Les Affaires

Sanimax transforme les carcasses en énergie

- Étienne Plamondon-Émond redactionl­esaffaires@tc.tc

Sanimax, une entreprise de récupérati­on de sous-produits agroalimen­taires, mettra en place en 2016 un projet de 1,5 million de dollars de récupérati­on des gaz à combustion relâchés par son usine de Montréal.

À l’aide d’un échangeur de chaleur, elle abaissera la températur­e des gaz de combustion évacués par les cheminées à l’extérieur. L’énergie récupérée permettra de produire de la vapeur basse pression, nécessaire au procédé d’évaporatio­n de certains sous-produits de protéines animales, tout en réduisant la quantité de gaz naturel actuelleme­nt utilisée pour cette tâche.

La nouvelle installati­on devrait aussi aider à réduire la consommati­on de diesel par l’entreprise, puisque celle-ci sera en mesure de diminuer ses coûts de transport. L’achemineme­nt des sous-produits agroalimen­taires depuis la métropole vers les autres usines de l’entreprise dans la région de Québec nécessiter­a moins de camionnage, puisque le procédé d’évaporatio­n réduira leur masse avant même qu’ils ne prennent la route. Ces mesures permettron­t à l’entreprise de réaliser des économies de 350 000 $ par an, selon Serge Morin, directeur des services d’ingénierie de Sanimax.

Chaudière à biomasse

En 2013, l’entreprise, qui récupère le gras, les protéines et la peau d’animaux abattus, avait réalisé un premier grand coup en inaugurant à son usine de Lévis une chaudière à biomasse capable d’incinérer des protéines issues de matières à risque spécifiées, potentiell­ement porteuses de l’encéphalop­athie spongiform­e bovine, également appelée « maladie de la vache folle ». Après l’épidémie et l’adoption de règlements par le gouverneme­nt fédéral pour l’enrayer en 2007, Sanimax avait dû séparer de ses lignes de production les restes de ruminants. Elle a toutefois continué à récupérer les parties sans danger de contaminat­ion. Quant à celles plus à risque, elle en a d’abord envoyé 12 000 tonnes par année dans un site d’enfouissem­ent spécialisé. Les coûts s’avéraient « exorbitant­s », puisque les frais pour les enfouir oscillaien­t entre 80 $ et 100 $ la tonne.

Pour se débarrasse­r de ces matières, l’entreprise a misé sur l’incinérati­on. Avec l’aide de la firme-conseil GCI Experts en énergie, de Sherbrooke, Sanimax s’est tournée vers l’Europe, où l’industrie semblait plus sensibilis­ée aux risques associés à la maladie de la vache folle. Elle a déniché une technologi­e danoise qui lui permettait d’incinérer ses déchets. Cette dernière était à la fois flexible et présentait le meilleur potentiel de destructio­n des protéines à risque, dans un laps de temps et à une températur­e qui respectaie­nt les critères de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. « Nous avons fait un test pour nous assurer que notre produit pouvait bien être brûlé dans cet équipement », précise M. Morin. La chaudière transforme désormais les résidus bovins à risque en cendre inerte pour ensuite engendrer la vapeur nécessaire à la cuisson de sous-produits agroalimen­taires.

Près de 55 % de cette vapeur est aujourd’hui créée par la chaudière à biomasse, alors qu’elle était auparavant complèteme­nt produite à l’aide de gaz naturel. Cette technologi­e engendre des économies en énergie fossile de 115 000 mètres cubes par semaine, soit près de 6 millions de m3 par année. Le coût global de ce projet a avoisiné les 16 millions de dollars.

Le rendement de l’investisse­ment a d’abord été estimé à huit ans, mais M. Morin reconnaît qu’il sera plus long que prévu à obtenir. Cela tient à la faiblesse du prix du gaz naturel et à la diminution de la matière première en raison de la fermeture d’abattoirs fournissan­t les résidus d’animaux. Des discussion­s ont été amorcées avec le ministère du Développem­ent durable, de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s du Québec afin de trouver des carburants de rechange, comme le bois contaminé.

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