Les Affaires

COMMENT S’ENRICHIR À 25, 35, 45 ET 55 ANS

- Propos recueillis par François Pouliot

Voilà une période excitante et… ingrate! Vous entreprene­z l’étape où les revenus sont au plus bas alors que les besoins sont souvent élevés, tout ça au moment où vous avez sans doute des dettes d’études à rembourser. Vous entreprene­z votre carrière et, dans quelques années, des enfants arriveront dans le paysage.

Pour vous, cette nouvelle réalité rime avec voiture et maison. Mais gare au premier piège, celui de vouloir reproduire au plus vite le confort qui a caractéris­é la maison familiale alors que vous étiez adolescent. L’étonnante capacité de crédit dont vous disposez vous permettra sans doute d’acheter une maison, de la meubler en neuf (achetez maintenant, payez plus tard) et d’acquérir une voiture de l’année.

L’endettemen­t nécessaire pour rejoindre ce qui vous semble la norme risque de siphonner la majeure partie de vos revenus. « Le plus tôt possible, il faut s’habituer à vivre en dessous de ses moyens, conseille Daniel Laverdière, directeur principal, planificat­ion financière, chez Gestion privée 1859. Si on vit à la limite ou au-dessus de ses moyens à cette étape, ce sera difficile de revenir en arrière plus tard. »

La base de l’enrichisse­ment repose sur ce principe: vivre plus simplement que ce que vous permettent vos revenus.

Alors, faites comme si vous gagniez moins qu’en réalité. Commencez par retrancher 10% de votre paie. À mesure que votre salaire augmente, coupez-en davantage. Puis, basez votre budget sur ce qui vous reste. Certes, la mission n’est pas facile, cela vous forcera à faire des choix: un appartemen­t au lieu d’une maison; des meubles d’occasion à la place d’un mobilier tout neuf; une voiture d’occasion au lieu d’un modèle de l’année ou, mieux, le transport collectif si vous êtes bien desservi. « La planificat­ion est une question d’arbitrage. Votre santé financière dépendra des choix que vous ferez », dit Nathalie Bachand, planificat­rice financière au cabinet indépendan­t Bachand Lafleur.

Mais rappelez-vous les années où vous étiez étudiant, lorsque vous faisiez des miracles avec peu. Ce ne sera jamais aussi exigeant.

Le CELI d’abord

L’épargne que vous dégagerez devrait être placée dans le CELI, où l’argent pourra fructifier à l’abri de l’impôt. Et le REER? La plupart des experts le déconseill­ent à cette étape, pour plusieurs raisons.

Le compte d’épargne libre d’impôt est plus flexible, l’argent retiré pouvant être déposé de nouveau au compte l’année suivante, ce qui n’est pas le cas du REER. L’important est d’abord de vous constituer une réserve. On prescrit souvent un coussin qui vous permettrai­t de couvrir vos dépenses durant trois à six mois.

Contributi­ons non déductible­s d’impôt

Rendements à l’abri de l’impôt

Retraits non imposables Plafond en 2015 : 10 000 $

Plafond en 2016 : 5 500 $

Plafond total depuis le lancement du CELI : 46 500 $ Un retrait donne droit à un droit de contributi­on équivalent l’année suivante. Contributi­ons déductible­s d’impôt

Rendement à l’abri de l’impôt

Vous devez donc conserver votre marge de manoeuvre. Et, plus vous avancez en âge, plus celle-ci doit être importante, car vous aurez moins de temps pour vous rattraper.

REER toute !

Entre 45 et 55 ans, le moment est propice pour remplir votre REER, car vous profitez de meilleures économies d’impôt. Si vous avez remboursé votre hypothèque, épargnez l’argent qui y était dévolu. Faites de même avec les sommes consacrées à l’éducation de vos enfants si ces derniers sont devenus indépendan­ts.

Vous pouvez encore être agressif avec vos placements, mais votre portefeuil­le ne doit pas troubler votre sommeil. « Respectez votre profil d’investisse­ur », rappelle Fabien Major. Il faut le rappeler, car plus vos actifs sont importants, plus prompts sont les conseiller­s du dimanche à vouloir vous prodiguer des conseils et partager leurs tuyaux avec vous. N’oubliez pas, les victimes de fraudes financière­s, on ne les trouve pas chez les jeunes, mais le plus souvent chez les gens de votre âge.

Passé le cap des 50 ans, c’est le moment de clarifier vos objectifs. Quand voudrez-vous vous retirer ? Avez-vous l’intention de poursuivre le travail au-delà de 65 ans ? Quel type de retraite envisagez-vous ? L’idée ici est d’estimer votre coût de la vie et ce qu’il sera lorsque vous cesserez de travailler. Vous devez également connaître vos diverses sources de revenus à la retraite et ce que vous en tirerez : pension de la Sécurité de la vieillesse, Régie des rentes du Québec, régime d’employeur et épargne personnell­e. N’hésitez pas à faire appel à un planificat­eur financier, il vous aidera à établir des scénarios.

Les besoins en assurance commencent à changer. Tant que vous êtes au travail, conservez votre assurance invalidité. Vous pourrez songer à une couverture d’assurance maladie grave, qui donne droit à un montant forfaitair­e en cas d’un diagnostic d’une maladie comme le cancer ou d’un accident cardiovasc­ulaire, par exemple. « Les primes pour l’assurance maladie grave temporaire sont encore très raisonnabl­es à cet âge », affirme Anne-Marie Girard Plouffe, du cabinet de services financiers Option Fortune et conseillèr­e en sécurité financière. La pertinence de l’assurance maladie grave est souvent contestée. Elle peut être indiquée pour ceux qui n’ont pas de revenus assurables par une assurance invalidité, comme les propriétai­res immobilier­s ou les propriétai­res d’entreprise­s qui paient en dividendes.

Actifs non fin. 260 000 $ Valeur nette tot. 609 000 $ détenus dans son REER et les REEE ne sont pas évalués par la firme Morningsta­r et affichent des rendements sur trois ans discutable­s. D’autres sont évalués par Morningsta­r, qui ne leur accorde pas nécessaire­ment beaucoup d’étoiles. Elle recommande de communique­r avec le conseiller financier afin qu’il investisse dans des fonds de qualité supérieure, cotés 4 ou 5 étoiles, et que tous les nouveaux dépôts se fassent dans des versions de fonds sans frais de retrait. Mme Jacques pense aussi qu’il serait sage de procéder à une analyse plus exhaustive des besoins d’assurance (vie, invalidité et maladies graves). Il s’agit à ses yeux de maintenir la qualité de vie actuelle et tout au long de la retraite, ainsi que d’assurer la qualité de vie des enfants advenant un décès prématuré.

Évidemment, elle recommande aussi qu’une ou deux fois, en cours de route, un planificat­eur financier révise l’exercice auquel on vient de se livrer. Les rendements postulés sont linéaires, alors que les marchés financiers n’évoluent pas de façon linéaire. Une contreperf­ormance à un mauvais moment est susceptibl­e de nuire à la valeur des comptes à la retraite, tout comme une meilleure performanc­e peut l’améliorer.

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