Les Affaires

La croissance de Northland Power et d’Algonquin Power, un antidote aux taux

Les services aux collectivi­tés et les pipelines sont encore chèrement évalués1

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Parmi les fournisseu­rs d’électricit­é, Fortis et Emera sont les doyennes des dividendes. Toutefois, la croissance lente de leurs activités réglementé­es cache certains risques, croit Steve Bélisle, gestionnai­re de portefeuil­le principal chez Manuvie.

Ces grandes sociétés sont solides, mais la progressio­n plus modeste de leurs profits freine leur capacité à augmenter leur dividende.

Leurs titres, dont la valeur fluctue essentiell­ement en fonction du rendement des obligation­s, risquent donc de souffrir davantage dans une éventuelle remontée des taux.

« Dans le but de croître, ces deux entreprise­s ont récemment payé le prix fort pour des fournisseu­rs américains d’électricit­é, ce qui augmente leur profil de risque au moment où l’évaluation de leur action est relativeme­nt élevée », explique M. Bélisle.

Le gestionnai­re de Montréal préfère miser sur des entreprise­s de taille moyenne dont la croissance des bénéfices permet d’augmenter plus rapidement le dividende, et ainsi atténuer l’effet défavorabl­e des taux sur les cours en Bourse.

Deux producteur­s indépendan­ts, Northland Power et Algonquin Power& Utilities, peuvent procurer un rendement annuel de 10%, le double de celui que l’on peut attendre de la part de Fortis et d’Emera, donne en exemple M. Bélisle.

Northland Power: la croissance est dans l’éolien

Northland Power est un petit producteur d’énergie renouvelab­le au Canada et en Europe, avec 12 installati­ons en service (dont deux petits parcs éoliens au Québec) et quatre en constructi­on (en Ontario, en Allemagne et aux Pays-Bas).

La mise en service de deux parcs éoliens au large de la mer du Nord à la fin de 2017 changera le visage de la société torontoise et propulsera ses flux de trésorerie à plus de 2$ par action à la fin de 2017, prévoit le gestionnai­re de Manuvie.

En 2018, 61% de son bénéfice d’exploitati­on proviendra de l’énergie éolienne au large des côtes, alors que la production d’électricit­é de ses installati­ons éoliennes terrestres ne lui procure que 7% de ce bénéfice actuelleme­nt.

Toutefois, en attendant ce saut de perche, les dépenses en capital sont importante­s. Si bien que le versement du dividende dépassera les flux de trésorerie en 2016, pour revenir à un ratio plus soutenable en 2017.

Pour financer la constructi­on de 6 milliards de dollars de tous ses projets, Northland et ses filiales ont emprunté et émis des actions ordinaires et privilégié­es ainsi que des débentures convertibl­es, comme le veut la pratique dans l’industrie.

Le gestionnai­re de Manuvie s’en soucie peu, puisque « le rendement de 6,4% du dividende est assez élevé pour offrir une certaine protection, en attendant la croissance plus élevée prévue ». M. Bélisle estime que le titre de Northland doublera à 28,50$ d’ici 2017.

Le financier apprécie aussi le fait que les dirigeants détiennent 35% des actions de la société bientôt trentenair­e, reconnue pour la bonne marche de ses projets.

L’ontarienne Algonquin est bien diversifié­e

Le producteur d’énergie renouvelab­le Algonquin Power& Utilities est un autre choix populaire parmi les analystes, qui aiment sa diversific­ation nord-américaine, ainsi que la stabilité de sa division Liberty, distributr­ice d’eau, de gaz naturel et d’électricit­é qui compte 489 000 clients dans dix États américains.

La société ontarienne croît aussi plus rapidement que les sociétés équivalent­es, notamment à la faveur de sa capacité à dénicher de bons projets aux États-Unis, avec des partenaire­s locaux, explique M. Bélisle.

Des retards dans certains projets en constructi­on nuiront à sa rentabilit­é à court terme, mais la société n’aura aucun mal à atteindre la croissance promise de 10% de son dividende par année, grâce à ses projets existants et à la hausse de ses tarifs réglementé­s, estime Matthew Akman, analyste chez Banque Scotia.

Des installati­ons d’énergie renouvelab­le d’une valeur de 1,1 G$ devraient entrer en service entre 2016 et 2018, ce qui augmentera de 56% sa capacité installée, précise Bill Cabel, analyste chez Desjardins Marché des capitaux.

À moyen terme, Algonquin aimerait aussi doubler à un million le nombre des clients de sa division Liberty, au moyen d’acquisitio­ns, indique Ben Pham, analyste chez de BMO Marchés des capitaux. — D. BEAUCHAMP

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