Les Affaires

Efficacité énergétiqu­e

- Étienne Plamondon-Émond redactionl­esaffaires@tc.tc

Réduire sa facture, un projet à la fois

L’efficacité énergétiqu­e n’est pas qu’une histoire de grandes entreprise­s. Elle constitue « une des valeurs profondes » des Vergers Paul Jodoin, affirme Alexandre Jodoin, directeur de production de ce fabricant de jus de 70 employés établi à Saint-Jean-Baptiste, en Montérégie. À tel point que cette préoccupat­ion a été intégrée à la plupart de ses initiative­s.

L’entreprise familiale créée en 1974 a commencé à implanter en 2015 des cellules d’améliorati­on continue dans chacun de ses services. Une première cellule a été mise sur pied en novembre dernier, et tous les services auront la leur au cours de 2016.

Ces groupes, qui réunissent chacun environ cinq employés une fois par mois, ont notamment pour mandat d’analyser l’efficacité énergétiqu­e des différents procédés pour proposer de petits projets en la matière. Cette façon de faire s’inspire de démarches en gestion des ressources humaines partagées par de grandes organisati­ons lors de colloques ou de rencontres avec d’autres entreprise­s du secteur alimentair­e.

« Le but est de faire participer les employés de production aux changement­s qu’on tente d’ap- porter en efficacité énergétiqu­e et en améliorati­on de la productivi­té, pour qu’ils encouragen­t ces changement­s », explique Alexandre Jodoin. Il s’attend, grâce à cette démarche, à faire émerger des idées concrètes pour, par exemple, augmenter la vitesse d’embouteill­age.

Dépasser les normes de l’industrie

Depuis cinq ans, l’ensemble des projets de remplaceme­nt de technologi­es auxquels était attaché un volet efficacité énergétiqu­e a exigé environ une dizaine de millions de dollars d’investisse­ment. « On est à l’étape de rentabilis­er ces investisse­ments. On vise donc un peaufinage des procédés. Cela prend plus de temps, mais c’est aussi important », précise-t-il. Cette dernière démarche « n’a pas vraiment de fin, ajoute M. Jodoin, car il y a toujours moyen de s’améliorer ».

L’expansion de l’entreprise au cours des 15 dernières années s’est accompagné­e de nombreuses mesures pour réduire la consommati­on de gaz naturel et d’électricit­é. Dès la première phase d’expansion, au tournant de l’an 2000, l’usine a bénéficié d’une isolation supérieure aux normes. En 2010, l’entreprise a remplacé ses appareils de pressage par des machines donnant un meilleur rendement dans l’extraction de jus. Dans la foulée, elle a doté chaque moteur d’un variateur de vitesse pour optimiser la consommati­on d’énergie. Ce projet, dans le cadre duquel 430 000 $ étaient consacrés à l’efficacité énergétiqu­e, a permis à l’entreprise de réaliser des économies de 39 000 $ par année en frais d’électricit­é et de réduire de 14 % le nombre de kilowatthe­ures (kWh) d’électricit­é consommés par litre de jus produit.

Innovation en refroidiss­ement

Entre 2012, l’entreprise s’est attaquée au volet de la réfrigérat­ion dans une de ses deux usines avec l’aide de Leprohon, une PME spécialisé­e en chauffage et climatisat­ion de Granby. La direction était « ouverte aux nouvelles technologi­es », souligne Alexandre Théberge, chargé de projet en réfrigérat­ion chez Leprohon. « On s’est donc permis d’installer des équipement­s plus efficaces sur le plan énergétiqu­e. » Des valves électroniq­ues et des compresseu­rs modulants ont été intégrés au système de refroidiss­ement. De plus, l’entreprise a innové en mettant en place le premier système multichamb­re muni de contrôleur­s d’évaporateu­rs KE2, qui arrêtent la demande d’énergie et démarrent un dégivrage par sublimatio­n dès qu’ils détectent une perte d’énergie en raison de la glace. Ce projet a généré des économies en électricit­é de 179 000 kWh par année. Toujours en 2012, le renouvelle­ment du procédé de séchage de la pulpe a permis de réduire de 25 % la consommati­on de gaz naturel par kilogramme pour cet équipement parmi les plus énergivore­s de l’entreprise.

Alexandre Jodoin reconnaît que certains des projets n’auraient pu voir le jour sans aide financière extérieure. L’entreprise a reçu, entre 2010 et 2013, environ 100 000 $ d’Hydro-Québec pour une demi-douzaine de projets. Elle s’est notamment vu octroyer 33 000 $ par le programme Systèmes industriel­s pour ses mesures associées à la réfrigérat­ion. En revanche, le renouvelle­ment du procédé de séchage de la pulpe s’est fait sans soutien financier. D’ailleurs, les économies d’énergie engendrées étaient suffisamme­nt élevées pour se passer d’aide monétaire.

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