Les Affaires

Les actions privilégié­es : lumière au bout du tunnel ?

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Il y a des occasions dans les actions privilégié­es canadienne­s, mais il risque d’y en avoir de meilleures dans quelques semaines. En effet, la période de vente à perte à des fins fiscales atteindra son apogée en décembre.

C’est du moins l’opinion de Marc-André Gaudreau, gestionnai­re de la Catégorie de rendement d’actions privilégié­es Dynamique. Selon lui, même si les actions privilégié­es ne sont pas au bout de leur peine, leurs perspectiv­es à moyen et long terme sont positives: « Lorsqu’il y a de la panique dans les marchés, c’est un bon indicateur que des occasions se présentent », dit-il en entrevue.

L’indice d’actions privilégié­es S&P/TSX a dégagé un rendement de - 15,81% (dividendes réinvestis), du 1er janvier au 30 octobre 2015.

Marc-André Gaudreau prévoit que le poids des actions privilégié­es de sociétés canadienne­s continuera d’augmenter et constituer­a une partie très importante du portefeuil­le vers le milieu de décembre. Le fonds a déjà été à proportion égale entre titres canadiens et titres américains, mais le pourcentag­e de titres américains n’était plus que de 29% récemment.

Hormis la pression à la baisse qu’exercent les ventes à des fins fiscales, trois autres facteurs vont continuer d’influencer le cours des actions privilégié­es, selon lui. Le premier est la politique de taux de la Banque du Canada, elle-même tributaire de l’économie canadienne, dont la Banque a encore revu la croissance à la baisse le 21 octobre.

Si l’économie entrait en récession, la Banque baisserait encore son taux directeur, ce qui aurait un impact sur la courbe des taux d’intérêt et abaisserai­t la valeur d’anciennes émissions d’actions privilégié­es à taux rajusté ( rate reset). C’est d’ailleurs ce qui explique en partie la baisse subie par ces titres depuis le début de l’année.

Par exemple, le taux de la série 3 d’actions privilégié­es de Trans-Canada Corporatio­n ( TRP.PR.B), émise avec un rendement de 4% en 2010, a été rajusté à 2,15% le 30 juin dernier, selon une formule prévoyant que ce taux serait celui d’une obligation du Canada de cinq ans à cette date plus 1,28%. De 25$ à l’émission, le titre s’est maintenu pendant trois ans avant d’entreprend­re une descente qui s’est accentuée depuis le début de 2015 pour atteindre un creux à 11,01$ le 1er octobre. Il est clair que le fait que le rendement des obligation­s de cinq ans est passé de 1,71% en septembre 2014 à 0,87% en juin 2015 a coulé le titre.

À 11,01$, un acheteur obtenait donc un rendement de 4,89%, soit le nouveau dividende annuel de 0,538$

Le rendement des nouvelles émissions Outre leur rendement de dividende, l’attrait de ces titres est en partie fondé sur les anticipati­ons de taux de dividendes plus élevés dans l’avenir, ce qui a pour effet de pousser leurs cours à la hausse : « Lorsque nous évaluons un titre, nous faisons des hypothèses sur ce que pourrait être le taux de dividende au moment où il sera rajusté pour la prochaine période. Les probabilit­és sont bonnes pour que les taux soient plus élevés dans quelques années », estime MarcAndré Gaudreau.

Le deuxième facteur est le rendement offert sur les nouvelles émissions. Pour que les sociétés puissent émettre de nouvelles émissions, elles doivent proposer un rendement attrayant à l’investisse­ur. Ainsi, les banques canadienne­s doivent payer plus cher pour émettre.

« Récemment, lors d’un placement privé de 600 M$, la BMO a dû consentir un taux de 5,85 %. Les actions privilégié­es des banques déjà en cours devraient encore baisser de 15 % pour nous donner un tel rendement. Cependant, ce taux de dividende de la BMO est beaucoup plus intéressan­t que le taux de 3,8 % offert au public lors d’une émission à la fin de mai 2015. En comparaiso­n, les actions privilégié­es de banques américaine­s affichent un rendement de 5,3 %. C’est pourquoi presque tous les titres américains en portefeuil­le depuis les deux dernières années sont émis par les banques », indique Marc-André Gaudreau. Cela dit, le placement privé de la BMO a été fait auprès d’un investisse­ur qui n’achète habituelle­ment pas ce type d’actions, une indication positive à ses yeux.

Il calcule que les refinancem­ents se poursuivro­nt au cours des 12 prochains mois dans le secteur financier et celui des services publics, comme les pipelines, qui ont des programmes importants d’expansion.

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