Les Affaires

Canam est fortement punie pour les ratés d’un stade

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom

Les dépassemen­ts de coûts dans le domaine de la constructi­on sont légion, et une fois le choc passé, les investisse­urs devraient se projeter vers l’avenir pour réévaluer les perspectiv­es de Groupe Canam (Tor., CAM, 9,23$).

C’est du moins le point de vue de quatre analystes consultés au lendemain de l’annonce d’une charge de 50 millions de dollars avant impôts, d’un déficit d’exploitati­on de 35 M$ et d’une perte de 0,61$ par action au deuxième trimestre.

Des coûts inattendus lors de la constructi­on du stade de football des Falcons d’Atlanta, une équipe de la Ligue nationale de football, serait en cause. Canam ne veut pas divulguer l’identité du client afin de ne pas nuire aux négociatio­ns en cours.

Il faut dire que l’action de Canam a déjà perdu le tiers de sa valeur depuis le début de l’année, si bien que son multiple d’évaluation est tombé à un plancher de cinq ans, à 5,8 fois le bénéfice d’exploitati­on prévu en 2017, note Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale.

« Bien que Canam doive de nouveau faire ses preuves, son profil de risque-rendement est attrayant pour les amateurs d’aubaines. Son multiple est inférieur à sa moyenne des sept dernières années et se compare à l’évaluation plancher de 4,3 fois atteinte lors de la crise de 2009, au moment où sa situation financière était précaire », explique l’analyste.

Une rare évaluation

Chez Raymond James, Frédéric Bastien conseille à ses clients d’acheter activement le titre de Canam parce qu’il s’échange sous sa valeur comptable tangible, ce qui ne s’est produit qu’à deux reprises depuis 10 ans.

« Cette fois, les délais du projet et les problèmes de design étaient hors du contrôle de Canam. De plus, ils surviennen­t au moment où le marché américain de la constructi­on est en bonne santé. », fait valoir l’analyste.

Autre circonstan­ce atténuante: la division problémati­que de charpente métallique lourde ne représente que 12,4% du carnet de commandes record de 1,2 milliard de dollars, par rapport à 22% il y a un an.

De plus, Canam risque fort de racheter activement ses actions au cours actuel, puisque ses derniers rachats ont été réalisés à un cours moyen de 12,45$.

Cela dit, les effets collatérau­x des dépassemen­ts de coût continuero­nt à se faire sentir pendant le reste de l’année sur les marges, prévient Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentien­ne. Canam a dû rediriger des ressources au contrôle et à la résolution du contrat problémati­que, après avoir découvert les dépassemen­ts en juin. Ses prévisions de marges d’exploitati­on passent de 3,9 à 2,1% pour le deuxième semestre.

Lors de l’appel conférence du 4 août, le pdg Marc Dutil a reconnu que la croissance rapide de la division de charpente métallique lourde a causé des manquement­s à la gestion. De nouveaux employés n’ont pas su réagir assez rapidement aux problèmes.

M. Dutil est suffisamme­nt déçu de la rentabilit­é pour remettre en cause la division qui réalise ses projets les plus prestigieu­x. À court terme, un plan d’action vise à la restructur­er. Une réflexion parallèle déterminer­a son avenir à l’intérieur de Canam.

« Étant donné les risques élevés et les faibles marges, Canam pourrait recentrer la division sur la fabricatio­n et abandonner la constructi­on des grands projets », croit Sarah O’Brien, de RBC Marchés des Capitaux.

Les stades ne sont pas les seuls en cause. Sa division américaine de ponts est aussi déficitair­e depuis un an, ajoute Mme O’Brien. Elle s’attend donc à ce que Canam réexamine aussi cette division.

L’analyste de RBC table toujours sur une

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