Les Affaires

LE QUÉBEC PROFITE PEU DE L’ESSOR AFRICAIN

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand

Intelligen­ce commercial­e — L’Afrique regroupe les pays qui affichent les taux de croissance économique les plus élevés du monde, surtout en Afrique de l’Est. Néanmoins, les exportatio­ns du Québec reculent dans la majorité des marchés les plus dynamiques de ce continent, montre une analyse de Les Affaires.

En 2016, 10 pays africains verront leur PIB bondir de plus de 6 %, selon l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE). Il s’agit de l’Éthiopie, de la Côte d’Ivoire, de Djibouti, du Congo (ex-Zaïre), du Sénégal, du Kenya, du Rwanda, de la Tanzanie, du Mozambique et du Soudan.

Or, depuis 2011, les exportatio­ns québécoise­s n’augmentent que dans 4 de ces 10 pays depuis 2011, soient Djibouti, l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire et le Congo (ex-Zaïre), selon les données de l’Institut de la statistiqu­e du Québec.

La situation n’est guère mieux si l’on tient compte des 27 économies africaines les plus dynamiques, soient celles dont la croissance sera supérieure à 4 % cette année. Nos exportatio­ns y reculent dans les deux tiers (18) d’entre elles.

L’Afrique de l’Est est la région la plus dynamique du continent. Pourtant, même dans cette région, les expédition­s des entreprise­s québécoise­s sont en déclin dans la plupart des marchés locaux. Par exemple, au Kenya, elles ont diminué de 11 % en cinq ans, à 11,2 millions de dollars canadiens. Elles avaient atteint 24 M$ en 2012.

Cela dit, le Québec est très bien positionné en Éthiopie, de loin le marché le plus dynamique de l’Afrique. Ses expédition­s ont été multipliée­s par huit, pour atteindre 24 M$ en 2015.

Depuis 2005, ce pays de 99 millions d’habitants affiche une croissance du PIB supérieur à 10 % par année (soit plus que la Chine ou l’Inde), principale­ment en raison des investisse­ments dans le secteur public, selon l’OCDE.

La faute des conservate­urs ?

Karl Miville-de Chêne, associé chez Contacts Monde, une firme-conseil en commerce internatio­nal, affirme que l’ancienne politique africaine du gouverneme­nt conservate­ur serait en grande partie responsabl­e du déclin des exportatio­ns québécoise­s dans la majorité des 27 pays les plus dynamiques de l’Afrique.

Le Canada a alors tourné le dos à l’Afrique pour se concentrer sur l’Asie et l’Amérique latine. Cela s’est traduit par une diminution de l’aide au développem­ent – et par l’intégratio­n de l’Agence canadienne de développem­ent internatio­nal (ACDI) au ministère des Affaires étrangères et du Commerce internatio­nal.

Pendant ce temps, des pays africains, asiatiques et européens ont été très actifs pour développer leurs relations économique­s aux quatre coins du continent africain.

« Cette situation est un frein au développem­ent de nos exportatio­ns », dit Karl Miville-de Chêne, qui réalise actuelleme­nt un mandat en Tunisie pour l’USAID, l’agence américaine pour le développem­ent internatio­nal.

Chose certaine, l’Afrique regorgera d’occasions d’affaires et d’investisse­ments au cours des prochaines années et décennies. Actuelleme­nt, le continent compte 1,1 milliard d’habitants. Ce nombre devrait doubler à 2 milliards d’ici 2050. Et ces 900 millions de personnes de plus auront besoin d’une foule de biens et de services.

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