Les Affaires

Enlever ses lunettes roses

-

En 2008, Marie-Claude Perrault et son conjoint tombent sous le charme d’une propriété en bord de mer au Costa Rica, qu’ils souhaitent acquérir pour leur future retraite. Quatre ans plus tard, ils réussissen­t à résilier le contrat d’achat après avoir englouti 20000$ US dans l’aventure. Sans compter les honoraires d’avocats, le temps perdu en discussion­s et négociatio­ns, ou encore les vols commis pendant leur absence.

« Le coût de la vie est peut-être moins cher, mais ce n’est pas toujours aussi rose qu’on pense d’aller vivre à l’étranger », souligne Mme Perrault, une consultant­e en management. Pourtant, même après avoir fait preuve de diligence et effectué les recherches nécessaire­s, « on n’est jamais à l’abri des mauvaises surprises », constate celle qui parle espagnol. Le couple a aussi fait l’expérience de transactio­ns immobilièr­es, ayant acquis et revendu plusieurs propriétés, en plus d’être propriétai­re d’immeubles locatifs.

La source du litige: la maison convoitée n’avait pas les papiers de concession requis par le gouverneme­nt costaricie­n. « Au prix qu’on devait payer, on pensait avoir les papiers, mais les propriétai­res ne les avaient jamais eus. » Les concession­s sont octroyées tout autour du pays, le long des plages qui demeurent la propriété de l’État. « Notre terrain allant jusqu’au bord de la mer, une grande partie de celui-ci était dans la section concession », explique-t-elle. Sans ces papiers, le coût d’acquisitio­n et de revente de la maison est beaucoup moindre, près du tiers de sa valeur. Les propriétai­res ne peuvent pas non plus faire de rénovation­s.

L’offre étant conditionn­elle à ces papiers de concession, la transactio­n a finalement été annulée grâce à l’interventi­on d’un avocat que la partie adverse a même tenté de soudoyer. Le couple, qui pouvait occuper la maison pendant ces quatre années, a néanmoins perdu son dépôt de 20000$ US. « Comme on y est allé chaque année pendant un mois ou deux, on se console en se disant que ça nous aurait coûté aussi cher d’aller passer des vacances dans le Sud tous les hivers. »

Marie-Claude Perrault conseille d’ailleurs de passer du temps sur place, et même de louer, avant de s’établir dans un pays. « La culture, les lois, c’est souvent bien différent. Il faut s’acclimater », dit-elle. Gérer une propriété à distance, quand on n’y habite pas en permanence, peut aussi amener son lot de problèmes. — P. THÉROUX

Newspapers in French

Newspapers from Canada