Les Affaires

La bonne personne à la bonne place chez AMEC Usinage

- – BENOÎTE LABROSSE

Les entreprise­s qui investisse­nt plus que la moyenne dans la formation de leur personnel performent davantage. Et en règle générale, le rendement de l’investisse­ment dépasse les seuls gains financiers, comme en témoigne l’expérience d’AMEC Usinage.

Le fabricant de pièces de précision de SaintAugus­tin-de-Desmaures, dans la région de Québec, éprouvait un problème technique récurrent avec une pièce destinée à l’un de ses cinq principaux clients. « Nous en étions au point où nous avons failli perdre ce contrat », se souvient Éric Morin, directeur des opérations de la PME d’une cinquantai­ne d’employés, qui oeuvre comme sous-traitant dans les domaines aéronautiq­ue, manufactur­ier, médical, de l’énergie, de l’optique et de la photonique. « J’ai donc mis sur papier les instructio­ns de travail permettant de régler ce problème complexe, j’ai formé tous les intervenan­ts clés, acheté les équipement­s nécessaire­s et fait le suivi lors des production­s subséquent­es. »

Éric Morin estime que cette formation a eu un effet triple. « En plus de conserver un contrat mensuel, nous arrivons à le produire sans faire de rejet – ce qui le rend plus rentable – et nous avons grimpé dans l’estime de notre client en transforma­nt un irritant en une occasion de montrer que nous étions capables de relever des défis », résume-t-il. Sans oublier l’impact positif sur le moral des employés, ajoute la directrice du développem­ent des affaires et du développem­ent organisati­onnel, Geneviève Paré. « Leur opinion sur cette tâche-là était extrêmemen­t négative, et elle ne l’est plus », remarque-t-elle.

Une démarche sur trois ans

La PME figure parmi les 28 % des répondants au Baromètre industriel québécois 2015 qui ont investi plus de 2 % de leur masse salariale en formation en 2015.

« Il y a une nuance à apporter, fait valoir Éric Morin. Une entreprise peut se vanter de consacrer 3 % à son budget de formation, mais si elle a un roulement de personnel hors de contrôle et pas d’actifs organisati­onnels, c’est de l’argent jeté aux poubelles. Si elle met une structure en place pour conserver cette formation en tant qu’actif, ça devient un investisse­ment parce qu’elle construit quelque chose qui va durer. »

C’est pour cette raison qu’AMEC s’est engagée dans une démarche de trois ans destinée à « placer la bonne personne à la bonne place » au sein de l’entreprise. « Dans la dernière année, nous avons refait toutes les descriptio­ns de postes. Nous allons maintenant adapter les compétence­s des gens avec leurs nouveaux rôles et responsabi­lités en misant sur la formation », détaille Mme Paré.

Des stagiaires en génie industriel seront embauchés afin d’appuyer la révision des procédures de travail et la création de documents de formation standardis­és. « Dès septembre, nous serons beaucoup mieux outillés pour établir les plans de formation et nous assurer que notre schéma de main-d’oeuvre est optimal en fonction de nos besoins à long terme », dit M. Morin.

L’ensemble de cette démarche influera positiveme­nt sur l’ambiance au sein de l’usine et sur la mobilisati­on des employés. « Ils se sentent importants, autant s’ils ont une formation que s’ils en reçoivent une, et pensent qu’ils peuvent obtenir de l’avancement », note Mme Paré. Cela crée des liens entre les anciens et les nouveaux, et pour les vétérans, ça change un peu le mal de place », ajoute Éric Morin.

À constater tous les bénéfices qu’apporte la formation à une PME manufactur­ière comme AMEC Usinage, une question reste en suspens : pourquoi 17 % des entreprise­s interrogée­s lors de l’enquête du Baromètre industriel québécois ont-elles investi en formation moins que le minimum prescrit par la loi, ou n’ont pas investi du tout, en 2015 ? « Les secteurs aéronautiq­ue et manufactur­ier ainsi que les ateliers d’usinage ont quand même eu beaucoup de difficulté dans la dernière année », fait valoir Geneviève Paré.

« La formation, c’est du long terme : si on est en train d’essayer de se maintenir à la surface, on ne pense pas à avoir une bonne technique de crawl », illustre Éric Morin.

« Une entreprise peut consacrer 3 % à son budget de formation, mais si elle n’a pas d’actifs organisati­onnels, c’est de l’argent jeté aux poubelles. » – Éric Morin, directeur des opérations, AMEC Usinage

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