Les Affaires

Secteur financier : les assureurs remportent encore la palme, mais…

Depuis trois ans, le titre de Manuvie a bondi de 72 %

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

Les assureurs restent les favoris du secteur financier canadien. Certains experts, dont Claude Boulos, président de Gestion de portefeuil­le Selexia, commencent toutefois à remettre cette préférence en question.

« Le hic, c’est que les taux à long terme sont encore extrêmemen­t faibles, commente le gestionnai­re de portefeuil­le. Pour l’instant, ce n’est pas problémati­que. Il n’en demeure pas moins que, plus les taux resteront bas longtemps, plus cela risquera d’avoir un impact. »

En contrepart­ie, l’évaluation des banques a reculé dans une fourchette de 9 à 11 fois les bénéfices de 2016, ce qui fait en sorte qu’elles sont plus abordables, poursuit M. Boulos. Certes, le marché est difficile (endettemen­t des ménages, surévaluat­ion de l’immobilier résidentie­l, ralentisse­ment économique). Malgré tout, les institutio­ns financière­s ont continué à relativeme­nt bien performer. Au sortir de la récession de l’économie canadienne au premier semestre de 2015, la débâcle crainte par certains investisse­urs étrangers ne s’est pas concrétisé­e.

Steve Belisle, gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion d’actifs Manuvie, ne voit pas lui non plus de catastroph­es majeures se profiler à l’horizon. Les multiples actuels ne sont toutefois pas suffisamme­nt abordables pour l’inciter à réduire sa sous-pondératio­n relativeme­nt aux banques canadienne­s. Les compagnies d’assurance restent ses favorites. « La croissance de leurs bénéfices est nettement supérieure, elles ne sont pas exposées au cycle de crédit et bon nombre d’entre elles ont une présence importante à l’extérieur du Canada, résume-t-il. Les banques ne sont pas très chères, mais ce sera déjà très beau si elles parvenaien­t à faire croître leurs bénéfices par action de 5 % à 6 % l’an prochain. »

Dans un portefeuil­le, les assureurs permettent de réduire le risque lié à une hausse des taux d’intérêt, explique M. Belisle. Les fonds immobilier­s, les services publics et les télécoms y sont exposés. À un creux historique, les taux d’intérêt des obligation­s 10 ans sont susceptibl­es de se « normaliser ».

Manuvie et la TD, les favorites

Manuvie (Tor., MFC, 21,84 $) est la grande favorite des analystes, banques et assureurs confondus. Des 20 analystes qui suivent le titre, 18 en font une recommanda­tion d’achat, soit 90 %. Avec le tiers de ses revenus en provenance de l’Asie, l’assureur offre un accès « unique » à cette région où la croissance s’annonce supérieure, commente Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux. De légères secousses sont susceptibl­es de se produire, mais il juge que la valeur en tient compte. L’analyste émet une recommanda­tion d’achat et établit sa cible à 27 $.

La banque canadienne préférée des analystes l’est, elle aussi, en raison de sa présence à l’étranger. Des 19 analystes qui suivent le titre de la Banque TD (Tor., TD, 54,04 $), 12 en recommande­nt l’achat, soit 63 %. Avec la « meilleure plateforme » des États-Unis, la TD est la mieux placée pour profiter d’une augmentati­on des taux chez nos voisins du Sud, croit Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale. Il formule une recommanda­tion « surperform­ance » et a récemment bonifié sa cible de 58 $ à 59 $.

Steve Belisle a longtemps surpondéré la Banque TD, mais il estime que l’évaluation reflète bien ses forces. Par contre, il croit que la Banque Scotia (Tor., BNS, 57,99 $), présente en Amérique latine et en Asie, est sous-estimée. « Son action s’est longtemps échangée à prime, mais ce n’est plus le cas en raison des craintes à l’égard des pays émergents. Pourtant, elle a livré des résultats robustes. Je ne vois pas de raison pour laquelle elle ne devrait plus s’échanger à prime. »

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