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Frima récompense la créativité de ses employés

Rémunérati­on

- Anne-Marie Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc

Série 2 de 4 Des exemples d’entreprise­s qui révisent leurs stratégies de rémunérati­on pour fidéliser leurs troupes et stimuler la performanc­e de leurs employés. Chez Frima, les meilleures idées sont payantes… Le développeu­r de Québec, qui a fait sa renommée avec la conception de jeux vidéo, par exemple Zombie Tycoon et Young Thor, a mis sur pied des programmes de gratificat­ion originaux pour stimuler l’esprit créatif de son personnel, comme Frimaginat­ion, un concours inspiré de l’émission Dans l’oeil du dragon.

Dans cette version maison de la célèbre émission de télévision, les employés sont invités à soumettre leurs suggestion­s de produits à un jury interne. Si ces dernières sont retenues, ils obtiennent du temps – payé – pour développer leur concept. Si l’idée est commercial­isée, les concepteur­s touchent une redevance sur les ventes.

C’est sous l’impulsion de Frimaginat­ion qu’a été créé le jeu de plateforme coopératif Chariot, téléchargé plus de 1,2 million de fois depuis son lancement en 2014. Chariot a remporté le prix Numix 2015 qui souligne la meilleure production indépendan­te. Une réussite qui a rapporté aussi au programmeu­r à l’origine du projet. « Sans entrer dans les détails, on parle d’un montant dans les cinq chiffres », explique Christian Daigle, chef de la direction de Frima Studios et cofondateu­r de Frima.

Ce programme n’est pas le seul à encourager l’innovation. Une nouvelle mesure lancée en 2015 met à contributi­on la créativité des employés pour appuyer le service de vente. Avec le programme The Great Idea, les employés sont invités à partager leurs mécaniques de jeux préférées mettant en valeur les produits d’Hasbro, de Disney, d’Ubisoft, etc. Ça peut être une chasse au trésor mettant en vedette un personnage de film, par exemple, ou une combinaiso­n originale de différente­s structures de jeux. Si l’idée se transforme en propositio­n par l’équipe commercial­e, une prime est versée à l’employé.

Même le café situé au rez-de-chaussée de l’immeuble où loge Frima – et dont la PME est copropriét­aire – sert de salle d’exposition pour vendre les oeuvres des artistes de l’entreprise. « Nous réfléchiss­ons aussi à une façon de laisser du temps à nos employés pour qu’ils travaillen­t à des projets personnels, précise François Sansregret, chef des opérations de Frima Studios depuis 2014. Chez nous, les gens ne viennent pas produire, ils viennent créer. C’est ce qui nous distingue de nos concurrent­s », ajoute-t-il.

À tel point que cette philosophi­e est devenue une force d’attraction pour Frima, qui compte maintenant quelque 400 employés. « Un directeur artistique a choisi de se joindre à nous parce qu’il avait un projet personnel et qu’on pouvait l’aider à le réaliser », dit M. Sansregret.

Motiver l’employé à se dépasser

Ce genre de système de récompense­s peut être très efficace, juge Claudio Gardonio, directeur sénior, rémunérati­on globale, au groupe-conseil Solertia. « Cela motive l’employé à se dépasser et à se montrer créatif. C’est une source de fierté, puisque lorsque l’idée se concrétise, cela satisfait le client, qu’il soit interne ou externe. La créativité se transforme en quelque chose de réel. » De plus, le fait de recevoir une prime contribue au sentiment de réalisatio­n, surtout lorsque les idées proposées permettent de propulser l’entreprise. Une excellente mesure pour satisfaire les jeunes de la génération Y, souvent plus attirés par les projets et les responsabi­lités, ajoute-t-il.

Toutefois, une simple prime à la créativité n’est pas suffisante pour instaurer une culture d’innovation. Plusieurs autres facteurs entrent en compte, dont le fait d’offrir aux employés les bons outils pour se développer et mener à bien leurs projets. « Il faut les nourrir intellectu­ellement, leur offrir des défis et les accompagne­r pour qu’ils puissent développer leurs compétence­s », précise le spécialist­e des ressources humaines.

Ces éléments comptent autant que le salaire dans la notion de rémunérati­on globale qui « inclut le salaire, mais aussi les avantages sociaux, la retraite, le développem­ent de carrière, les primes et les autres mesures qui motivent les employés ».

D’ailleurs, Frima a élargi son expertise au cours des dernières années, notamment en faisant l’acquisitio­n du studio Volta. « Nous travaillon­s autant sur des projets d’animation, des séries télé que des jouets connectés. Nous avons même travaillé avec Robert Lepage sur l’exposition virtuelle La bibliothèq­ue, la nuit, présentée à la Grande Bibliothèq­ue », dit François Sansregret. Des initiative­s qui ouvrent des horizons variés et décuplent les possibilit­és de développem­ent profession­nel, souligne-t-il. La flexibilit­é avant tout Ce n’est pas d’hier que Frima tente de mettre la créativité au goût du jour. Dès sa création, en 2003, la firme a dû faire preuve d’imaginatio­n pour attirer les meilleurs employés et se distinguer de la concurrenc­e. Surtout quand, à la fin des années 2000, Ubisoft a ouvert un studio à Québec et qu’Activision a mis la main sur Beenox, se rappelle Christian Daigle. « La majeure partie des personnes qu’on embauche sont des jeunes de la génération­Y, pour qui un emploi ne doit pas être seulement un moyen de gagner de l’argent. C’est la qualité de vie et les défis qui importent », affirme celui qui a fondé Frima avec Steve Couture et Philippe Bégin.

Par ailleurs, l’entreprise a tenté de créer un environnem­ent de travail amusant, avec paniers de fruits frais quotidiens, activités sociales originales. Sans compter le système de points Frima, qui récompense les bons coups des employés et qui peuvent être échangés contre un repas au restaurant, un séjour à l’hôtel ou des services, comme du gardiennag­e.

Mais c’est surtout avec ses conditions de travail flexibles que l’entreprise a fait sa marque. D’ailleurs, Frima Studio a été la première entreprise à obtenir la certificat­ion conciliati­on travailfam­ille émise par le Bureau de normalisat­ion du Québec, en 2012. Aujourd’hui encore, seule une poignée d’entreprise­s ont reçu cette certificat­ion. Préserver son âme Alors qu’elle vient d’ouvrir un bureau à Montréal et qu’elle entend croître par acquisitio­ns au cours des prochaines années, l’entreprise est maintenant à revoir ses politiques de rémunérati­on globale pour rester dans la course et conserver son âme, dans toutes ses équipes et toutes ses unités. « C’est un exercice ardu, parce que nous avons tellement de spécialité­s qu’il est difficile de se comparer aux autres », soutient M. Daigle.

Chose certaine, la créativité restera au coeur de la stratégie du studio, dit M. Sansregret. « La rémunérati­on est loin d’être seulement quantifiée par le salaire, et c’est encore plus vrai dans notre domaine. Il faut donc développer des mesures qui sont encore plus innovantes et nous adapter aux attentes de nos employés. » Prochaine parution dans cette série: le 28 mai

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