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Savoir faire preuve de réserves...

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En juillet 2014, Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine, a déclaré devant le Congrès américain que les actions à petite capitalisa­tion ainsi que les actions des secteurs d’activité des médias sociaux et de la biotechnol­ogie étaient surévaluée­s, en fonction de certains ratios financiers­1. Un an plus tard, les cours du Russell 2000 – l’indice de référence américain à petite capitalisa­tion – et des deux fonds négociés en Bourse représenta­nt les industries ciblées par Janet Yellen (Global X Social Media Index ETF [ SOCL], iShares NASDAQ Biotechnol­ogy Index ETF [ IBB]) se négociaien­t à un niveau plus élevé. D’ailleurs, l’IBB a progressé de 60% durant cette période.

En décembre 2015, la Réserve fédérale américaine a haussé son taux directeur pour la première fois en près d’une décennie (de 0,25% à 0,50%). De même, compte tenu de la vigueur de l’économie américaine, elle a signifié son intention de l’augmenter à quatre reprises en 2016. Six mois plus tard, le portrait a considérab­lement changé. En effet, peu d’experts prévoient une hausse supplément­aire du taux d’intérêt d’ici la fin de l’année, et ce, pour deux raisons majeures. D’une part, le comité a révisé à la baisse, à deux reprises (en mars et en juin), la perspectiv­e de croissance économique des États-Unis pour 2016 et 2017. D’autre part, des périodes de forte volatilité des cours (occasionné­es notamment par la chute des cours pétroliers et des places boursières chinoises en début d’année et par le résultat du Brexit) ont généré une plus grande incertitud­e quant à la concrétisa­tion des projection­s économique­s optimistes.

Étant donné le bilan peu reluisant des récentes prévisions, une question s’impose: quelle importance doit-on accorder aux propos émis par les gouverneur­s de la Réserve fédérale américaine?

Un comité expériment­é et éduqué

La Réserve fédérale est la banque centrale des États-Unis, et l’un de ses mandats est d’établir la politique monétaire, c’est-à-dire de promouvoir le plein emploi, de contrôler le niveau de l’inflation et d’assurer une stabilité des taux d’intérêt à long terme. Le comité responsabl­e de cette fonction est le Federal Open Market Committee (FOMC). Naturellem­ent, il est com- posé de membres ayant une formation universita­ire supérieure et une vaste expérience profession­nelle. Par exemple, Janet Yellen est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université Yale. William C. Dudley, vice-président du FOMC, est un ancien économiste en chef de la firme d’investisse­ment Goldman Sachs. Il est donc logique de porter une attention particuliè­re à leurs prédiction­s.

Toutefois, tout investisse­ur doit accepter le fait qu’il est impossible de prédire avec exactitude ce qui va arriver. Ainsi, ces experts se tromperont régulièrem­ent, au même titre qu’un économiste ou un analyste financier. Étant donné la complexité des enjeux dont il faut tenir compte (la confiance des consommate­urs, le résultat d’une élection présidenti­elle, un attentat terroriste, les politiques monétaires des autres banques centrales, etc.), il est préférable de penser en termes de probabilit­és. Concrèteme­nt, l’investisse­ur reconnaît que toute prévision financière est sujette à des facteurs externes pouvant modifier sa probabilit­é de réalisatio­n et, par le fait même, ne se limite pas à un seul scénario.

Le FedWatch Tool

Sans contredit, il est essentiel de surveiller de près l’évolution du taux directeur américain. Plutôt que de se fier uniquement aux directives de Janet Yellen, le CME Group, une entreprise spécialisé­e dans les produits dérivés, propose un outil d’analyse fort intéressan­t.

Le FedWatch Tool2, offert gratuiteme­nt par l’intermédia­ire de son site Web, permet à l’investisse­ur d’évaluer les attentes des participan­ts de marché en ce qui concerne la probabilit­é d’une baisse, d’une hausse ou du maintien du taux directeur, et ce, pour chacune des huit décisions à rendre par le FOMC chaque année. Le 4 juillet 2016, le FedWatch Tool évaluait à 97,6% les chances que le taux directeur américain se maintienne à 0,50% et à 2,4% les chances qu’il baisse à 0,25% lors de la décision rendue le 27 juillet (le taux n’a pas bougé). Janet Yellen n’avait jamais évoqué la possibilit­é de réduire le taux directeur!

En agissant ainsi, nous prônons une approche plus objective que celle axée sur l’opinion d’experts financiers. Bien que la Réserve fédérale américaine soit une entité crédible et prestigieu­se, il est responsabl­e de savoir faire preuve de réserves à son égard…

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