Les Affaires

Des cabinets ouverts sur le monde

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Mondialisa­tion oblige, les cabinets de droit des affaires montréalai­s s’efforcent de servir leurs clients à l’extérieur de nos frontières, ainsi que de bien accompagne­r les entreprene­urs étrangers qui souhaitent s’établir au Québec.

« Si on m’avait dit, il y a trois ans, que j’accompagne­rais des clients à Moscou, Singapour ou Hong Kong, je ne l’aurais pas cru, dit Michel Brunet, président de Dentons Canada. Pourtant, c’est la réalité que nous vivons aujourd’hui. »

Créée en 2013 à la suite de la fusion des cabinets Salans, SNR Denton et Fraser Milner Casgrain, Dentons a vu les Américains de McKenna Long & Aldridge les rejoindre en 2015. Le cabinet est présent en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Le 18 décembre, grâce à une fusion avec les cabinets colombien Cárdenas & Cárdenas et mexicain López Velarde, Heftye y Soria, Dentons faisait son entrée dans ces deux grandes économies de l’Amérique latine.

« Nous avons eu l’occasion d’accompagne­r des entreprise­s d’ici qui avaient décroché des contrats d’animation aux Jeux olympiques de Sotchi ou d’autres à Hong Kong dans le domaine de la finance. Ce n’est pas anecdotiqu­e. C’est une tendance forte dans notre cabinet », explique Michel Brunet.

Suivre ses clients à l’étranger

« Entrer sur un marché étranger, être confronté à des règles, des moeurs, des cultures et des langues différente­s, cela représente toujours un risque pour nos clients, indique Xavier Van Overmeire, avocat-conseil et chef régional, commerce internatio­nal chez Dentons Canada. Ils sont plus à l’aise lorsqu’ils peuvent faire affaire avec les avocats qu’ils connaissen­t. »

Norton Rose Fulbright constate aussi cette importance redoublée des activités à l’internatio­nal. « Que ce soit pour des investisse­urs institutio­nnels québécois, des entreprise­s qui décident de prendre de l’expansion à l’étranger ou des entreprise­s étrangères qui souhaitent faire des acquisitio­ns au Québec, les transactio­ns multinatio­nales représente­nt des occasions d’affaires intéressan­tes », indique Alain Ricard, associé et administra­teur du groupe Droit des affaires au bureau montréalai­s de Norton Rose Fulbright. Cette internatio­nalisation touche également le recrutemen­t, comme le constate BCF : « Notre bassin de main-d’oeuvre, c’est maintenant la planète », dit l’associé directeur, Mario Charpentie­r.

Récemment, le cabinet a embauché des Américains, notamment en droit de l’immigratio­n et droit des brevets, des Russes, une Britanniqu­e et des Français. « Certains d’entre eux ont des doctorats d’université­s aussi prestigieu­ses que Stanford, Yale ou la Sorbonne, et ils souhaitent travailler chez nous, au Québec, poursuit-il. Cela témoigne d’une belle force d’attraction. »

Pour les jeunes avocats arrivant sur le marché du travail, le message est toutefois clair. La concurrenc­e est rude et peut venir de partout. Il faut donc s’armer d’une solide formation pour se démarquer.

Gestion serrée des coûts

Cette ouverture au monde arrive à point, car le marché montréalai­s offre peu de perspectiv­es de croissance aux cabinets de droit des affaires présenteme­nt. L’économie tourne au ralenti et les dirigeants d’entreprise subissent des pressions sur la gestion des coûts.

Les cabinets doivent donc redoubler d’imaginatio­n pour répondre à la frugalité de leurs clients. Trois éléments sont particuliè­rement importants, selon Alain Ricard : l’expertise, la prévisibil­ité des coûts et la gestion de ceux-ci. « Notre plateforme internatio­nale nous procure une masse de renseignem­ents à jour sur les industries de nos clients, souligne-t-il. Nous devons déployer cet arsenal de connaissan­ces dans l’accompagne­ment des projets de nos clients. C’est une véritable valeur ajoutée. »

Pour réduire les coûts, Norton Rose Fulbright a aussi fait des investisse­ments conséquent­s dans des systèmes informatiq­ues de gestion des connaissan­ces. Déployer ces systèmes dans l’ensemble du réseau à l’internatio­nal leur a permis de profiter d’économies d’échelle réduisant les coûts d’implantati­on.

« Ces investisse­ments génèrent des économies pour nous et nos clients à moyen terme, affirme Alain Ricard. On parle d’outils qui nous permettent de rédiger plus efficaceme­nt des premiers projets ou encore de logiciels de gestion de projet nous aidant à optimiser les ressources lors de nos vérificati­ons diligentes, etc. »

Chez Lavery, l’associé directeur Don McCarty constate, comme ses concurrent­s, que les entreprise­s confient une partie des mandats à l’interne et sont plus rigoureuse­s que jamais à l’égard des montants consentis aux cabinets pour des mandats externes. « Nous devons nous adapter, souligne Don McCarty. L’une des manières de le faire est de se montrer imaginatif sur le plan de la facturatio­n, en sachant que les entreprise­s ne souhaitent pas tant payer moins cher que prévoir avec le plus d’exactitude possible à combien la facture finale s’élèvera », explique-t-il.

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