Les Affaires

Hanada : culture et nature réunies dans une table

-

Une base en céramique de 30 centimètre­s de hauteur décorée au pinceau et surmontée d’un fin plateau de 45 centimètre­s de diamètre en bois ou en métal, plaqué en or ou en nickel. Cette table d’appoint de 15 kilos, imaginée par la céramiste Pascale Girardin, constitue la première incursion de cette artiste montréalai­se dans le mobilier d’art. Avec cette oeuvre, elle a souhaité jouer sur le contraste entre la nature et la culture. « Je voulais faire jaillir la qualité brute de la terre en l’associant à un disque raffiné à effet miroir », explique-t-elle.

Pour celle qui est surtout habituée à concevoir des oeuvres intégrées à une architectu­re, comme des murales ou des luminaires en céramique dont les chantiers s’étalent sur près de deux ans, créer cette table répondait au désir de sortir des pièces rapidement. « Cela me permet d’exprimer la créativité autrement, souligne-t-elle. Dicter ses propres contrainte­s est libérateur. »

Lancées en mai dernier, les tables de Pascale Girardin ont tout de suite suscité un engouement, notamment auprès des firmes d’architectu­re d’intérieur qui composent sa clientèle directe. Si seulement deux tables ont trouvé preneur pour le moment, elle compte en vendre une vingtaine au cours de la prochaine année. Un montant qui représente 10% de l’ensemble des revenus de l’entreprise de Pascale Girardin, qui emploie trois salariés permanents et jusqu’à une douzaine d’employés contractue­ls.

L’artiste poursuit des discussion­s en vue de produire des tables destinées à meubler le hall d’un hôtel-boutique de luxe à New York.

Fixé au départ à 4 000$ US, le prix de la table s’apprête à grimper à 5 000$, car Pascale Girardin avait sous-évalué le temps de production de son oeuvre. Ainsi, les épaisses parois de la base nécessiten­t quatre mois de séchage avant la première cuisson, laquelle révèle parfois des fêlures pouvant se transforme­r en véritables fractures après la deuxième cuisson. Des défis techniques mêlés à une grande exigence, qui obligent ses clients à faire preuve de patience. « Je vais toujours plus loin dans la maîtrise du geste et du regard, affirme-t-elle. L’élégance doit être naturelle, sans maladresse. Tout est réfléchi. Le travail manuel doit se sentir, mais ne pas se voir. »

Cette réflexion et cette discipline s’étendent également au marketing d’une artiste qui se défend de chercher à plaire, préférant laisser ceux qui l’aiment la suivre. Site Web, carte profession­nelle, kiosque dans une foire d’art, tout est calculé pour émettre les bons signaux. « Ce sont des codes que les amateurs de belles choses comprennen­t, précise Pascale Girardin. Le luxe, c’est intemporel. Chaque fois que je fais une pièce, je pense au fait qu’elle pourra être léguée aux petits-enfants de la personne qui l’achète. » — FANNY BOUREL

Newspapers in French

Newspapers from Canada