Les Affaires

Des femmes pour sauver la planète... techno

- Alain McKenna alain.mckenna@tc.tc mcken C @@ Le succès des pionnières

Xerox Palo Alto Research Center (PARC), en Californie, est un lieu culte du monde informatiq­ue un peu tombé dans l’oubli. Mais cette situation pourrait changer. Sa nouvelle dirigeante, Sophie Vandebroek, souhaite s’attaquer aux plus grands enjeux planétaire­s du moment. Et elle compte sur l’appui des femmes pour y arriver.

« Il serait temps que les femmes prennent leur place dans les nouvelles technologi­es, lance-t-elle d’entrée de jeu. Ça prendra leur passion et leur énergie si on compte se sortir des défis planétaire­s que représente­nt la pollution, la maladie et les ressources énergétiqu­es. »

Ingénieure électrique d’origine belge, Mme Vandebroek est la première femme à occuper le poste de directrice de la technologi­e ( chief technology officer) chez Xerox. Elle est aussi la principale dirigeante de PARC, la société qui chapeaute désormais le centre de recherche éponyme de Palo Alto et ses satellites, dont un labo de R-D à Mississaug­a, en Ontario. PARC répond toujours à Xerox, mais aussi à des clients externes, des sociétés privées ou des gouverneme­nts.

« Nous sommes le plus important centre de recherche fondamenta­le sur l’énergie en Amérique, dit-elle. Nous étudions aussi les objets connectés, les technologi­es médicales et l’intelligen­ce artificiel­le. À mon avis, ce sont tous des domaines de recherche où les jeunes femmes, les millennial­s, laisseront leur marque. »

Au Québec en 2005, les femmes comptaient pour 17% des inscriptio­ns dans les programmes d’études à vocation technologi­que. Dix ans plus tard, ce taux est passé à 20%. Aussi bien dire que rien n’a changé. Pourtant, des femmes ayant du succès en techno, ça existe. Et leur réussite est manifeste. En 2008, 8DTechnolo­gies a créé la technologi­e derrière les bornes de stationnem­ent public de Montréal. Puis, ce système a été repris par le service Bixi. 8D Technologi­es est aujourd’hui un des leaders mondiaux des systèmes transactio­nnels dans le domaine du transport urbain, en Amérique du Nord, en Europe, jusqu’en Australie.

Isabelle Bettez, qui a fondé l’entreprise, a dû d’abord se défaire de l’idée que se lancer en affaires, c’était un truc d’hommes. « Dans ma tête, un entreprene­ur, c’était avant tout un homme qui n’a peur de rien », disait-elle lors de la table ronde d’ouverture de la conférence Startup Weekend Femmes Montréal, qui a eu lieu en juillet.

L’événement visait à inciter les femmes à faire une présentati­on éclair, en une minute, d’une entreprise technologi­que qu’elles souhaitera­ient fonder. Une heure après l’interventi­on Mme Bettez, 36 présentati­ons étaient faites, tournant autour du réseautage, de la santé, du magasinage.

Flairant la bonne affaire, des anges investisse­urs étaient présents dans la salle. Ce n’est pas un hasard: des chiffres publiés plus tôt cet été par la plateforme de sociofinan­cement Kickstarte­r indiquent que les projets présentés par des femmes y connaissen­t plus de succès que ceux des hommes: 65% par rapport à 30%.

Alors, si l’idée est bonne, si les investisse­urs sont intéressés et si les clients sont au rendez-vous, que manquet-il pour que les femmes prennent leur place dans les technos? Un peu d’audace, dit Sophie Vandebroek. « Les jeunes qui veulent se lancer aujourd’hui doivent retenir une chose: il n’y a pas de mal à être la première à accomplir quelque chose d’inédit. Ça peut se révéler difficile, mais c’est le seul moyen de changer les choses. »

Et de sauver la planète.

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