Le concierge GDI doit regagner sa crédibilité
GDI Services aux immeubles
Le fournisseur de services de conciergerie GDI Services aux immeubles a connu toute une raclée en août, à la suite de deux trimestres qui n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Après avoir grimpé jusqu’à 23 $, l’action de l’entreprise montréalaise dirigée par Claude Bigras a perdu 40% jusqu’au 23 octobre.
Les analystes cherchent à comprendre comment les dirigeants n’ont pas vu venir les pressions sur les marges que provoquent la baisse du taux d’occupation de certains immeubles au Canada et des concessions de prix, si peu de temps après avoir récolté 150 M$ des investisseurs.
Le bénéfice d’exploitation de ses services de conciergerie au Canada a décliné de 15,4% au troisième trimestre. L’entretien d’immeubles à Calgary et à Edmonton, au coeur de l’industrie pétrolière, représente 10% de ses revenus.
De plus, sa dette encore élevée ralentira la stratégie d’acquisitions du consolidateur, note Damir Gunja, de Valeurs mobilières TD.
Les dirigeants avaient promis 100 M$ d’acquisitions par année. M. Gunja n’en prévoit aucune l’an prochain.
Il faut dire que la société de Montréal en avait aussi mis plein la vue lors de son dernier passage en Bourse.
Ses revenus avaient crû à un rythme annuel de 19%, son bénéfice, à une cadence annuelle de 21%, tandis que son action avait procuré un rendement annuel de 16% de 2007 à 2011.
La société avait aussi bouclé 21 acquisitions sans sacrifier sa marge d’exploitation de 6%. Or, ces marges sont inférieures à 6% aux deux premiers trimestres dévoilés depuis le mois de mai.
Dans leurs premiers rapports de recherche, les analystes avaient aussi fait valoir que ses clients fidèles et les flux de trésorerie réguliers des contrats d’entretien donnaient beaucoup de visibilité à la croissance.
L’appétit des pros pour des modèles d’entreprises simples et des stratégies de croissance claires, dans une industrie stable, avait alors gonflé son évaluation à un niveau ne supportant pas l’erreur.
Même s’il croit encore au potentiel de consolidation de GDI à long terme et qu’il apprécie autant les revenus réguliers des services d’entretien, la trajectoire plus lente de la société ne justifie plus le même multiple d’évaluation. M. Gunja a donc charcuté son cours cible de 21 à 15$ le 12 novembre.
Chase Bethel, de Desjardins Marché des capitaux, a aussi ramené son cours cible à 17,50$ parce que l’endettement élevé justifie que l’action s’échange avec un léger rabais par rapport à l’évaluation des sociétés comparables.
D’autres analystes jugent au contraire que l’action a été trop punie pour des revers qui se révèleront bien temporaires dans le long parcours de la société.
« L’évaluation de GDI est tombée à 8,3 le bénéfice d’exploitation prévu en 2016, un rabais par rapport au multiple moyen de 11 fois de ses semblables », signale Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, le 12 novembre.
La société a déjà réduit des coûts et a décroché de nouveaux contrats qui améliorent ses marges au Canada, signale-t-il.
L’analyste maintient donc son cours cible de 21$, ce qui laisse entrevoir une remontée de 36% et le retour à un multiple de 11 fois.
M. Aghazarian est persuadé que les acquisitions reprendront de plus belle l’an prochain, une fois que GDI aura rétabli ses marges et intégré Ainsworth, une société torontoise acquise le 11 novembre.
M. Aghazarian rappelle que l’achat du spécialiste de l’entretien d’équipements mécaniques et électriques et de systèmes de chauffage, ventilation, climatisation et réfrigération fera de GDI le premier guichet unique pour l’ensemble des services d’entretien des immeubles au pays. Le potentiel de ventes croisées est intéressant, reconnaît M. Gunja, mais la société aura fort à faire pour relever les marges de 2,5%. — D. BEAUCHAMP