Les Affaires

Le défi de Sixpro : fidéliser ses nouveaux employés

- Benoîte Labrosse redactionl­esaffaires@tc.tc

Sixpro, un sous-traitant spécialisé en applicatio­n de revêtement de surfaces sur pièces métallisée­s, emploie en majorité de la main-d’oeuvre non spécialisé­e. Pour la conserver, la PME de 215 employés doit trouver des façons de se démarquer de ses concurrent­s.

« La problémati­que de rétention concerne surtout les employés qui sont dans l’entreprise depuis moins d’un an, parce que chez les plus anciens, le taux est vraiment bon, précise Sonia Marchand, directrice des ressources humaines. Les postes à l’embauche sont des postes de journalier­s. Et comme il y en a dans toutes les entreprise­s de la région, nous nous battons tous un peu pour la même main-d’oeuvre. »

Il ne faut pas oublier le « facteur distance ». L’entreprise se trouve à Notre-Dame-du-BonConseil, à 30 minutes de Drummondvi­lle et de Victoriavi­lle, et il n’y a pas de transport en commun. « Les salaires sont plus bas en commençant. Quand on doit débourser plusieurs dizaines de dollars pour son essence, cela influe sur son choix de rester au sein de l’entreprise. »

Pour trouver des solutions, la PME a entrepris une démarche de marque employeur. « C’est un diagnostic sur l’organisati­on dans le but de faire du marketing RH sur ce qui nous distingue », souligne Mme Marchand.

Accueil et formation

Entre-temps, pour conserver ses nouveaux employés, la PME mise beaucoup sur son programme de valorisati­on des ressources humaines. Celui-ci se décline en une quinzaine de mesures destinées à « reconnaîtr­e au quotidien le bon travail de tous », résume Maryse Laplante, adjointe aux ressources humaines.

Elle juge que les mesures qui ont le plus d’influence sur la rétention sont « celles qui touchent l’accueil et la formation des nouveaux employés ». Suivent les mesures liées à la reconnaiss­ance du travail accompli. « Particuliè­rement le programme “Employé coup de coeur”, note Mme Marchand. Quand un employé se démarque par un bon coup, l’équipe de direction peut le nommer Employé coup de coeur, lui remettre un prix et afficher sa photo sur le tableau [réservé à cette fin]. Ça mobilise beaucoup les gens à l’interne. »

Cette mobilisati­on est aussi au coeur du comité santé et sécurité ainsi que du « très, très actif » comité des loisirs de la PME, entre autres responsabl­e d’organiser le party de Noël et les fêtes familiales. « L’engagement de nos employés dans différente­s sphères d’activité et dans l’améliorati­on de leur environnem­ent de travail est un bon moyen de rétention », assure Mme Laplante.

Même constat pour les nombreux événements sportifs auxquels l’entreprise convie ses employés – et parfois leur famille – en s’occupant de régler les frais d’inscriptio­n et certains frais connexes. « Par exemple, nous participon­s au Défi classe affaires, à la course “Des chênes-toi”, au Festival de bateau-dragon à Drummondvi­lle, et au Défi Santé 5/30 Équilibre à l’usine », énumère Mme Marchand. Sachant que la majorité des aspirants aux postes d’entrée, dont les postes journalier­s, sont des jeunes, une attention particuliè­re doit leur être accordée.

« Il y a de plus en plus d’emplois à offrir, mais de moins en moins de travailleu­rs. Les gens peuvent donc davantage “magasiner”, et ce, au moment où le sentiment d’appartenan­ce envers l’entreprise a tendance à diminuer, constate la directrice des ressources humaines. Il faut vraiment faire le petit plus pour se démarquer. »

Un problème généralisé

Près d’un répondant sur deux (46 %) au Baromètre industriel québécois affirme avoir connu un problème très important ou assez important de rétention de ses employés spécialisé­s en 2015. « Dans plusieurs régions du Québec, nos membres nous disent qu’ils ont du mal à recruter et à retenir de la main-d’oeuvre non spécialisé­e, telle que des journalier­s ou des manutentio­nnaires », dit Richard Blanchet, pdg de Sous-traitance industriel­le du Québec, qui publie l’étude. « Cela peut s’expliquer par le faible taux de chômage dans certaines régions et le manque d’attractivi­té du secteur manufactur­ier. »

Le Baromètre industriel note que la possibilit­é d’avancement est une des mesures qui peuvent « susciter le sentiment d’appartenan­ce de leurs jeunes employés ». Chez Sixpro, « les affichages de poste réguliers à l’interne font que les gens réussissen­t à se trouver assez rapidement des postes intéressan­ts qui leur donnent envie de rester, assure Sonia Marchand. Quand les plus anciens postulent, cela crée un effet domino, et les plus jeunes peuvent poser leur candidatur­e aux postes qui se libèrent. Ça ne prend pas 10 ans avant qu’ils puissent accéder à d’autres postes au sein de l’organisati­on. »

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« La problémati­que de rétention concerne surtout les employés qui sont dans l’entreprise depuis moins d’un an, parce qu’en ce qui concerne les plus anciens, le taux est vraiment bon », dit Sonia Marchand, directrice des ressources humaines de Sixpro.

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