Les Affaires

Des investisse­ments qui en valent la peine

- Benoîte Labrosse redactionl­esaffaires@tc.tc

Les gens ont tendance à croire que les investisse­ments des PME manufactur­ières en achat d’équipement entraînent des pertes d’emploi. Faux, répond le Baromètre industriel québécois 2015 de Sous-traitance industriel­le du Québec (STIQ). Ainsi, les PME manufactur­ières qui ont investi plus de 5 % de leur chiffre d’affaires en achat d’équipement l’année dernière sont beaucoup plus nombreuses à avoir augmenté leur effectif que celles qui y ont investi moins de 2 %, indique le Baromètre. « C’est une nouvelle rafraîchis­sante », fait remarquer Richard Blanchet, pdg de STIQ, qui a publié le 6 mai la 7e édition de son étude annuelle.

L’associatio­n d’entreprise­s et de clients qui vise à améliorer la compétitiv­ité des chaînes d’approvisio­nnement manufactur­ières du Québec a choisi « d’élargir son spectre d’entreprise­s vers le haut et vers le bas » et d’interroger 500 PME comptant de 10 à 500 employés. « Nous avons maintenant le luxe de comparer avec les données des années précédente­s, mais aussi entre les tranches d’entreprise­s, selon le nombre d’employés », précise M. Blanchet. Investisse­ments en baisse Les principaux défis des PME manufactur­ières en 2016 se résument en un seul mot : investisse­ments. « Nos résultats nous montrent la faiblesse des investisse­ments en R-D, en technologi­es de l’informatio­n et des communicat­ions [TIC], en formation et en achat d’équipement, note-t-il. Ces résultats ont diminué, et ce n’est pas de bon augure, parce que notre étude démontre que ces investisse­ments sont payants, entre autres par rapport au chiffre d’affaires, à l’exportatio­n, au recrutemen­t, à l’augmentati­on du nombre d’employés, à la diversific­ation des marchés et à la création de partenaria­ts. »

Le Baromètre précise que « les investisse­ments en achat d’équipement et en R-D sont à leur plus bas niveau depuis cinq ans ». Cela ne laisse pas entrevoir une « améliorati­on significat­ive de la productivi­té et de la compétitiv­ité des entreprise­s à court terme ».

« Il faut le répéter : ce n’est pas une dépense, c’est un investisse­ment, dit M. Blanchet. Par contre, les PME doivent relever le défi d’investir dans un climat d’incertitud­e, alors que le dollar canadien est plutôt faible par rapport au dollar américain et à l’euro. » Sans oublier la difficulté pour les entreprise­s d’établir des horizons de commandes à moyen et à long terme. « Si vous ne savez pas ce que vous allez faire dans un ou deux mois, c’est difficile de prendre le risque de dépenser quelques centaines de milliers de dollars pour acheter un équipement », souligne le pdg de STIQ.

Les petites doivent planifier davantage Il semble que les petites entreprise­s soient beaucoup moins portées à faire de la planificat­ion stratégiqu­e que les grandes : si 71 % des PME de 50 à 500 employés en ont réalisé une au cours des trois dernières années, cette proportion chute à 36 % pour les entreprise­s de 10 à 19 employés et à 43 % pour celles de 20 à 49 employés. « C’est malheureux, car nos chiffres montrent que c’est un exercice payant pour les entreprise­s, souligne M. Blanchet. Celles qui se sont dotées d’une planificat­ion stratégiqu­e investisse­nt davantage en formation, en R-D et en TIC. Elles réalisent également plus de ventes aux États-Unis et à l’internatio­nal, et font davantage de partenaria­ts avec d’autres PME, par exemple. »

« Faire une planificat­ion stratégiqu­e, c’est prendre un temps d’arrêt pour connaître nos forces, nos faiblesses et les occasions d’affaires qui s’offrent à nous », dit Michel Labrecque, vice-président aux ressources humaines de CMP Solutions Mécaniques Avancées. « Cela nous permet de savoir où nous voulons aller et les moyens que ça prend pour y arriver. »

Des alliés face au marché mondial

Le Baromètre conclut que « la mise en place de partenaria­ts avec d’autres PME peut s’avérer nécessaire pour enrichir l’expertise, offrir une valeur ajoutée ou accroître la capacité de production », et ainsi décrocher de plus gros ou de nouveaux contrats. Un besoin qui ne fait que s’accentuer, estime Sébastien Farkas, viceprésid­ent des opérations chez Techniprod­ec, une PME montréalai­se spécialisé­e dans la fabricatio­n et l’assemblage de composants complexes dans le secteur aéronautiq­ue.

« De plus en plus, les maîtres d’oeuvre demandent à leurs fournisseu­rs d’être plus intégrés, d’offrir de meilleurs temps de livraison, d’être en mesure de faire du design et de plus en plus d’assemblage­s complexes, énumère-t-il. Donc, si nous ne sommes pas capables de faire tout ça à l’interne et que nous ne concluons pas d’autres partenaria­ts, nous perdrons le contrat. »

M. Farkas, dont la PME de 50 employés compte AMEC Usinage et Outillages Avitec parmi ses partenaire­s, a remarqué que l’âge des dirigeants d’une entreprise a un effet sur la possibilit­é de s’y associer. « J’ai 39 ans, et je dirais que les gens de ma génération sont plus ouverts aux partenaria­ts que les dirigeants plus âgés », dit-il.

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VIA – Napoli
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GROUPE LACASSE – C.I.T.É.
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BERMEX – Salle à manger contempora­ine
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MEUBLES BELISLE – 20992, 20994

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