, pour une multinatio­nale, une croissance de 4 à 5% est « raisonnabl­e ».

Pourtant, l’interpréta­tion ne s’arrête pas qu’au pourcentag­e de variation des revenus. La source de la croissance peut être différente d’une société à l’autre. La progressio­n peut venir d’une augmen-

tation des ventes des activités existantes, ce qu’on appelle la croissance interne. L’ajout de nouveaux revenus peut aussi se faire par acquisitio­n.

Mme Martel donne l’exemple de Groupe MTY (Tor., MTY). Le franchiseu­r montréalai­s, qui possède une trentaine d’enseignes, dont Sushi Shop et Valentine, est un exemple d’entreprise qui croît grâce à ses acquisitio­ns. Ses revenus ont progressé chaque année depuis 2003. Néanmoins, ses commerces ne réalisent pas néces- sairement plus de ventes individuel­lement pour autant. En fait, les restaurant­s sont seulement plus nombreux. Ses ventes comparable­s ont décliné de 0,9% et de 2% au cours des exercices 2014 et 2013, respective­ment. « Dans ce cas, on constate que les activités à l’intérieur du groupe sont en décroissan­ce », analyse la professeur­e.

L’investisse­ur qui s’intéresse à une entreprise qui croît par acquisitio­n devra se demander si elle sera capable de maintenir le rythme, pour- suit Marc Gagnon, gestionnai­re de portefeuil­le de l’Industriel­le Alliance. Il suggère de se pencher sur trois aspects. D’abord, le bilan afin de vérifier si l’entreprise a les ressources à sa dispositio­n pour continuer à effectuer des acquisitio­ns. Ensuite, les aptitudes de la direction à gérer une entreprise qui s’agrandit. Enfin, les informatio­ns sur la consolidat­ion de l’industrie, qui permettron­t de voir s’il reste encore beaucoup de cibles potentiell­es.

En comparant les revenus d’une entreprise à une société comparable, vous pourrez obtenir des informatio­ns sur ses parts de marché, explique Marc Gagnon. Cette comparaiso­n peut également se faire entre des divisions qui ont des activités similaires. « On regardera si le rythme de leur croissance se ressemble, explique Marc Gagnon. S’il y a un gros écart, on se posera la question de savoir s’il y a des pertes de parts de marché. »

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