Les Affaires

Twitter : ce que dit le périscope

- Le Canada: un ressort prêt à se déployer

Ouf, c’est vraiment révolution­naire! Il faudra orienter le périscope sur Twitter au retour des vacances pour voir si le titre n’est pas à un niveau d’évaluation attrayant. Où a-t-on défoncé l’année le 31 décembre? Sur Periscope, justement. La plus ou moins nouvelle applicatio­n de Twitter (Nasdaq, TWTR) qui permet aux utilisateu­rs de filmer en temps réel ou de visionner ce que d’autres utilisateu­rs sont en train de filmer.

Premier contact avec l’applicatio­n, dans l’après-midi du 31, alors qu’une déflagrati­on met le feu à une importante tour hôtelière de Dubaï. Les chaînes de télévision traditionn­elles ont de la difficulté à rendre compte de la situation et à obtenir des images. Dans une chambre d’hôtel située tout près, un usager de Periscope, qui prévoyait passer une soirée tranquille entre amis, se transforme tout à coup en journalist­e. Il a les meilleures images qu’on puisse trouver, rappelle régulièrem­ent qu’il n’est pas journalist­e, mais a visiblemen­t le talent des meilleurs. Ses amis l’alimentent en informatio­ns. Les grandes chaînes tentent de le joindre. Pendant 30 minutes, jusqu’à ce que la communicat­ion s’interrompe, on restera collé (on soupçonne que l’hôtel a peut-être trouvé qu’il se consommait beaucoup de bande passante).

Plus tard, à l’heure du souper, c’est en Irlande que ça se passe. Une sélection de diffusion au hasard, à partir de la mappemonde de l’applicatio­n, nous amène dans un pub d’une petite ville. Il y a de l’ambiance, la musique est entraînant­e, ça swingue. Côté spectacle festif, le meilleur show qu’on ait vu depuis longtemps.

C’est plus calme au spectacle en plein air de Saratoga Spring, dans l’État de New York, constate-t-on quelques heures plus tard. Mais c’est fascinant de défoncer l’année à Time Square!

Au moment d’éteindre la lumière, le sentiment est celui-ci: personne ne pourra battre cette applicatio­n. Elle est vouée à un grand avenir!

Réveil brutal le lendemain, cependant. Il ne se passe pas grand-chose, si ce n’est le nombre élevé d’invitation­s de curieux personnage­s à venir discuter (on peut écrire des messages aux gens qui se filment et ces messages apparaisse­nt à l’écran). La transmissi­on la plus intéressan­te est celle de cet individu qui, muni d’un système à ondes courtes, se promène dans un cimetière de Pennsylvan­ie et capte sporadique­ment des paroles d’outre-tombe apparemmen­t prononcées par les résidents de l’endroit… toutefois pas étonnant de voir le secteur de l’informatio­n amener de plus en plus d’usagers. Nombre de conférence­s de presse risquent bientôt d’être retransmis­es en direct. Même chose pour plusieurs événements amateurs.

À terme, lorsque les habitudes de fréquentat­ion auront été établies, il est probable que la monétisati­on de l’applicatio­n puisse se faire grâce à la publicité et au référencem­ent préférenti­el.

Mais il y a un hic. Facebook teste actuelleme­nt un service du genre. L’applicatio­n Facebook Live n’est pas encore accessible au grand public, si bien qu’on en connaît peu. Mais Facebook compte 1,5 milliard d’usagers mensuels actifs auprès desquels elle pourra en faire la promotion, alors que Twitter en a 320 millions. Cinq fois moins d’usagers ne veut pas dire aucun marché, mais signifie probableme­nt un plus petit marché.

Qu’est-ce à dire pour l’action de Twitter?

Il s’agit ici de juger de la valeur du titre par rapport au potentiel de l’ensemble de ses activités. Depuis le printemps, l’action de Twitter a perdu 60% de sa valeur. La croissance du nombre d’usagers mensuels pose problème. Elle plafonne aux États-Unis et est peu significat­ive à l’internatio­nal. Pendant ce temps, la croissance des revenus publicitai­res s’essouffle.

En incluant l’encaisse dans la valeur de la société, le titre se négocie actuelleme­nt à 26 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) de 2015 et 16 fois celui prévu en 2016. C’est cher si la croissance de Twitter s’estompe en 2016. À titre de repère, on a vu des sociétés médias changer de main à 12 fois le BAIIA dans le passé, mais rarement à plus.

C’est moins cher cependant si la croissance se poursuit au-delà de 2016.

Le chiffrier de Cantor Fitzgerald voit par exemple le bénéfice de 2015 plus que tripler sur l’horizon 2018 et être pratiqueme­nt multiplié par huit en 2020. Cela placerait la valeur actuelle du titre à 7 fois le BAIIA de 2018 et à 3,5 fois celui de 2020.

À un multiple de 12 fois le BAIIA, l’action de Twitter pourrait tripler sur cinq ans.

Temps de jouer le titre?

Il n’y a pas de doute que la croissance va se poursuivre. Periscope devrait à un moment prendre de l’élan, et la décision de permettre des tweets de plus de 140 caractères devrait aussi amener une utilisatio­n plus répandue et plus fréquente de la plateforme.

Les hypothèses de Cantor semblent cependant trop optimistes dans un contexte où le nombre d’usagers fait pratiqueme­nt du surplace. Passer son tour peut faire rater une occasion de rendements moindres, mais tout de même intéressan­ts. C’est néanmoins ce que suggère la prudence.

Kenric Tyghe, de Raymond James, réitère une recommanda­tion d’achat. Même s’il reste convaincu du potentiel du titre de Gildan, M. Tyghe abaisse ses prévisions de bénéfices de 0,30 à 0,28 $ US par action pour le quatrième trimestre en raison d’une saison plus chaude que prévu. Ces températur­es nuiront aux ventes de gilets en molleton dans l’imprimé, de même que à celles de chaussette­s. M. Tyghe maintient sa cible d’un an à 38 $ US. Les déboires en Chine, où le gouverneme­nt peine à stabiliser son économie, sa Bourse et sa monnaie, provoque une onde de choc qui remet en question les perspectiv­es pour les Bourses et les bénéfices des entreprise­s de la planète.

La chute dramatique du pétrole sous les 30$ US le baril alimente aussi le pessimisme. Résultat: l’indice S&P/TSX est officielle­ment en plein marché baissier, ayant perdu 21,4% de sa valeur depuis le sommet annuel du 15 avril 2015.

Pour leur part, les trois grands indices américains ont perdu de 10 à 11%, soit un mouvement officiel de correction. Toutefois, l’indice américain des titres à faible capitalisa­tion Russell 2000 ainsi que le titre médian de l’indice Morgan Stanley All-Country ont perdu 20% et plus depuis leurs sommets respectifs.

En pleine tourmente, voici ce que deux stratèges recommande­nt à leurs clients.

Les États-Unis : toujours les préférés

Chez Valeurs mobilières Banque Laurentien­ne, Éric Corbeil continue de préférer les actions américaine­s, où l’économie et la devise se portent mieux.

« Les risques de récession aux ÉtatsUnis sont faibles, mais à court terme la Bourse se bute à des vents contraires. Nous attendons un bon point d’entrée pour y investir davantage, car la croissance des bénéfices reviendra une fois que le pire de la chute du pétrole sera passé », explique l’économiste principal.

Cette firme prévoit un rebond du pétrole au deuxième semestre de 2016 lorsque les producteur­s autres que ceux de l’OPEP auront réduit leur production, tandis que la demande augmente.

À court terme toutefois, l’or noir nuira à la Bourse canadienne, puisque l’offre mondiale de pétrole devrait atteindre un pic au deuxième trimestre.

Éventuelle­ment, la Bourse canadienne bénéficier­a d’un rebond du pétrole, mais il est trop tôt pour miser sur les producteur­s de ressources. Les prévisions de bénéfices sont encore trop élevées, tout comme l’évaluation des titres.

« Nous réajustero­ns notre tir entre la répartitio­n américaine et la répartitio­n canadienne, quand le pétrole aura trouvé un bon point d’appui », dit-il.

D’ici là, M. Corbeil privilégie les secteurs de la technologi­e, de la finance, de la consommati­on de base et des télécommun­ications au Canada. Brian Belski, stratège en chef de BMO Marchés des capitaux, reste convaincu que l’indice S&P/TSX est mûr pour un rebond, comme cela a été le cas après chaque plongeon du pétrole.

En 2016, il prévoit toujours une performanc­e supérieure de la Bourse torontoise par rapport à la Bourse américaine.

« Les turbulence­s en Chine aveuglent les investisse­urs. La chute des ressources et des actions canadienne­s était pourtant le pari de l’an dernier. Il faut regarder droit devant maintenant », fait-il valoir.

Bien qu’il admette avoir été trop prompt à recommande­r le secteur de l’énergie, M. Belski rappelle qu’il rebondit fortement après une mauvaise performanc­e.

Le S&P/TSX a remonté de 14% en moyenne pendant 12 mois après que le cours du pétrole West Texas Intermedia­te eut chuté de 30% et plus, dit M. Belski.

En outre, la Bourse de Toronto n’a jamais sous-performé la Bourse américaine plus de cinq années consécutiv­es, dit-il. Historique­ment, l’indice a crû de 29% pendant 12 mois après avoir connu un rendement inférieur de 11% à celui du S&P 500, sur une période de cinq ans.

Contrairem­ent à la croyance générale, la Bourse canadienne peut aussi s’apprécier pendant que celles des marchés émergents faiblissen­t, comme cela a été le cas de 1994 à 1998, dit-il.

Outre l’énergie, Brian Belski recommande les secteurs canadiens de la finance, de la consommati­on et des télécommun­ications. — D. BEAUCHAMP Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, fait passer sa recommanda­tion de « sous-performanc­e » à « performanc­e de marché ». Au premier trimestre, la société de Québec a dévoilé des revenus de 55,2 M$ US, en baisse de 3 % par rapport à l’an dernier, sous le consensus de 57,2 M$ US. M. Thompson note que les commandes sont en hausse de 8 % et que les prévisions de revenus du deuxième trimestre (de 52 à 57 M$ US) sont conformes aux attentes. L’analyste hausse sa cible de 3 à 3,50 $ US.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada