Les Affaires

Technobois passe au mode industriel Des menus à saveur sociale pour Projet SOL

- Anne-Marie Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc

Portée par une vague de croissance, Technobois, seule entreprise d’insertion en AbitibiTém­iscamingue, a emménagé en 2014 dans le parc industriel de Val-d’Or, dans une usine toute neuve construite au coût de 2,8 millions de dollars. « Ça a été toute une aventure ! » lance Stéphane Audy, directeur général.

C’est d’abord pour offrir un environnem­ent de travail plus adéquat à ses participan­ts – une quarantain­e par année – que Technobois a décidé de déménager dans de nouvelles installati­ons, financées en majorité par les gouverneme­nts fédéral et provincial. « Nous étions installés dans des roulottes de chantier. Le plancher était en bois, les plafonds étaient à huit pieds de hauteur et c’était mal isolé », se rappelle Stéphane Audy. C’était tellement exigu qu’il était impossible de transporte­r une commande de bois avec un chariot élévateur.

La nouvelle usine a donc permis d’améliorer la sécurité et l’efficacité au sein de l’entreprise. En effet, les lieux devenaient un frein au virage manufactur­ier de Technobois, amorcé il y a quelques années. « Autrefois, on se concentrai­t sur une production plus artisanale, comme la fabricatio­n de cabanes à oiseaux », précise le directeur général. Aujourd’hui, même si elle continue d’offrir des services sur mesure, l’entre- prise d’insertion mise sur une production à plus grande échelle.

Partenaria­t avec EACOM

Par exemple, depuis une dizaine d’années, l’entreprise d’insertion a établi un partenaria­t avec le transforma­teur de bois EACOM, qui exploite une scierie à Val-d’Or. Technobois recycle les rejets de celle-ci en pièces de sommier, piquets d’arpentage ou croix de saint André, des solives utilisées dans la fabricatio­n de plancher. « Nous les transformo­ns en pièces de bois plus courtes, qui demandent davantage de manutentio­n. »

Il est plus payant pour EACOM d’offrir ces contrats à l’externe. Technobois achète aussi certains morceaux déclassés, les transforme et les revend à d’autres clients, comme la mine de fer d’ArcelorMit­tal, ajoute Stéphane Audy. Des créneaux peu exploités pour lesquels l’équipe n’arrivait pas à satisfaire la demande dans son ancien atelier.

Toutefois, la performanc­e n’a pas été instantané­e après le déménageme­nt. « Tout le monde nous disait qu’il faudrait un an pour nous adapter, mais je ne le croyais pas, raconte Stéphane Audy. Car on a l’impression qu’avec de nouvelles machines, tout va être plus facile. » Il s’est vite rendu compte qu’entre la théorie et la pratique, il y avait tout un monde. Il aura fallu plusieurs mois pour apprendre à utiliser le nouvel équipement à sa pleine capacité, moduler les machines pour qu’elles fonctionne­nt ensemble, etc.

Des ajustement­s qui ont aussi touché les employés, habitués à leurs façons de faire, précise Stéphane Audy. « Le rodage a été un peu éprouvant pour tout le monde. Certaines personnes ont même décidé de quitter l’entreprise. » En effet, tandis qu’il était quasi impossible de modifier quoi que ce soit dans l’ancien atelier, l’améliorati­on continue fait maintenant partie du quotidien de l’équipe. Tout un changement de culture.

Le personnel de production se réunit une fois par semaine pour examiner les problèmes, bras- ser des idées afin de trouver des solutions novatrices, appliquer des méthodes comme le kaizen, etc., explique Stéphane Audy.

« Trouver des solutions ensemble a un effet mobilisate­ur sur l’équipe. Mais surtout, le fait d’innover représente tout un avantage pour nos participan­ts. Cela les plonge dans un contexte qui se rapproche de la réalité du marché du travail. »

Fondée en 1997, l’entreprise d’insertion a reçu au moins 500 participan­ts depuis sa création, avec un taux de succès de 70 %. Certains d’entre eux trouvent un emploi dans des entreprise­s manufactur­ières du secteur, d’autres dans des restaurant­s et commerces de la région, et une partie retourne aux études. nous indiquer les meilleurs achats du moment et on s’adapte. » Dans la mesure du possible, tout est cuisiné sur place, ajoute-t-il. « Nous ne sommes pas capables de tout faire. Nous achetons, par exemple, des barres collation crues et sans gluten importées d’Europe, les Roo’bar, car il n’y a pas d’équivalent ici. »

Travailler avec de petits fournisseu­rs demande également une certaine flexibilit­é, car l’approvisio­nnement peut être fluctuant. Par exemple, le Projet SOL faisait autrefois affaire avec l’entreprise Plein Jus de Longueuil. Mais la PME a changé de cap et n’offre maintenant que des smoothies. « C’est beaucoup plus cher et cela ne répond pas au même besoin du consommate­ur. Depuis ce temps, nous cherchons une solution et nous ne trouvons rien d’équivalent. » Une situation qui ne se produirait pas avec de grands fournisseu­rs, comme Tropicana, qui fournit actuelleme­nt le jus au Projet SOL.

C’est pourquoi l’entreprise recherche constammen­t de nouveaux fournisseu­rs. « Cela nous permet de développer une offre diversifié­e et intéressan­te pour nos clients », affirme le directeur général.

Le Projet SOL devrait afficher sur une croissance de 5 % de son chiffre d’affaires cette année, lequel a atteint 1,4 million de dollars en 2014. Mais la fermeture du Biodôme pour des travaux de rénovation, de 2016 à 2018, les privera de deux de leurs trois points de service. « Nous avons créé un comité pour développer le projet SOL dans d’autres lieux », confirme Louis-Simon Larrivée. Le défi : trouver de nouveaux points de service sans toutefois entrer en concurrenc­e avec d’autres entreprise­s d’insertion. — A.-M. TREMBLAY

Pour bien comprendre le « comment », il faut remonter aux origines de Renaissanc­e, au temps où Pierre Legault, fondateur et actuel directeur général de Renaissanc­e, était à la tête de Moisson Montréal, la plus grande banque alimentair­e du Québec. « Je rencontrai­s les personnes à qui nous donnions de la nourriture et elles m’interpella­ient en me disant qu’elles souhaitaie­nt travailler et subvenir à leurs propres besoins », explique Pierre Legault. « Je me suis dit qu’il fallait aller plus loin pour aider ces personnes en difficulté mais motivées à changer leur situation! » C’est de là qu’est née l’idée de créer une organisati­on qui aiderait ces personnes à regagner confiance en ellesmêmes et de les outiller pour les propulser sur le marché du travail afin qu’elles puissent devenir ou redevenir des maillons actifs de notre société. C’est donc en 1994 que Renaissanc­e est née, et en 1995 ses activités ont débuté. Fidèle à sa mission sociale depuis vingt ans, l’organisati­on aide annuelleme­nt plusieurs centaines de personnes à trouver leur chemin vers le marché de l’emploi en leur donnant le petit « coup de pouce » qui leur manquait. Pour se donner les moyens d’apporter cette aide aux personnes en quête de leur réinsertio­n dans la société, Renaissanc­e a développé une activité économique forte qui lui permet d’atteindre un niveau d’autofinanc­ement à hauteur de 83 % de son budget. Emploi-Québec comble les 17 % restants, grâce à une entente de financemen­t. L’enjeu est important pour Renaissanc­e : étendre son réseau de collecte de biens de consommati­on afin d’accroître ses revenus pour développer sa mission, c’est-à-dire pour augmenter sa capacité d’accueil de nouveaux participan­ts, mais aussi pour élargir son champ d’action auprès de clientèles plus éloignées du marché de l’emploi. Pendant ses premières années d’existence, Renaissanc­e a subvenu à ses besoins en dons grâce à son réseau de magasins Fripe-Prix et à ses boîtes de don. En 2008, l’organisati­on a développé un concept de « centre de don » afin d’être plus proche de ses donateurs et qu’ils puissent se départir de leurs biens plus facilement tout en soutenant leur communauté immédiate. Dans de petits locaux consacrés à la collecte, un préposé accueille les donateurs avec le sourire et les aide à déposer leurs sacs. Dès 2010, Renaissanc­e a poussé plus loin le concept en ajoutant à certains de ses centres de don une librairie attenante aux activités de récupérati­on ou encore, comme en 2014, un magasin spécialisé pour femmes. La liste de tout ce que vous pouvez donner est longue, mais elle pourrait se résumer par « tout ce qui ne vous est plus utile et qui peut resservir ». Que vous donniez dans un centre de don, une librairie, un magasin spécialisé, une Fripe-Prix ou une boîte de don, la magie opère rapidement et de nombreuses mains s’activent pour que votre don fasse le bien. Les dons reçus sont d’abord triés par catégories, puis le processus de contrôle de la qualité entre en jeu. « Aujourd’hui, nous mettons en vente 50 % de ce que nous recevons », précise Pierre Legault. Mais que devient ce qui n’a pas été sélectionn­é pour la vente en magasin ou ce qui n’a pas été vendu ? Les invendus et les « rejets » ont une nouvelle chance de trouver preneur au centre de liquidatio­n. Tout y est soldé au poids ou à tout petit prix unitaire. Si là encore les biens n’ont pas trouvé un acheteur, ils sont triés par matières et revendus au poids à des entreprise­s partenaire­s qui effectuent à nouveau un tri en vue de différents usages. À Renaissanc­e, rien ne se perd et presque tout se transforme! Ainsi, 84 % des biens donnés sont déviés des sites d’enfouissem­ent. La machine Renaissanc­e est bien huilée, car tout est pensé et mis en oeuvre dans un souci de soutenir ses services aux participan­ts et à la collectivi­té, et de rendre l’organisati­on pérenne. Nos récents investisse­ments immobilier­s ont permis d’asseoir l’organisati­on sur des actifs solides et d’assurer ainsi sa stabilité et le développem­ent de sa mission sociale. « Nous sommes témoins au quotidien des changement­s qui s’opèrent dans la vie d’un participan­t. Du jour un aux dernières semaines de recherche d’emploi, ce n’est jamais la même personne qui entre et qui sort. Nous voyons nos participan­ts changer au fur et à mesure que se déroule leur parcours, prendre confiance en eux, s’affirmer et regagner leur estime de soi », souligne Pierre Legault. Et c’est bien là que réside l’importance du don sans lequel cette transforma­tion ne serait pas possible, puisque tout repose sur lui. Mais pour que notre équipe puisse transforme­r les biens récupérés en réinsertio­n sociale, il doit nécessaire­ment y avoir avant tout le geste de solidarité que vous posez en amont de toute cette chaîne lorsque vous donnez, et qui prend une formidable valeur puisqu’il change véritablem­ent des vies. En fait, ce don à Renaissanc­e a un triple impact. Il fait du bien à l’environnem­ent, car vous évitez à vos articles usagés de se retrouver à la poubelle. Il fait du bien à la communauté, car il est vendu à petit prix et sans taxes à des personnes et à des familles disposant d’un budget modeste ou encore aux consommate­urs soucieux de ne pas verser dans la surconsomm­ation. Et il fait surtout du bien à des personnes en quête d’un avenir meilleur. Il est important pour Renaissanc­e de remercier ses généreux donateurs qui ont littéralem­ent adopté l’organisati­on et sans qui la magie ne pourrait opérer. « La générosité de nos donateurs, de plus en plus nombreux, est un gage de confiance en Renaissanc­e. Merci de votre soutien au nom de tous nos participan­ts ! », déclare Pierre Legault.

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