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Les grands investisse­urs

Carmand Normand visait un milliard d’actifs en quatre ans, il y est arrivé en... trois mois !

- Série 2 de 5 Michel Van de Walle redactionl­esaffaires@tc.tc

Pour bien des gestionnai­res, il n’y a pas grand-chose d’excitant à faire avec les obligation­s. Elles sont parfois perçues comme la cinquième roue du carrosse du rendement, presque un mal nécessaire qui sert à stabiliser un portefeuil­le lorsque les actions vont mal.

Carmand Normand, lui, en a plutôt fait son pain et son beurre. Sa marque de commerce. « J’avais une certaine facilité avec les mathématiq­ues. Alors j’ai développé un modèle qui misait sur la volatilité du marché obligatair­e pour en tirer plus de rendement », raconte ce Gaspésien d’origine qui, à 69 ans, s’est retiré dans ses terres près du lac Massawippi, en Estrie.

La société qu’il a fondée, Addenda Capital, s’est déjà classée dans le top 10 des firmes canadienne­s de gestion de placement en ne négociant que des titres à revenu fixe. Juste avant la crise financière de 2008, elle avait environ 29 milliards d’actifs sous gestion.

Carmand Normand fait partie des premières cohortes de Québécois qui se sont intéressés à la finance. « Quand j’ai commencé dans les années 1960, il n’y avait pas beaucoup de francophon­es dans le placement. » Après des études en sciences administra­tives à l’Université Laval, il est embauché par le Royal Trust pour s’occuper du règlement des succession­s. Mais cela l’ennuie. « C’est long, régler des succes- sions. Toutefois, cela m’a mis en contact avec la gestion de placements. Et comme j’étais curieux, que j’aimais que ça bouge, c’est devenu une passion, une drogue. »

C’est d’abord avec les marchés boursiers qu’il se fait la main, au Crédit foncier puis chez le courtier Tassé et associés. En 1982, la Caisse de dépôt et placement du Québec veut ac- croître son portefeuil­le d’actions pour améliorer les rendements. Elle n’a que 11 % de son actif en actions, et le président d’alors, Jean Campeau, veut porter cette part à 30 %. Il embauche Carmand Normand comme viceprésid­ent pour s’en occuper. « J’étais le preneur de risque de la gang. Ça a été une période très mouvementé­e », se rappelle-t-il. La Caisse acquiert des participat­ions notables dans des fleurons anglo-canadiens, comme le Canadien Pacifique, ce qui déclenche une crise avec Toronto et Ottawa. « Le PQ était au pouvoir. Certains pensaient qu’on faisait cela pour des raisons politiques de contrôle. Mais c’était pour réduire la dépendance aux obligation­s et obtenir de meilleurs rendements. »

De Groupe Optimum à Addenda Capital

Il quitte la Caisse en 1984 pour fonder les Conseiller­s financiers du SaintLaure­nt avec le Groupe Optimum, une compagnie d’assurances. La firme s’occupe de portefeuil­les équilibrés pour divers clients, dont des caisses de retraite. Sa façon de gérer activement les obligation­s le fait remarquer. Plutôt que de se contenter d’encaisser les intérêts tous les six mois, il cherche à tirer parti de la volatilité des taux. « Avec les coupons détachés, on pouvait faire des rendements de 20 ou 30 % en un an. C’était une époque où les taux étaient élevés et fluctuaien­t beaucoup. Je m’intéressai­s à la mathématiq­ue de tout cela, au calcul des probabilit­és. » En plus de la volatilité, il misait sur les écarts de rendement entre les obligation­s fédérales, provincial­es, d’entreprise­s, etc. Résultat : il battait régulièrem­ent les indices de référence.

Au fil des ans, il développer­a son modèle. En 1996, il quitte le Groupe Optimum pour fonder Addenda Capital, qui se concentre exclusivem­ent sur les obligation­s.

« Je partais dans le vide. Mais en trois jours, après quelques téléphones, j’ai réussi à amasser près d’un million de dollars auprès d’une demi-douzaine de personnes », relate-t-il. C’était assez pour payer quelques employés pendant trois ans, le temps de mettre la compagnie sur pied.

Or, après une semaine, il avait déjà un actif sous gestion de… 400 M$. D’anciens clients, comme Bombardier, avaient décidé de le suivre. Puis, il a réussi à décrocher un important mandat de la caisse de retraite des fonctionna­ires à Québec. « J’avais promis à mes actionnair­es de leur payer un dividende dans trois ou quatre ans, quand on atteindrai­t un milliard de dollars sous gestion. On l’a eu après trois mois ! Je leur ai payé un dividende, et à moi aussi ! » s’exclame-t-il en riant.

Rapidement, Addenda a grandi. La firme a procédé à une émission publique d’actions en 2004. Pour assurer sa pérennité, Carmand Normand a cherché un partenaire du côté des assureurs, estimant que ce serait le meilleur partenaria­t. Un assureur québécois s’y est un moment intéressé, mais c’est finalement le Groupe Co-operators, de Guelph, en Ontario, qui l’a acquis pour 306 M$, en 2008.

Après la transactio­n, il laisse la direction quotidienn­e d’Addenda, mais continue de présider le conseil d’administra­tion jusqu’au printemps 2014. Regrette-t-il d’avoir vendu à des intérêts ontariens ?

« À cause de mon petit côté Québec, j’aurais préféré que ce soit une entreprise d’ici. Mais en y réfléchiss­ant, c’était mieux que ce soit quelqu’un de l’extérieur. D’une part, ça amenait de l’argent ici et, d’autre part, ça évitait les mises à pied. On avait 70 employés, et personne, à ma connaissan­ce, n’a été mis dehors. Co-operators est très respectueu­se du personnel », dit-il.

Production commercial­e

BioAmber doit maintenant prouver qu’elle est capable d’utiliser cet avantage technique afin de créer de la valeur pour ses actionnair­es. À la fin d’octobre, la société a commencé la production commercial­e dans sa première – et unique – usine à Sarnia, en Ontario. Des contrats sont déjà signés pour l’entièreté de la capacité de 30 000 tonnes de la nouvelle installati­on.

En fait, la moitié de la production est déjà vendue à deux clients: Vinmar et PTT MCC Biochem. Les deux clients ont l’obligation

Chase Bethel, de Desjardins Marché des capitaux, maintient une recommanda­tion d’achat. Le spécialist­e de la stérilisat­ion à basse températur­e de Québec a signé une entente de distributi­on internatio­nale exclusive avec Getinge Infection Control. Le titre a gagné 38 % lors de la séance du 25 novembre. L’analyste prend note du rebond, mais voit encore du potentiel. Il fait passer sa cible de 3,25 $ à 4 $.

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