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Exocet : la chaise qui épouse les lignes du corps — FANNY BOUREL

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En mai 2014, alors qu’il sort son mobilier extérieur entreposé durant l’hiver, Stéphane Leathead se dit qu’il n’existe pas de chaise longue à la fois belle et confortabl­e. L’idée lui vient alors d’inventer une chaise esthétique, au design simplifié, qui nécessiter­ait très peu d’assemblage. Une chaise qui pourrait s’ajuster exactement à l’angle souhaité par l’utilisateu­r. Elle pourrait à la fois servir de chaise longue, haute ou berçante, de banc, ou encore de sculpture.

C’est ainsi que naît l’idée de la chaise Exocet, composée de 21 lamelles de bois disposées autour d’un cylindre métallique équipé de deux anneaux. « Cela s’assemble comme un jouet d’enfant! » dit-il.

Il n’hésite pas à employer le mot « obsession » pour qualifier son désir de créer une chaise requérant le moins de pièces possibles. Ce spécialist­e en image de marque n’avait pourtant encore jamais dessiné de meuble de sa vie. Il n’a effectué aucune recherche sur le design de chaise avant de se lancer. Il a puisé son inspiratio­n dans la nature et l’observatio­n de l’environnem­ent. « La forme de la lamelle s’est imposée d’elle-même, car le dossier et le siège devaient épouser les courbes du corps humain », ajoute-t-il. La précision de l’ajustement tient à l’axe de rotation autour duquel on peut faire pivoter le dossier.

Les lamelles de bois sont fabriquées en contreplaq­ué de merisier russe recouvert, au choix du client, d’un placage en érable, en noyer, en cerisier, en chêne blanc ou en ébène du Mozambique. « Tout le travail est fait à la main, ici au Québec. Je me vois comme un artisan », précise celui qui travaille avec quatre sous-traitants pour produire les pièces en bois ou en métal, assurer la finition et graver les chaises qui sont numérotées.

En décembre 2014, Stéphane Leathead a lancé un site Internet qui lui sert de vitrine pour présenter ses réalisatio­ns ainsi que pour offrir ses services en création et en gestion d’images de marque. Le succès ne s’est pas fait attendre puisque, dès janvier, une cinquantai­ne de blogues du monde entier parlaient de sa chaise. Il a été invité à la présenter lors de salons, dont le Salon internatio­nal du design de Montréal, et a reçu le prix Or aux A’Design Award, une compétitio­n internatio­nale organisée en Italie et réservée aux designers et architecte­s. Une première pour un Canadien. À ce jour, il a reçu plus de 300 courriels d’acheteurs potentiels, provenant aussi bien d’Europe et d’Asie que du Pérou.

La chaise coûte environ 13 000$. Il n’en existe pour le moment que cinq exemplaire­s. « C’est un petit tirage, comme pour une oeuvre d’art ou de collection », souligne le designer de 45 ans. Pour l’instant, seulement deux chaises ont trouvé preneur auprès d’un particulie­r en Afrique du Sud, mais Stéphane Leathead est confiant pour la suite. « Tout est allé très vite! Nous sommes en train de monter un plan d’affaires qui sera mis en place à partir de l’année prochaine. »

Afin de rendre son produit plus résistant aux intempérie­s, il aimerait développer un moule pour fabriquer un modèle en résine de synthèse. « Présenteme­nt, le bois est verni d’une laque de très bonne qualité, mais il ne peut pas rester tout le temps dehors sans protection. » Il souhaite également développer un réseau de distributi­on, trouver des investisse­urs et augmenter sa production pour l’écouler auprès d’établissem­ent de luxe: stations touristiqu­es, spas, hôtelsbout­iques et bateaux de croisière.

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