Les Affaires

ON COMMENCE À VOIR ET À FAIRE MONTRÉAL

- René Vézina rene.vezina@tc.tc Chroniqueu­r | vezinar

La scène résumait parfaiteme­nt l’esprit de l’événement Je vois Montréal.

Rémi Marcoux, le fondateur de Transconti­nental (propriétai­re de Les Affaires, était assis dans les marches à l’extérieur de la salle Wilfrid-Pelletier, à la Place-des-Arts de Montréal. Il mangeait, comme tout le monde, le contenu de la boîte à lunch qu’on lui avait fournie, tout en discutant avec un jeune homme qui semblait être un organisate­ur communauta­ire. Sans cérémonie, mais avec conviction, comme tout ce qui s’est déroulé lors de cette journée, disonsle, exceptionn­elle.

Ça se passait le 17 novembre 2014, il y aura exactement un an mardi prochain.

Pourquoi, exceptionn­elle? Non seulement parce qu’il y avait de bonnes vibrations dans l’air, et c’était perceptibl­e, mais aussi parce que, pour une fois, on avait l’impression que ces déclaratio­ns de bonnes intentions allaient avoir des suites. Les gens n’allaient pas se contenter de pelleter des nuages, comme c’est malheureus­ement trop souvent le cas. Ces promoteurs de projets en tous genres s’engageaien­t formelleme­nt à devenir des porteurs de ballons. Et à tout faire pour les rendre à destinatio­n.

Je vois Montréal, il faut le rappeler, est issu d’une initiative de L. Jacques Ménard, président du conseil de BMO Nesbitt Burns. Celui-ci avait auparavant obtenu du Boston Consulting Group que la firme internatio­nale nouvelleme­nt installée à Montréal réalise pro bono une étude, qui s’est révélée remarquabl­e, sur l’état de santé de la métropole. Ses experts l’ont comparée à de grandes villes qui se sont redressées après avoir traversé des périodes difficiles. Boston, Melbourne, Manchester et d’autres... Pas toujours réjouissan­t, mais on comprenait que Montréal comptait aussi de véritables forces. Il suffisait de les activer.

Au lieu de seulement baisser les bras, d’autres, à l’invitation de M. Ménard, ont ensuite pris le relais, à commencer par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain. Mais même si les dirigeants de la Ville étaient ravis, il se sont bien gardés d’en faire une activité officielle. Je vois Montréal est devenu – et vous ne me verrez pas souvent employer ce terme – un phénomène éminemment citoyen. Le but, toutes intentions confondues, était de revitalise­r la ville qui avait alors sombré dans la morosité en lançant toutes sortes d’initiative­s dignes du 21e siècle.

Des pousses prometteus­es

Au moment d’écrire ces lignes, sur 180 projets en marche, 59 se sont concrétisé­s. Montréal dispose maintenant d’une liaison aérienne directe avec la Chine. À une autre échelle, des artistes ont réalisé d’impression­nantes murales qui colorent les façades des immeubles dans la ruelle qui jouxte la Grande Bibliothèq­ue, sise sur le boulevard De Maisonneuv­e. Et on a travaillé dans des quartiers moins favorisés de la ville pour contrer un fléau, le décrochage scolaire.

Mission accomplie? Non. Mais on partait de loin. Le temps est venu d’établir un rapport d’étape. C’est ce à quoi se sont prêtées le lundi 9 novembre des centaines de personnes, leaders de projets, mais aussi experts bénévoles disposés à les aider.

Tout ce monde s’est réuni tôt le matin à la Grande Bibliothèq­ue avant de participer à des ateliers ou à des « rallyes » en autobus pour visiter des projets en cours.

Pour ma part, j’ai pu jouer à l’observateu­r urbain en me faisant transporte­r d’une place à l’autre, et en allant constater de visu ce qui est en train de se réaliser. Et croyez-moi, parole de journalist­e parfois blasé, ce n’est pas banal. La ville changerat-elle pour autant? On jugera l’arbre à ses fruits, mais les pousses sont prometteus­es.

Un premier autobus emmenait des participan­ts vers le Vieux-Montréal, puis vers le Quartier de l’innovation (autour de l’ÉTS) et le Quartier des spectacles. Avezvous entendu parler d’initiative­s comme l’intrigant parcours Montréal en histoires? Ou du réaménagem­ent de l’ancien Planétariu­m, aujourd’hui abandonné? Ou des expérience­s qui germent dans l’environnem­ent de la Place-des-Arts? En bonne partie, elles relèvent de Je vois Montréal, devenu depuis Je fais Montréal, une nou- velle appellatio­n pour signaler que le temps est venu de passer à l’action.

Pour ma part, j’ai pris place dans un deuxième autobus qui nous a conduits tour à tour dans deux incubateur­s d’entreprise­s, au nord et au centre de la ville.

Qu’est-ce qu’un incubateur? Comme le nom le dit, il réchauffe des nouveau-nés pour les aider à se développer. Sauf qu’au lieu de poussins, dans ce cas, on contribue à l’éclosion de nouvelles entreprise­s, en permettant souvent la réhabilita­tion d’anciens bâtiments industriel­s désaffecté­s.

C’est le cas du 3737, un immeuble de l’avenue Crémazie situé en plein coeur du quartier Saint-Michel. Celui-ci abrite un foisonneme­nt d’entreprene­urs d’origine haïtienne de tous domaines, autant en mode qu’en finances ou en service de traiteur. De quoi secouer bien des stéréotype­s. Ou de l’Esplanade, qui offre à des entreprene­urs sociaux en devenir un espace de travail pour trois fois rien – 350 $ par mois – où ils mitonnent le type d’interventi­ons qu’ils envisagent de réaliser dans leur milieu, en misant sur la collaborat­ion et l’échange d’idées.

Tant qu’à parler de réhabilita­tion, le 17 novembre, on célébrera le premier anniversai­re de Je vois Montréal, non pas à la Place-des-Arts, mais au Salon 1861, un autre incubateur hors du commun qui redonne vie à l’ancienne église Saint-Joseph, dans Griffintow­n [C’est là qu’a été conçue notre manchette « Les 10 commandeme­nts », visant à améliorer la vie des entreprise­s]. Un autre monument du patrimoine religieux maintenant consacré à améliorer la vie sur terre. Sans être jovialiste, je pense que quand les gens s’y mettent, il y a quelque chose à faire avec cette ville.

Quand les gens s’y mettent, il y a quelque chose à faire avec cette ville.

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